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Actualités - CHRONOLOGIE

Le PS se dit « gêné » par « l’onction » donnée au président syrien, « après le rôle sombre de la Syrie au Liban » ; c’est « une main tendue et pas un quitus », affirme de son côté Rama Yade Assad sera parmi les invités aux cérémonies du 14 Juillet

Le président syrien Bachar el-Assad figure parmi les invités de la France aux cérémonies de la fête nationale du 14 Juillet à Paris, nouveau signe du rapprochement entre les deux pays depuis l’élection d’un président au Liban. Bachar el-Assad est sur la liste des invités, au même titre que la cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement appelés à participer le 13 juillet au sommet de lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM), un projet cher au président Nicolas Sarkozy, a indiqué hier une source de la présidence française. « Bien sûr, tous ces chefs d’État ont été invités à rester pour les cérémonies du 14 Juillet », dont l’invité d’honneur sera cette année le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré cette source. Mais la présence du président syrien à la tribune officielle de ces cérémonies – comprenant notamment un défilé militaire sur l’avenue des Champs-Élysées – aurait une portée symbolique particulière. Cette invitation intervient alors que Paris vient de relancer les contacts avec la Syrie et mène à son égard une politique d’ouverture depuis l’élection en mai du président libanais Michel Sleiman. « C’est une main tendue et pas un quitus », a déclaré à ce propos la ministre Rama Yade. Le ministre syrien de la Culture, Riad Naassane-Agha, était en début de semaine en visite officielle à Paris, la première d’un membre du gouvernement syrien depuis trois ans. En marge de la visite de Nicolas Sarkozy au Liban, samedi dernier, Paris avait annoncé que le conseiller diplomatique du chef de l’État français, Jean-David Lévitte, et le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, se rendraient prochainement à Damas. Nicolas Sarkozy souhaite renouer le dialogue avec la Syrie, mais il a clairement indiqué lors de sa visite à Beyrouth qu’un rapprochement ne se ferait pas au prix d’un fléchissement de la position de la France en faveur de la souveraineté du Liban. Début juin, M. Sarkozy avait indiqué que Bachar el-Assad viendrait « vraisemblablement » à Paris le 13 juillet pour le sommet de lancement de l’UPM. Ce projet, auquel est associé Israël, suscite le scepticisme voire l’opposition de certains dirigeants arabes, notamment du leader libyen Moammar Kadhafi. Un « symbole fâcheux » Des responsables politiques français d’opposition ont critiqué une éventuelle présence du président syrien aux cérémonies de la fête nationale. Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, a jugé que la présence du président syrien le 14 juillet à Paris, si elle était confirmée, serait un « symbole fâcheux ». « Je pense que Nicolas Sarkozy fait un rapprochement avec la Syrie. Il y a des raisons pour le faire dès lors que la Syrie discute avec Israël et participe à un processus diplomatique dans la région. Il n’y a pas besoin d’envoyer néanmoins un symbole, le 14 juillet », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio Europe 1, invoquant le précédent Kadhafi, en novembre dernier. « On a déjà suffisamment souffert lors de la visite du président Kadhafi pour qu’on n’impose pas à tous nos amis et aux Français la présence du président syrien » lors des cérémonies de la fête nationale, a-t-il ajouté. « Quand je me suis rendu à Beyrouth (...) tous les Libanais dans leur majorité nous ont dit : “nous comprenons la présence de Bachar el-Assad le 13 juillet, mais nous ne pourrions pas comprendre que la France envoie le pire des symboles avec la présence de Bachar el-Assad” », a déclaré le dirigeant socialiste. « C’est un symbole fâcheux, c’est les mots mêmes qu’ils ont employés. » Pour sa part, Pierre Moscovici, secrétaire national du PS aux questions internationales, a exprimé hier sa « gêne » à l’annonce de la présence à Paris du président syrien pour le 14 juillet. « Nicolas Sarkozy, décidément, n’a pas le sens des symboles. Il ne reconnaît pas ce que peuvent représenter les images, il mène une politique qui est beaucoup trop réaliste, cynique à l’occasion, qui ne respecte pas suffisamment l’éthique, en plus extrêmement changeante et instable », a déclaré sur RTL l’ex-ministre des Affaires européennes. « Donner à ce pays et à ce président en quelque sorte l’onction, la reconnaissance majeure que représente la présence sur les Champs-Élysées, le jour de la fête nationale, ça me gêne », a poursuivi M. Moscovici. Selon lui, « la Syrie est un grand pays qui joue un rôle majeur dans la région (proche-orientale), très important au Liban et maintenant à nouveau partie prenante d’un équilibre libanais, elle est aussi engagée dans des discussions avec Israël ». « Et en même temps, c’est un pays qui a pu jouer un rôle assez sombre, notamment au Liban. La lumière n’a pas été faite sur les conditions de l’assassinat de Rafic Hariri et on a tout lieu de penser que la Syrie est étroitement impliquée », a fait valoir le responsable PS. Pour M. Moscovici, « tout ça n’est pas sérieux ». « Nicolas Sarkozy n’a pas la fermeté, la tranquillité, la vision d’une bonne politique étrangère qui équilibre les intérêts (...), qui tient compte des partenaires – la Syrie et la Libye en sont – et qui en même temps sait marquer les distances », a-t-il conclu. Lundi, le Parti socialiste avait estimé que si l’invitation du président Assad pour le sommet de l’UPM était une « bonne chose », il serait « peu judicieux » qu’elle « se poursuive » pour les cérémonies du 14 juillet. De renoncement en renoncement La veille, le leader centriste François Bayrou avait appelé à « réfléchir avec beaucoup de soin » avant de l’accueillir. « La question de la Syrie suscite beaucoup de souci au Liban, notamment la perspective de voir le chef de l’État syrien participer avec un rôle de premier plan, à la fois aux réunions du 13 juillet sur l’Union pour la Méditerranée et au défilé du 14 juillet », avait-il averti. Quant au maire de Paris, Bertrand Delanoë, il avait déclaré dimanche : « Je ne crois pas qu’on en soit au point de l’inviter (Assad) pour une visite d’État. Je ne conseille pas de l’inviter le 14 juillet. » Enfin Reporters sans frontières a publié hier un communiqué condamnant l’invitation de Bachar el-Assad. « Nicolas Sarkozy va de renoncement en renoncement. Après avoir accueilli à bras ouverts le président libyen Moammar Kadhafi, il s’apprête à commémorer le 14 Juillet, fête de l’indépendance et de la liberté, aux côtéx du président de l’un des régimes les plus répressifs au monde », écrit l’association. Mercredi, la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice a montré peu d’enthousiasme sur la relance des contacts entre Paris et Damas. Elle a exprimé mercredi l’espoir que la France transmettrait le bon « message » à la Syrie, aussi bien sur le Liban que sur les négociations de paix avec Israël.
Le président syrien Bachar el-Assad figure parmi les invités de la France aux cérémonies de la fête nationale du 14 Juillet à Paris, nouveau signe du rapprochement entre les deux pays depuis l’élection d’un président au Liban.
Bachar el-Assad est sur la liste des invités, au même titre que la cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement appelés à participer le 13...