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Les Finances à l’opposition ? Tel est pris qui croyait prendre Philippe ABI-AKL

Chez Michel Aoun à Rabieh, un émissaire de Fouad Siniora, Mohammad Chatah, signifie au général que s’il veut les Finances, il n’y a pas de problème. Bonne nouvelle pour le CPL et consorts ? Pas tant que cela. Parce qu’elle prive l’opposition de son arme préférée : prétendre que la majorité, trop gloutonne, trop accrochée aux Finances (avec le sous-entendu que cela implique), empêche le pays de se doter d’un gouvernement d’entente et de participation. L’objectif sournois des loyalistes étant, selon ce que soutenaient le 8 Mars et les aounistes, étant de maintenir l’équipe actuellement chargée d’expédier les affaires courantes jusqu’aux législatives. On remet donc le même couvert : comme pour l’adoption soudaine de la candidature Sleiman naguère, les prosyriens se retrouvent piégés, pris de court par la magnanimité du camp adverse. Pour le fond, il se confirme que la majorité cherche à accélérer la solution, même au prix de notables concessions. Son but étant de laisser une confortable marge de temps au régime, avant les législatives, pour qu’il consolide ses assises et entame son essor. Pourquoi cette sollicitude ? Tout simplement, tout bêtement parce que le général Sleiman, répondent les loyalistes, est un véritable, un pur, un grand Libanais. Et qu’il entend, comme son discours d’investiture en atteste, promouvoir l’État de droit souverain. Donc lutter, comme les indépendantistes, contre la gangrène rampante de l’asservissement. Vu, selon eux, sous le double angle du projet du Hezbollah et des tentatives de rétablissement de la tutelle syrienne. Dans cet esprit de soutien, le 14 Mars a sacrifié de sa propre part, en acceptant d’avoir un ministre d’État (un corps mort en termes de pouvoir) de plus que prévu. Pour que le quota du chef de l’État n’en inclue aucun. Et qu’il dispose de deux des quatre portefeuilles de souveraineté, l’Intérieur et la Défense, en sus d’un ministère de services. Siniora la joue donc relax, comme on dit familièrement. Il double en effet sa générosité à l’égard de Aoun d’une posture unificatrice, nationale, inattaquable. En s’affichant comme un ardent défenseur du principe de la rotation. Au nom de la primauté de la compétence. Donc de la mise en pièces de la tradition de chasses gardées communautaires, concernant l’attribution des portefeuilles. Dosage Mais Siniora tient en même temps au respect, vital dans un pays composite, de la règle des équilibres politiques, sinon confessionnels. Sur les quatre portefeuilles de souveraineté, l’Intérieur et la Défense relèvent de Baabda. La majorité et l’opposition doivent donc se partager les Finances et les Affaires étrangères. Si Aoun tient aux Finances, alors il faut que les AE reviennent au 14 Mars. Cependant, le tandem Amal-Hezbollah pinaille. En faisant valoir que trois portefeuilles dans une formule de trente, c’est trop peu, puisque dans l’équipe sortante de vingt-quatre, il en avait cinq. Ce à quoi les sources proches de Siniora répondent : mais vous oubliez Aoun. Vous aviez pris, lors de la formation du présent gouvernement, la part qu’il avait refusée. Si vous voulez plus aujourd’hui, c’est à lui qu’il faut le demander. Du moment qu’il a des prétentions sur cinq morceaux du fromage. Presque la moitié, à lui tout seul, des onze prévus pour la minorité. Entendez-vous donc entre vous. De notre côté, concluent les loyalistes, nous ne pouvons plus rien céder. Sur nos 16 ministres, cinq sont d’État, contre trois à vous. Par ailleurs, dans le cadre de leur bataille pour leur projet final, les prosyriens veulent s’opposer à la reconduction d’Élias Murr à Yarzé. En effet, le Hezbollah semble redouter les développements qui s’annoncent dans la région. Notamment par suite de la reprise potentielle des négociations de paix entre la Syrie et Israël. La paix, le Hezb n’en veut pas, bien que des responsables iraniens s’en déclarent favorables. Donc, estiment les observateurs, les stratégies régionales de Damas et du Hezb, et même du Hezb et de Téhéran, commencent à diverger. Il convient de rajouter la possibilité, qui se précise, de voir Chebaa confiée à l’ONU en vue de sa restitution au Liban. En base de documents topographiques datant de 43 et de 47 qui certifient la libanité des hameaux. Pièces remises récemment au président Sleiman qui s’apprête à les faire transmettre à Ban Ki-moon. Le Hezb ne veut pas vraiment non plus une libération diplomatique de Chebaa qui rendrait plus difficile la justification du maintien de la Résistance armée. Retour à Murr et retour de Murr : le Hezbollah pressent qu’il pourrait en sortir, lors des prochaines nominations, un commandant en chef, un directeur des renseignements et nombre d’autres cadres militaires qui ne lui conviendraient pas.
Chez Michel Aoun à Rabieh, un émissaire de Fouad Siniora, Mohammad Chatah, signifie au général que s’il veut les Finances, il n’y a pas de problème. Bonne nouvelle pour le CPL et consorts ? Pas tant que cela. Parce qu’elle prive l’opposition de son arme préférée : prétendre que la majorité, trop gloutonne, trop accrochée aux Finances (avec le sous-entendu que cela...