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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - À l’espace de l’immeuble Kettaneh Hubert Fattal veut sortir les mots de ses peintures

L’espace d’exposition – temporaire – de l’immeuble Kettaneh* (rue du Fleuve) accueille, jusqu’au 19 juillet, « Taking the Words out of the Painting », 17 mixed-médias grand format d’Hubert Fattal. Hubert Fattal aime les mots. Leur poésie, leur force d’évocation, leur impact graphique. Cela saute aux yeux… dans ses toiles. Celles-ci sont parsemées de mots en couleurs. Couleurs vives pour paroles sombres. Des mots cris de rage, d’effroi, de douleur, de défi…Cris du cœur, qu’il peint, « les jours où ça va mal », tout simplement. Ces jours-là, Hubert Fattal s’enferme chez lui devant son chevalet et, trempant son pinceau dans l’acrylique – rehaussée de techniques mixtes –, il jette sur « toile blanche » son ressenti, son mal-être, son mal de vivre. Cela donne des toiles « à lire » comme les pages d’un journal intime, les épisodes d’un carnet de bord. Aussi violents et cruels que la vie. Et pourtant, sa palette est vive-acidulée, ses associations de couleurs – traitées en superpositions d’aplats multiples – harmonieuses et ses compositions, à base de charades et de rébus, ludiques. « C’est souvent quand c’est noir et sombre qu’on a envie de lumière », dit l’artiste pour expliquer le côté « lolipop » et « fleuri » de certaines de ses toiles. Des fleurs carnivores Car le fond, le sujet de ces peintures à travers lesquelles il se livre comme dans un « livre ouvert », reste grinçant. Menaçant, comme l’ombre de cette triade, sexe, drogue et rock’n’roll, qui en émane. Même les peintures de fleurs géantes, « inspirées d’un voyage en Inde et des motifs des saris et paréos de là-bas », sous leur éclat apparent, dégagent la vénéneuse beauté, synthétique et carnivore, des Fleurs du mal. Le spleen est là, malgré la volonté du peintre de le déguiser, de l’atténuer, du moins, notamment en chassant les mots, les déclarations vengeresses ou désespérées (d’où le titre de l’exposition) de ses toiles les plus récentes, les « florales ». Et le déchirement « baudelairien », entre désir d’élévation et désirs tout court, y reste perceptible. Enjolivé certes, moins évident que les peintures antérieures. Celles où les représentations graphiques et photographiques de personnages, de symboles et de textes, toujours placées dans des toiles à la division « iconique » (« c’est-à-dire en trois tranches : la partie centrale est celle de la réalité, la partie supérieure celle du monde rêvé et le bas de la toile représente l’enfer », explique l’artiste), illustrent l’éternelle lutte entre haine et recherche de sérénité, violence et apaisement… Cette exposition – organisée par Nayla Kettaneh Kunigk et Sandra Dagher – peut choquer ou déranger, elle n’en demeure pas moins d’une sincérité admirable. Et d’une remarquable cohésion artistique, dominée par la patte graphique de cet artiste, aujourd’hui pluridisciplinaire (il touche à la décoration et au design), mais à la formation initiale d’illustrateur (diplômé de la Parsons School of Design de Paris et en Fine Arts du Goldsmith College, à Londres). Et ce qui est intéressant dans cette exposition d’œuvres qui courent sur près d’une dizaine d’années (de 1998 à 2007), c’est que le visiteur y est confronté à l’évolution de l’artiste aussi bien dans sa quête d’identité que dans son mode d’expression. Car Hubert Fattal aura beau sortir les mots de ses toiles, celles-ci restent d’une grande éloquence… Zéna ZALZAL * Immeuble Kettaneh, rue du Fleuve (près EDL). Horaires d’ouverture : du lundi au samedi, de 14h00 à 20h00. Pour toutes informations : 03/399606 ou 03/605093.
L’espace d’exposition – temporaire – de l’immeuble Kettaneh* (rue du Fleuve) accueille, jusqu’au 19 juillet, « Taking the Words out of the Painting », 17 mixed-médias grand format d’Hubert Fattal.
Hubert Fattal aime les mots. Leur poésie, leur force d’évocation, leur impact graphique. Cela saute aux yeux… dans ses toiles.
Celles-ci sont parsemées de mots en...