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Actualités - CHRONOLOGIE

L’armée arrête cinq membres du mouvement du chef radical chiite Moqtada Sadr au deuxième jour de son opération à Amara Les pressions politiques risquent de retarder l’accord de sécurité USA-Irak

La conclusion d’un accord de sécurité entre Washington et Bagdad censé fixer les règles de la future présence militaire américaine en Irak pourrait prendre plus de temps qu’escompté en raison de fortes résistances politiques côté irakien contre toute perte de souveraineté. Face à la controverse dans le monde politique irakien, exacerbée par la perspective d’élections à l’automne, le président américain George W. Bush a assuré jeudi au Premier ministre Nouri al-Maliki de « l’engagement des États-Unis à trouver un accord qui respecte pleinement la souveraineté irakienne », selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe. Intensivement négocié derrière des portes closes depuis plusieurs semaines, l’accord avance à coup de compromis, mais des désaccords persistent sur certains points fondamentaux du texte, qui doit établir un cadre juridique pour la présence militaire américaine en Irak après l’expiration fin 2008 d’un mandat de l’ONU. D’après le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, Bagdad et Washington, qui se sont fixé une échéance à fin juillet pour conclure, sont toujours divisés sur l’immunité des soldats américains vis-à-vis de la justice irakienne, pilier traditionnel d’un accord de type SOFA (Status of Forces Agreement). Les parties sont également en désaccord sur le nombre de bases dont disposeront les soldats américains en Irak à long terme – Washington en réclamerait une cinquantaine –, sur la liberté à conduire des opérations ainsi qu’à arrêter et détenir des Irakiens. « Le gouvernement est face à un dilemme : il veut restaurer sa souveraineté au plus vite, mais garder une présence de la coalition jusqu’à ce que les forces irakiennes soient capables d’assumer la sécurité du pays », encore en proie à des combats sanglants et des attentats malgré un recul des violences depuis fin 2007, souligne Nazar Janabi, spécialiste de l’Irak au Washington Institute. « Les Irakiens sont surtout anxieux de réaffirmer leur souveraineté pour des raisons internes et ont besoin de montrer à leur population qu’ils ne s’agenouillent pas devant les États-Unis », a affirmé à l’AFP Michael O’Hanlon, expert en défense du Brookings Institute. M. Maliki est soumis à la pression croissante des courants chiites pour qu’il limite l’emprise américaine. Hier, le mouvement du leader radical chiite Moqtada Sadr a dénoncé l’accord sur la présence américaine en Irak après 2008. « Ce pacte suspect signifierait l’esclavage éternel pour l’Irak. C’est contre la Constitution », a déclaré cheikh Assad al-Nasri, un haut responsable du mouvement sadriste lors du prêche du vendredi dans la ville chiite sainte de Koufa, à 140 km au sud de Bagdad. « Le gouvernement n’a pas le droit de signer un accord rejeté par avance par tous les partis politiques », a-t-il ajouté. « Les partis politiques devraient s’en tenir à leurs positions ou rejeter le pacte », a déclaré de son côté Abdel Mahdi al-Karbalaï, un représentant du grand ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite d’Irak devant les fidèles à Kerbala, 110 km au sud de Bagdad. En outre, selon Steve Simon, du Centre de relations étrangères, ces discussions avec Washington « font ressurgir le spectre d’une domination étrangère à long terme, que les Irakiens ont connue avec les Britanniques » pendant la première moitié du XXe siècle. Soucieux d’aboutir, les États-Unis ont fait des concessions. D’après M. Zebari, ils ont notamment abandonné leur demande d’immunité pour les sous-traitants américains en Irak, une question particulièrement sensible depuis la mort de 17 civils en septembre 2007 dans une fusillade meurtrière perpétrée à Bagdad par des agents du groupe privé Blackwater. De son côté, Bagdad a notamment renoncé à demander que les États-Unis s’engagent à protéger l’Irak de menaces internes et étrangères. Mais les experts restent sceptiques sur les chances d’aboutir à un accord d’ici à fin juillet. Dans ce cas, les options sont limitées, mais existent : étendre le mandat de l’ONU, ou encore conclure un accord temporaire, estime M. O’Hanlon. Sur le terrain, l’armée irakienne a arrêté cinq membres du mouvement du chef radical chiite Moqtada Sadr au deuxième jour de son opération à Amara, dans la province riche en pétrole de Missane, dans le sud du pays. L’armée a également arrêté 20 policiers, dont deux capitaines, pour « collaboration avec des milices », a-t-il ajouté sans préciser s’il s’agissait de l’Armée du mahdi, la puissante milice de Moqtada Sadr.
La conclusion d’un accord de sécurité entre Washington et Bagdad censé fixer les règles de la future présence militaire américaine en Irak pourrait prendre plus de temps qu’escompté en raison de fortes résistances politiques côté irakien contre toute perte de souveraineté.
Face à la controverse dans le monde politique irakien, exacerbée par la perspective...