Le pape remercie le président US pour son engagement sur les valeurs morales Retrouvailles chaleureuses et bucoliques entre George W. Bush et Benoît XVI

Le pape Benoît XVI a réservé hier au Vatican un accueil particulièrement chaleureux et totalement inédit au président américain George W. Bush, qu’il a remercié pour son engagement dans la « défense des valeurs morales fondamentales ». M. Bush a eu droit à des égards exceptionnels de la part de Benoît XVI pour leur troisième rencontre en un an. En rupture avec le protocole immuable et compassé du Saint-Siège, le pape a accueilli son hôte et son épouse Laura dans le cadre enchanteur des jardins du Vatican, avant de s’enfermer pour un tête-à-tête avec le président américain dans l’intimité du bureau de la tour San Giovanni, un édifice médiéval au fond du parc. Habituellement les rencontres entre le pape et les chefs d’État se tiennent dans la bibliothèque du palais apostolique. Benoît XVI a voulu ainsi manifester sa « gratitude » à M. Bush « pour l’accueil spécial et chaleureux qu’il a reçu aux États-Unis et à la Maison-Blanche durant son voyage en avril dernier, et pour son engagement dans la défense des valeurs morales fondamentales », a indiqué un communiqué du Vatican. Le pape avait été reçu en grande pompe à la Maison-Blanche par M. Bush et son épouse le 16 avril, jour de son 81e anniversaire. La rencontre s’était conclue par une prière en commun dans le salon Ovale. Selon le Vatican, l’entretien en tête à tête entre les deux hommes a porté sur « les principaux thèmes de politique internationale ». Le communiqué énumère « les relations entre les USA et l’Europe, le Moyen-Orient et l’engagement pour la paix en Terre sainte, la globalisation, la crise alimentaire et le commerce international, l’actualisation des objectifs du millenium ». Ces objectifs adoptés par un sommet de l’ONU en 2000 visent notamment à réduire de moitié d’ici à 2015 la proportion de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour, à diminuer la mortalité infantile et à stopper la propagation du sida/VIH. Le pape a récemment insisté sur la nécessité de combattre la faim et la malnutrition lors du dernier sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire à Rome. Soulignant que le monde « dispose de niveaux de production, de ressources et de connaissances suffisants » pour y mettre un terme, il a invité à la « mondialisation de la solidarité ». L’insistance sur les « valeurs morales fondamentales » dans le communiqué du Vatican souligne l’importance que Benoît XVI attache aux positions défendues par le président américain contre l’avortement et pour la défense de la famille. Pour le pape allemand, l’heure n’est plus à faire des remontrances à M. Bush pour le déclenchement de la guerre en Irak, sévèrement condamnée en son temps par Jean-Paul II, mais dont il faut maintenant gérer au mieux les conséquences. De son côté, M. Bush est « un grand fan du pape et a pour lui un respect total », a confié jeudi la chef du protocole de la Maison-Blanche, Nancy Goodman Brinker. Les deux hommes « ont noué un lien fort et personnel », a commenté hier la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino. La chaleur des relations entre les deux hommes a fait naître les rumeurs d’une possible conversion du chef de l’État américain au catholicisme, comme ce fut le cas de Tony Blair après la fin de son mandat à la tête du gouvernement britannique. Le journaliste Carlo Rossella, ancien directeur du magazine de droite Panorama, a affirmé hier détenir cette information de « source crédible ». Le président Bush appartient au courant fondamentaliste du « renouveau chrétien » (born-again christian) du protestantisme et affiche sa foi en public.