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Actualités - CHRONOLOGIE

WEB CULTURE À la recherche du Libanais qui lira Proust

C’est l’histoire invraisemblable d’une proustienne obsessionnelle qui a rêvé un jour de filmer des gens lisant à haute voix quelques pages d’?«?À la recherche du temps perdu?». La réalisatrice française Véronique Aubouy, dont le projet porte le titre énigmatique de «?Baiser de la matrice?», est donc… à la recherche de 3?000 volontaires du monde entier, de tous milieux et toutes générations, pour figurer dans ce film entièrement tourné sur Internet. Avis donc aux Libanais internautes, webophiles et autres fascinés de la toile et de sa puissance, mais proustiens de préférence. Lire Proust en dix minutes aux quatre coins du globe, c’est le nouveau pari que s’est fixé Véronique Aubouy, qui a par ailleurs entamé depuis 15 ans un premier projet autour de son auteur culte. Intitulé Proust lu, il consiste à entrer chez les gens, caméra au poing, les filmer pendant une lecture d’À la recherche du temps perdu. «?Un projet de vie?», dit la réalisatrice française qui, en 15 ans, a filmé plus de 76 heures de lectures, à raison de deux pages par lecteur. Sa motivation?: «?Être avec Proust ! La recherche est un roman qui a changé ma vie, je pourrais le lire sans arrêt, mais préfère le faire lire?», explique-t-elle. Elle profite donc de la toile pour lancer un projet annexe, intitulé cette fois-ci Le Baiser de la matrice. L’expérience consiste donc à montrer 3?000 internautes préalablement inscrits comme volontaires, lisant un passage du roman, face à leur webcam. C’est une matrice qui administrera les coupes et attribuera les textes au hasard, d’où le titre de la performance. «?Faire lire ce livre dans la temporalité du réseau, très vite, est une nouvelle étape. Ce qui m’intéresse, c’est le direct. Mon utopie serait de le faire en dix minutes.?» Le Baiser de la matrice propose aux participants six heures pour se mettre en scène?: «?L’idée, c’est vraiment de faire lire des lambeaux de texte aux quatre coins de la planète. Certains internautes seront en été, d’autres en hiver, ou encore la nuit, le jour?», dit l’artiste qui incite les volontaires à se mettre en scène chez eux, à montrer leur environnement. Au terme de cette expérience, tous les mots de La recherche auront été lus en français, par des personnes de tous horizons, en un film de 170 heures environ. Le Web-tournage se déroulera en direct sur Internet à partir du 27 septembre 2008 à midi GMT. Il est ouvert à tous. Véronique Aubouy invite les intéressés à s’y inscrire dès aujourd’hui pour «?construire la cartographie réseau du Baiser de la matrice?». L’initiative provoque des remous sur la toile. Certains passionnés de Proust n’apprécient pas qu’on touche à leur livre de chevet. Depuis que l’appel a été relayé sur les blogs littéraires, c’est la polémique. «?Ce projet est tout bonnement scandaleux?», s’insurge un internaute qui affirme ne pas avoir besoin d’intermédiaire pour lire À la recherche. D’autres déplorent le fait que de nos jours, tout doit être fait en communauté, «?même la lecture, l’une de ces rares activités existant encore qui ne réclame que l’intelligence humaine et qui permet à chacun dans sa tête d’avoir une chambre à soi?». Les volontaires qui se sont déjà inscrits sur le site de Véronique Aubouy invoquent pour leur part toutes les raisons du monde pour participer.?«?J’aime Proust, j’aime les lectures à haute voix et je compte signaler cette entreprise à mes élèves japonais pour qu’ils puissent entendre différentes manières de parler français?», affirme un internaute. Un autre voudrait «?laisser une image de soi sur le Web?», pour «?être avec les autres par la voix?», parce que, régulièrement, j’ouvre encore et toujours la Recherche pour y lire une page. Au hasard. «?Hasard étrange ou choix inconscient qui fait que je tombe toujours sur le passage qui m’aide à réfléchir, m’apaise ou me remplit de joie.?» Ou encore pour «?participer à la réinvention de la littérature afin que l’œuvre de Marcel Proust ne reste pas un monument poussiéreux sur nos bibliothèques?». Une expérience innovante, culturelle et fédératrice. De quoi stimuler la curiosité. Même des non-proustiens. (www.lebaiserdelamatrice.fr) Maya GHANDOUR HERT
C’est l’histoire invraisemblable d’une proustienne obsessionnelle qui a rêvé un jour de filmer des gens lisant à haute voix quelques pages d’?«?À la recherche du temps perdu?». La réalisatrice française Véronique Aubouy, dont le projet porte le titre énigmatique de «?Baiser de la matrice?», est donc… à la recherche de 3?000 volontaires du monde entier, de tous...