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Actualités - OPINION

Préserver la protection dans un monde en mouvement Par António GUTERRES, Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés CAMP DE RÉFUGIÉS DE DADAAB, KENYA

Suite à un déclin ces cinq dernières années du nombre global des réfugiés, le nombre de personnes déplacées de force dans le monde est à nouveau en augmentation. Pour la deuxième année consécutive, le nombre de réfugiés et de déplacés internes du fait d’un conflit a atteint 37,4 millions en 2007 – environ 11,4 millions de réfugiés hors de leur patrie et 26 millions déplacés de force dans leur propre pays. Et tout laisse à penser que davantage de personnes encore seront amenées à fuir. Des signaux d’alerte sont déjà évidents sur la frontière entre le Kenya et la Somalie, où presque 200 000 Somaliens ont trouvé refuge dans le camp de réfugiés tentaculaire de Dadaab après avoir fui un conflit civil apparemment interminable dans leur patrie déchirée. Et ils continuent d’arriver – 20 000 depuis janvier. D’autres ont risqué leur vie pour atteindre l’Éthiopie, Djibouti, le Yémen et beaucoup disent qu’ils ne se voient pas d’avenir chez eux. Au cours des trois derniers mois, la violence à Mogadiscio a contraint 50 000 Somaliens supplémentaires à fuir, portant le total de ceux qui ont fui la capitale dévastée depuis févier 2007 à 850 000 personnes. En Somalie, plus d’un million de personnes sont désormais déplacées, souvent hors d’atteinte des institutions chargées d’apporter de l’aide. Malheureusement, la Somalie n’est qu’un des nombreux épicentres du déplacement humain qui, dans le monde contemporain – où les flux de population motivés par un large éventail de facteurs interdépendants –, est une problématique beaucoup plus difficile à cerner qu’en 1951 à l’heure de la création du HCR. Aujourd’hui, bon nombre des obstacles à la mobilité humaine ont été levés et de nouveaux modes de déplacement se sont fait jour, y compris des formes de déplacement forcé échappant à la convention de 1951 sur les réfugiés. Aujourd’hui, le conflit peut être motivé par la politique mais, en y regardant de plus près, il peut aussi être amorcé par la mauvaise gestion économique, une gouvernance malsaine et toute une série d’autres facteurs, y compris la dégradation de l’environnement due aux changements climatiques engendrant la concurrence pour l’eau et les autres ressources. Le ralentissement actuel de l’économie mondiale et les changements structurels des marchés mondiaux ont de lourdes conséquences sur le prix des produits alimentaires et pétroliers. L’impact est immédiat et tragique sur les pauvres, y compris les réfugiés et les déplacés. Une augmentation dramatique des prix génère l’instabilité et le conflit dans de nombreuses régions et fait courir un risque de nouveaux déplacements. Le dénuement extrême est lui-même un élément déclencheur du conflit. Il est de plus en plus difficile de savoir qui est un réfugié méritant une protection et qui ne l’est pas. Ces défis exigent de la communauté internationale qu’elle trouve de toute urgence les moyens de s’attaquer aux causes profondes de plus en plus complexes du déplacement de façon coordonnée et globale. La meilleure solution est la prévention. Nous devons mieux comprendre les facteurs du déplacement, y compris la nature des faillites des États, tels que la Somalie, qui ne peuvent ou ne veulent fournir à leurs citoyens une sécurité physique, matérielle ou juridique. Il convient d’élaborer des cadres politiques pour veiller à ce que la communauté internationale déploie l’ensemble des instruments à sa disposition – aide, commerce, politique, diplomatie, sécurité et secours – pour aider ces pays à sortir du chaos et recouvrer la stabilité. Cela permettrait de veiller à ce que les gens n’aient pas à fuir ou du moins à ce que les réfugiés puissent rentrer chez eux pour reconstruire leur vie lorsque les circonstances le permettront. Parallèlement, il reste crucial de garantir l’accès à un processus d’asile efficace et à un traitement juste des demandeurs d’asile et des réfugiés. Mais il devient de plus en plus difficile dans de nombreux pays, y compris ceux dont les efforts pour contrôler les migrations irrégulières ne parviennent pas à établir une distinction adéquate entre les personnes qui choisissent de se déplacer et celles qui sont contraintes de fuir. Trop souvent, les réfugiés en quête de sécurité sont renvoyés aux frontières, enfreignant de façon flagrante la convention de 1951 sur les réfugiés. Si les gouvernements ont le droit d’exercer un contrôle aux frontières, ceci doit tenir compte des préoccupations de protection et des droits des réfugiés. Les réfugiés montrent un courage et une persévérance incroyables pour s’affranchir des énormes difficultés que représente la reconstruction de leur vie. La garantie de leur offrir la protection qu’ils méritent est un bienfait pour nous tous, car les droits des réfugiés sont les droits humains, des droits qui appartiennent à tous.
Suite à un déclin ces cinq dernières années du nombre global des réfugiés, le nombre de personnes déplacées de force dans le monde est à nouveau en augmentation.
Pour la deuxième année consécutive, le nombre de réfugiés et de déplacés internes du fait d’un conflit a atteint 37,4 millions en 2007 – environ 11,4 millions de réfugiés hors de leur patrie et 26...