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Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE - Au Théâtre de l’Atalante à Paris « Le Fou d’Omar?», mis en scène par Nabil el-Azan

Après le Soir de la Générale, une pièce de Claire Béchet qui traitait déjà de folie, celle d’une femme isolée, Nabil el-Azan s’est attelé à la mise en scène du Fou d’Omar, qu’il a lui-même adapté (avec la collaboration de Michèle Antiphon), à partir d’un roman de Abla Farhoud, Libanaise émigrée au Canada, née en 1951. La différence est de taille. La densité, la profondeur, les échos du magnifique texte de Farhoud, serti d’extraits littéraires (Shakespeare, Hafiz, Dante…), nous exhortent à nous projeter à la fois dans les remous de l’exil des Libanais et dans l’universelle détresse de ceux qui, lorsqu’ils perdent ou renoncent à des «?re-pères?» (Dieu, le père, la patrie, tri-parternité), sont frappés de lucidité?: peut-on agir, vivre, lorsque les voiles tombent?? Le lever de rideau est terrifiant?: un homme aux yeux révulsés est couché la tête vers le public, et nous tombons déjà dans le vide. Une bande-son excellente de bout en bout, signée Jean-Christophe Desnoux, «?mondialisante?» (musique pop, radio, discours de Bush, oud oriental), habille la scène de sens familiers. Le public entre dans l’intimité d’un, puis de deux, puis de trois hommes résidant chacun dans un espace différent?: Montréal pour Radwan le fou, la Côte d’Azur pour Rawi, son frère écrivain, et l’espace intérieur, éternel, d’Omar, le père, qui vient de décéder. «?Father is dead?» est la première phrase énoncée par Radwan, fils aîné, génial, schizophrène (exceptionnel Éric Robidoux), portant les stigmates de sa famille, de son pays, des hommes. Radwan «?peut tout se permettre?» dit Rawi. Devant lui, avec lui, on ne peut plus se mentir à soi-même?: nous sommes peu de chose, sous l’habit du quotidien. Radwan a toujours vécu chez ses parents. Sa mère morte, il vit avec son père, qui prépare le café matinal et le réveille, jusqu’au jour où il meurt dans son sommeil. Le fils veut avertir la famille, les amis?; il appelle son frère, puis se ravise… Il n’a pas envie de voir «?leurs têtes de George W. Bush?»… La mise en scène tout en finesse, le texte toujours juste, souvent drôle, et l’interprétation des acteurs font que la pièce ne bascule jamais dans le grotesque, la caricature ou la gratuité.?À la fois grave et moqueur (comme l’Orient), le Fou d’Omar envoûte. Faute d’avoir pu être créée à Beyrouth (pour cause «?d’événements?»), la pièce y sera programmée en automne prochain. Caroline HATEM «?Le Fou d’Omar?», mis en scène par Nabil el-Azan, adapté d’un roman de Abla Farhoud, au Théâtre de l’Atalante à Paris, jusqu’au 30 juin. Avec?une distribution franco-libano-québécoise?: Baptiste Kubich (France), Eric Robidoux (Québec), Gabriel Yammine (Liban). Réservations?: 01 46 06 11 90.
Après le Soir de la Générale, une pièce de Claire Béchet qui traitait déjà de folie, celle d’une femme isolée, Nabil el-Azan s’est attelé à la mise en scène du Fou d’Omar, qu’il a lui-même adapté (avec la collaboration de Michèle Antiphon), à partir d’un roman de Abla Farhoud, Libanaise émigrée au Canada, née en 1951. La différence est de taille. La...