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SPECTACLE - Au palais de l’Unesco Sensuel et flamboyant flamenco fusion avec Isabel Bayon

Avec ses talonnettes noires mitraillant la scène, ses robes de sirène luisante, ses cheveux lustrés sagement relevés au haut de la tête comme pour un combat, ses mains blanches entre vol de colombe et griffes de panthère, ses chevilles frénétiques habitées par le rythme et la cadence, ses hanches cambrées par des désirs indomptables, ses gestes, caresses et morsures, à la fois félins et vipérins, elle brûle littéralement les planches… Présentée par l’institut Cervantès et l’ambassade d’Espagne à Beyrouth, Isabel Bayon, figure charismatique et emblématique du flamenco version contemporaine, a mis les spectateurs au pied des ourlets enflammés de ses robes moulantes, aux draperies tout en courbes sensuelles, frétillantes et virevoltantes… Sur une scène nue et sombre, quatre musiciens (deux guitaristes et deux chanteurs, tous vêtus de noir) pour accompagner le cérémonial d’une flamboyante danse ibérique, échappée aux grandes écoles sévillanes de flamenco, mais ne boudant guère l’enrichissement et la fusion d’une certaine pluriculture ouverte aux expressions et mode de vie du monde moderne. Pour Isabel Bayon, puisant la racine de ses gestes à la vie et aux sentiments, tous les sentiments qui régissent un être vivant et, bien entendu, surtout ceux de la femme, les frontières sont sans nul doute contrainte et arrêt de mort pour la liberté. D’être, de vivre et de s’exprimer… Robe noire avec passementeries légères de fils soyeux s’effilochant et balayant l’air de la flaque de lumière rouge dardée sur sa silhouette ondoyante aux mouvements imprévisibles et guettés par un public hypnotisé dès les premiers pas… C’est ainsi, dans la gravité, le silence, le recueillement et un certain mystère que s’ouvre la danse de cette Salomé du pays de Lorca, qui emprunte aussi bien les traits de Carmen, de Michaela, d’Erindira et de Pastora Imperio… Figures féminines différemment héroïques, qui vivent à travers une grande et audacieuse liberté d’expression corporelle vouée à la liberté et la libération où ni la pudeur ni l’insolence ne sont en demi-teintes… Ici, le flamenco n’est pas seulement cheveux lâchés, martèlement systématique, bruits et fureur d’une « feria » endiablée, mais il s’agit d’un art vivant, qui bouge et évolue à travers une technique corporelle maîtrisée et précise. Jambes brusquement dures comme fût d’arbre, thorax avantageusement posé comme pour une corrida, ventre rentré comme une couleuvre qui se love, prête à lâcher une langue bifide, seins dressés pour la plus dissolvante des étreintes, épaules désarticulées pour une sensualité à fleur de peau comme dans une inextinguible soif d’amour, tels sont les exercices de cette danse incantatoire. Des choses simples et difficiles à la fois, qui font de ce flamenco fusion une expression unique, poussée par le rythme des guitares et du chant. Balancement, tournoiement et équilibre (du geste et des mouvements) pour traduire l’ineffable désarroi et les délices de la vie… Le flamenco est ici sensations, émotions, moments de souffrance et de joie…Quelque chose d’éblouissant, de difficilement contrôlable, comme un irrépressible sentiment amoureux qui exige, sans avis de personne ni permission d’aucune autorité, un péremptoire droit de cité… En robe poisson noire mouchetée ou robe longue rouge sang à traîne et falbalas, avec décolleté vertigineux, Isabel Bayon, entre gestes tranchants ou onctueux, entre claquements de talons ou taille ondulante, entre sophistication de longs gants de soie à la Gilda et doigts tendus comme banderilles à planter entre les yeux d’un taureau aux naseaux fumants, exsude le flamenco… Pour la jeune fille, qui a compris à seize ans que la danse est sa vie et qui, depuis plus de vingt ans, s’exprime sous les feux de la rampe, sa rayonnante et vibrante féminité est ici un hommage à la liberté, pure et sublime magie de scène, irrésistiblement échappée à tous les instants de la vie… Edgar DAVIDIAN
Avec ses talonnettes noires mitraillant la scène, ses robes de sirène luisante, ses cheveux lustrés sagement relevés au haut de la tête comme pour un combat, ses mains blanches entre vol de colombe et griffes de panthère, ses chevilles frénétiques habitées par le rythme et la cadence, ses hanches cambrées par des désirs indomptables, ses gestes, caresses et morsures, à la...