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Actualités - CHRONOLOGIE

Dans la lointaine Colombie, les Libanais avaient importé en 1912 la première voiture Roberto KHATLAB

Tissant une grande toile d’araignée, les Libanais sont partout dans le monde, assoiffés d’espace et de liberté. Ils ont croisé et croisent toujours les mers, arrivant dans des terres aussi lointaines que la Colombie. Ce pays situé en Amérique du Sud, donne sur deux océans, l’Atlantique et le Pacifique, et possède une superficie de 1 141 748 km2 avec 3 000 km de littoral et plusieurs parcs naturels. Sa terre est non seulement fertile pour l’agriculture – et son café renommé mondialement –, mais elle est également riche en minéraux, et particulièrement en émeraude. Cinquième puissance économique latino-américaine, la Colombie possède une population de 44 831 434 habitants, composée de plusieurs ethnies et ouverte à l’immigration en tant que pays de libertés et de démocratie. Sa capitale, Bogota, est une des plus importantes villes d’Amérique du Sud. La Colombie est l’un des foyers de Libanais dans le monde où les premiers arrivants, à partir de 1870, découvrirent un pays appelé la Nouvelle Grenade. Son nom actuel de République de Colombie ne lui a en effet été donné qu’en 1886, bien des années après son indépendance, obtenue en 1819 grâce au mouvement mené en grande partie par Simón Bolívar (1783-1830). Les Libanais, à l’instar d’autres émigrés européens et américains, sont arrivés au nord du pays, à Puerto Colombia, et se sont installés premièrement à Barranquilla, qui à l’époque était la seconde ville la plus importante du pays. De Barranquilla, les Libanais sont partis vers d’autres villes, comme Cartagena, Lorica, Ocaña, Cúcuta, Medellin, Barrancabermeja, Villavicencio, Bogota… La plus grande vague d’émigration atteignit la Colombie entre 1920 et 1930. De nombreuses familles libanaises sont aujourd’hui présentes sur tout le territoire, comme les Abu Said, Chams, Chaer, Elasmar, Eljach, Helo, Jittin, Kayata, Quessep, Mebarak, Turbay… Les colporteurs ont croisé le pays de ville en ville, allant notamment à la recherche de l’or à Chocó et arrivant jusqu’aux régions orientales. Ils firent des échanges et appliquèrent le système de crédits, développant ainsi le marché. Ils ouvrirent alors des magasins de vente en gros, mettant de la publicité dans les journaux de Cartagena et Bogota dès 1900. Ils importèrent aussi la première voiture dans le pays, qui arriva à Bucaramanga en 1912, tirée par des ânes en l’absence de routes. Entre 1930 et 1946, ils participèrent à la grande réforme agricole menée par les libéraux et se lancèrent dans le domaine agricole en construisant des moulins à riz, dans l’industrie du savon et de la bougie, et même dans la sidérurgie. Les émigrés libanais ont su développer le « capital travail », selon l’expression de l’économiste Georges Moanack qui, dans une conférence donnée à Beyrouth en 1943, parla des Colombiens d’origine libanaise : « Si en général ils ne sont pas Libanais sur les registres de l’état civil, ils n’en demeurent pas moins pour nous un motif d’orgueil et d’espoir : il suffit de se pencher sur leur vie chargée de succès. Élevés dans l’amour de la liberté et le culte de la patrie, ils arrivent à se distinguer partout avec éclat. » Aujourd’hui le nombre de Libano-Colombiens, avec leurs descendants, est estimé entre 400 à 500 000 personnes, présents dans tous les domaines des arts – cinéma, littérature, musique – et dans la politique, avec un grand nombre de sénateurs colombiens d’origine libanaise. Julio César Turbay Ayala, né en 1916 en Colombie, fils du Libanais Antonio Turbay et de la Colombienne Rosaura Ayala, fut le président de la Colombie de 1978 à 1982. Membre du Parti libéral, il a fait baisser pendant son mandat l’action de la guérilla et contribué à un nouvel essor économique du pays. Julio César Turbay a été aussi tour à tour ministre du Travail, ministre des Affaires étrangères, président du Sénat, représentant permanent de la Colombie auprès de l’ONU (1967), et ambassadeur de son pays à Londres, à Washington et au Saint-Siège. Il a publié plusieurs livres sur la politique internationale, ainsi que des essais dans lesquels il développe ses idées politiques et des biographies, comme celle de Simón Bolivar, le Libertador. Il est décédé à l’âge de 89 ans en 2005 en Colombie. Autres personnages célèbres : Gabriel Turbay Abunader, médecin et politicien, né a Bucaramanga, dans la province de Santander en 1901, et décédé à Paris en 1947. Fils de Juan Turbay et de Barbara Abunader, ce militant du Parti libéral fut député, sénateur, puis ministre des Affaires étrangères. Dans la littérature, Meira Delmar, née à Barranquilla en 1921, de son vrai nom Olga Chams Eljach, s’est distinguée en tant qu’intellectuelle et de femme sensible à la nature. À travers ses poésies, elle a chanté les paysages de la Colombie et de l’Orient, terre de ses parents. Citons également les poètes Raúl Gómez Jattin, né en 1945 à Cartagena de Indias, et Giovanny Quessep, né à San Onofre (Sucre) en 1939. Dans le domaine de la musique, la chanteuse de renommée internationale Shakira (Shakira Isabel Mebarak Ripio) est née à Barranquilla en 1977, de père libanais né à New York, William Mebarak Chadid, et de mère colombienne, Nidia del Carmen Ripoll Torrado. Son prénom Shakira signifie en arabe « pleine de grâce ». et en hindi « déesse de la lumière ». Shakira, devenue une étoile dans le monde musical, a développé son talent artistique dès son enfance, à travers des chansons et danses orientales, écrivant et produisant ses propres albums en espagnol et en anglais (www.shakira.com). Shakira dédie la plus grande partie de son temps à sa fondation « Pies Descalzos » (Pieds nus), une organisation non gouvernementale qu’elle a créée en 1995, alors qu’elle n’avait que 18 ans, en faveur des enfants colombiens défavorisés, dont ceux des quartiers pauvres de Barranquilla. Son troisième album porte le nom de sa fondation. En 2006, elle a été récompensée par l’ONU pour son travail humanitaire et a partagé son prix avec d’autres personnalités comme Angelina Jolie. Elle avait déclaré alors : « N’oublions pas qu’à la fin de cette journée où nous allons tous à la maison, 960 enfants seront morts en Amérique latine. » Dans la même année, aux Latin Billboard Awards, elle fut honorée par le « Spirit of Hope Award » pour sa fondation et, poursuivant son combat, elle fonda l’ALAS – America Latina Acción Solidaria avec l’aide d’artistes latino-américains dans le but de scolariser les enfants défavorisés. Le président du Sénat colombien, German Vergas, en visite officielle au Liban en février 2004, avait affirmé que « l’émigration des Libanais constitue une grande richesse nationale parce que plus ces Libanais s’éloignent de leur mère patrie, plus elle leur manque et plus ils s’attachent à elle, à sa souveraineté et à sa dignité ». Les Colombiens d’origine libanaise sont ainsi présents au Liban dans plusieurs villes et villages, particulièrement dans la Békaa-Ouest. Le pays a aussi le privilège d’avoir comme ambassadrice la Libano-Colombienne, Mme Georgine Chaër Mallat, avocat et diplomate (voir notre édition du 8 janvier 2008). Elle est l’auteur du roman, L’émeraude était bleue (1995), racontant l’histoire d’un émigré en Colombie et faisant référence à l’émeraude, dont la Colombie est le premier producteur mondial, et au ciel bleu de la Méditerranée. Elle a écrit aussi un second roman, Cristal de Roche (2000). Elle est l’épouse de l’avocat Hyam Mallat, lui-même fils du magistrat Georges Mallat et petit-fils du grand poète et écrivain Chebli Mallat, le « poète des Cèdres ». La Colombie est aussi présente au Liban à travers ses militaires au sein de la Finul, qui font partie du contingent espagnol. Trois d’entre eux, ainsi que trois Espagnols, avaient trouvé la mort il y a un an au Liban-Sud. Le président colombien Álvaro Uribe Vélez, regrettant la mort de ces soldats, avait dénoncé ce grave incident et souligné que le peuple colombien « offrait ses fils à la paix dans le monde ».
Tissant une grande toile d’araignée, les Libanais sont partout dans le monde, assoiffés d’espace et de liberté. Ils ont croisé et croisent toujours les mers, arrivant dans des terres aussi lointaines que la Colombie. Ce pays situé en Amérique du Sud, donne sur deux océans, l’Atlantique et le Pacifique, et possède une superficie de 1 141 748 km2 avec 3 000 km de...