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Actualités - CHRONOLOGIE

Cimaises Charles Frechon, l’impressionniste oublié, à l’affiche à Rouen

Le Musée des beaux-arts de Rouen consacre une vaste rétrospective au peintre impressionniste Charles Frechon (1856-1929), un disciple fidèle de Claude Monet dont l’œuvre a été complètement oubliée par la critique. Paysages sous la neige, vergers en fleurs, scènes de moissons, sous-bois aux teintes oranges et roses... Frechon se laisse porter par le balancement des saisons et puise son inspiration dans son univers intime, la ville de Rouen et la campagne normande. À la différence des autres impressionnistes, il ne peint jamais la mer, s’intéresse peu à la Seine et ne voyage pas. « C’est un peintre casanier qui se cantonne à un territoire étroit avec des choix de sujets entièrement conditionnés par ses lieux d’habitation », explique Laurent Salomé, directeur du Musée des beaux-arts. Et pourtant, malgré cet horizon singulièrement limité, cet artiste né à Blangy-sur-Bresle, aux confins de la Normandie et de la Picardie, où son père tenait une fabrique de savons, a su tracer une voie personnelle à une époque où tout semblait possible dans le domaine de la peinture. Dès ses débuts, il est plongé dans les controverses qui agitent le milieu des peintres d’avant-garde. Il se lie avec Charles Angrand, le chef de file de l’École de Rouen, lui-même rallié à Georges Seurat, le théoricien du « pointillisme », cette variante « scientifique » de l’impressionnisme. « Je te forcerai à reconnaître la logique, la supériorité de notre nouvelle technique », écrit en 1887 Angrand à Frechon. Ce dernier se laisse convaincre et applique ces préceptes durant ses années de jeunesse. De cette période datent des dessins au fusain comme un Autoportrait ou Femme écrivant, ou des toiles comme Rouen, boulevard sous la neige. Mais Frechon n’est pas complètement à l’aise avec les règles du pointillisme qu’il n’applique souvent que partiellement. Au milieu des années 1890, il abandonne cette voie pour s’inscrire dans celle tracée par Claude Monet qui s’est lentement diffusée parmi l’avant-garde. Avec une quinzaine d’années de décalage avec le maître, il peint sans se lasser des jardins, des meules ou des chemins creux. La peinture est épaisse, le geste en forme de virgule et la palette de couleurs réduite au vert, au bleu et au rose. « Le fantôme de Monet hante ses toiles », dit Laurent Salomé. Frechon semble avoir trouvé la sérénité dans cette peinture qui plaît au public et ne se hasardera plus en terrain inconnu. « Il est de ceux qui ont fait de la révélation impressionniste un grand principe vénérable, une sorte de religion vécue en toute sincérité », soutient Laurent Salomé. C’est peut-être aussi pourquoi la critique le délaisse et le fait sombrer dans l’oubli. Cette exposition, avec 140 œuvres provenant pour l’essentiel de collections privées, est la première opportunité d’aborder ce peintre à la production abondante. (Charles Frechon, Musée des beaux-arts de Rouen, jusqu’au 21 septembre). Dominique AUBIN (AFP)
Le Musée des beaux-arts de Rouen consacre une vaste rétrospective au peintre impressionniste Charles Frechon (1856-1929), un disciple fidèle de Claude Monet dont l’œuvre a été complètement oubliée par la critique.
Paysages sous la neige, vergers en fleurs, scènes de moissons, sous-bois aux teintes oranges et roses... Frechon se laisse porter par le balancement des saisons...