Rechercher
Rechercher

Actualités

Paul Salem, directeur de la fondation Carnegie pour le Moyen-Orient, analyse les positions des deux prétendants sur les questions régionales s’il est élu, Obama bénéficiera d’un crédit de départ au Moyen-Orient

Si le monde entier aura les yeux braqués sur les États-Unis, le 4 novembre prochain, jour de la présidentielle américaine, le Moyen-Orient suivra assurément de près le scrutin. Alors que le double mandat de George Bush aura eu un impact fort et déstabilisateur sur le Moyen-Orient, cette région attend de voir ce que le prochain président lui prépare. À l’heure actuelle, les deux prétendants à la Maison-Blanche se retrouvent sur certains points, comme le soutien américain à Israël, mais s’opposent, entre autres, sur l’Iran. Barack Obama, tout en se disant déterminé à «?éliminer la menace iranienne?», prône «?une diplomatie dure, et avec des principes, avec les dirigeants iraniens?», alors que John McCain est opposé au dialogue avec Téhéran. En ce qui concerne l’Irak, le démocrate prône un désengagement rapide des troupes américaines, alors que le républicain assure qu’avec lui, les GI resteront en Irak aussi longtemps qu’il le faudra. Paul Salem, directeur de la fondation Carnegie pour le Moyen-Orient, analyse les profils des deux prétendants, à l’aune des dossiers régionaux. En temps de campagne, difficile d’évaluer avec précision quelle sera la politique étrangère des deux candidats, tant certaines déclarations préscrutin peuvent avoir des visées purement électoralistes. Pour analyser les perspectives qu’offrent Barack Obama et John McCain pour la région, il est préférable, aujourd’hui, «?de se concentrer sur les personnalités des deux candidats, car les équipes chargées des dossiers internationaux ne sont même pas formées?», souligne Paul Salem. «?Sa personnalité et ses prises de position, jusqu’à présent, nous autorisent à penser que John McCain s’inscrira, dans une certaine mesure, dans la continuité de George W. Bush sur quelques points évidents?», estime l’analyste. Le sénateur de l’Arizona a en effet affiché des positions dures dans la «?lutte contre la terreur?», contre l’Iran ou encore contre la Syrie. Il prône également le maintien des troupes américaines en Irak aussi longtemps qu’il le faudra. «?McCain a un problème car une grande partie des républicains ne lui fait pas confiance. Dans le cadre de la campagne, il adopte ainsi des positions très dures pour compenser ses faiblesses par rapport au Parti républicain sur des questions de politique interne?», rappelle M. Salem. «?McCain n’est toutefois pas un idéologue, c’est un dur, c’est tout. Par ailleurs, contrairement à George W. Bush, John McCain est sûr de lui, il prendra probablement ses propres décisions. C’est un dur, mais il est également pragmatique et pratique?», nuance M. Salem. «?S’il voit une ouverture, il ne sera pas nécessairement aussi fermé que Bush ou (le vice-président) Dick Cheney?», ajoute-t-il. En termes de personnalité et de style, Barack Obama se tient, selon M. Salem, à l’autre bout du spectre. «?Obama est ouvert, il n’a pas d’hostilité culturelle ou idéologique. Il ne fait pas campagne sur la peur ou sur la haine?», souligne l’analyste. Lors de son discours devant l’Aipac, une organisation de défense des intérêts israéliens aux États-Unis, le sénateur de l’Illinois a toutefois apporté un soutien particulièrement fort à Israël, déclarant dans un premier temps appuyer l’idée de Jérusalem, capitale indivisible de l’État hébreu. Le lendemain, il a nuancé ses propos en précisant que le statut final de Jérusalem devrait être négocié entre Palestiniens et Israéliens. «?Devant l’Aipac, on ne peut pas s’attendre à un autre genre de discours, étant donné le poids du lobby juif aux États-Unis, rappelle M. Salem. Par ailleurs, les présidents américains successifs se sont toujours posés en alliés d’Israël. La véritable question est de savoir comment ensuite chaque président gère le dossier israélo-palestinien.?» Tout au long de la campagne, Barack Obama a souvent été attaqué sur sa jeunesse et surtout son manque d’expérience. «?Il est clair que l’expérience est toujours bienvenue. Tout dépendra aussi de l’équipe dont il s’entoure. Elle pourrait compenser son manque d’expérience?», souligne le directeur du centre régional de la fondation Carnegie. Par rapport au Moyen-Orient, Barack Obama devrait néanmoins bénéficier d’un avantage de départ, et ce malgré ses déclarations devant l’Aipac. «?Il y a toujours eu une hostilité, dans la région, à l’encontre de la politique américaine. Mais sous Bush, avec notamment l’invasion de l’Irak, c’est un véritable discours de haine qui s’est développé aussi bien dans la région qu’aux États-Unis. Aujourd’hui, George Bush et Dick Cheney concentrent cette haine sur leur personne. Quand ils partiront, et si Obama est élu, la plupart de cette haine ne sera pas transférée sur Barack Hussein Obama. Avec ses origines africaines, son passage par l’Indonésie et son père musulman, il ne peut être haï directement. Plus tard peut-être, mais pas tout de suite.?» Pour John McCain, les données de départ seront moins propices. «?Barack Obama, s’il est élu, bénéficiera dès le départ d’un certain crédit et donc d’options dans la région.?» Saura-t-il saisir ces opportunités, en cas de victoire à la Maison-Blanche?? Là est la question. Propos recueillis par E.S.
Si le monde entier aura les yeux braqués sur les États-Unis, le 4 novembre prochain, jour de la présidentielle américaine, le Moyen-Orient suivra assurément de près le scrutin. Alors que le double mandat de George Bush aura eu un impact fort et déstabilisateur sur le Moyen-Orient, cette région attend de voir ce que le prochain président lui prépare. À l’heure actuelle, les...