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Actualités - OPINION

Éclairage Chaque camp se comporte comme si les législatives ont lieu demain... Scarlett HADDAD

«Le problème, c’est que toutes les parties ne voient dans le prochain gouvernement que la préparation des élections législatives de 2009. » C’est par cette équation qu’une figure politique proche de l’opposition explique les blocages actuels, assurant que les divergences ne portent pas sur le fond, mais sur la façon d’exploiter au mieux le gouvernement à des fins électorales. Selon cette personnalité, toutes les parties se comportent comme si les élections législatives devaient se tenir demain, alors qu’en onze mois, beaucoup de choses peuvent se passer et surtout que les citoyens ont des problèmes pressants qui méritent que l’on s’y penche. La personnalité proche de l’opposition relève le fait que les tractations pour la formation du gouvernement prennent du temps, malgré l’accord de Doha et elle ajoute : « Si avec l’accord c’est aussi compliqué, que se serait-il passé sans Doha ? » La figure proche de l’opposition précise que chacun des deux camps cherche à placer le conflit dans le camp de l’autre. L’opposition, dit-elle, n’a cessé d’affirmer depuis le début des négociations que la majorité a des problèmes, car il y a trop de demandeurs et pas assez de portefeuilles. De son côté, ajoute la source, la majorité a cherché à semer la zizanie d’abord entre le CPL et le mouvement Amal au sujet du portefeuille de la Santé et ensuite, elle a voulu provoquer un conflit entre l’opposition et le président de la République. Car, poursuit la personnalité proche de l’opposition, si l’accord de Doha est clair sur l’attribution du ministère de l’Intérieur à une personnalité choisie par le président de la République et agréée des deux camps, il n’est pas entré dans les détails des autres portefeuilles dits souverainistes, qui sont au nombre de quatre en tout : l’Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères et les Finances ; la Justice n’étant pas tout à fait classée dans cette catégorie. Une coutume instaurée ces dernières années veut que ces portefeuilles soient attribués aux grandes communautés : sunnite, maronite et chiite, le quatrième revenant au président de la République. En sa qualité de chef supérieur des armées, ce dernier hérite en général du ministère de la Défense. Par écrit, les choses paraissent simples, mais en pratique le problème est plus subtil. Faut-il ou non attribuer un portefeuille souverainiste aux chrétiens et plus particulièrement au bloc parlementaire qui a le plus grand nombre de députés chrétiens, autrement dit au groupe du général Aoun ? Ou bien peut-on considérer qu’en accordant deux portefeuilles souverainistes (l’Intérieur tel que prévu par l’accord de Doha et la Défense) au chef de l’État, les chrétiens auront leur part et la coutume sera respectée ? Pour cette figure proche de l’opposition, la manœuvre de la majorité est claire : soit le général Aoun entre en conflit avec le président Michel Sleiman, soit il aura des problèmes avec ses alliés chiites, s’il obtient un portefeuille souverainiste, (comme les Finances) à la place du portefeuille des Affaires étrangères qui va en principe au bloc chiite, et plus particulièrement à une personnalité choisie par le président de la Chambre Nabih Berry. La guerre, seule alternative Mais le chef de l’État, estime cette même personnalité, a très vite désamorcé la bombe en préparation en affirmant qu’il ne veut en aucun cas être partie dans le conflit qui oppose la majorité à l’opposition. Il a pressé les deux camps de s’entendre entre eux et il s’est déclaré prêt à approuver tout projet qui sera le fruit de cette entente. De même, la figure proche de l’opposition précise qu’au sein de cette dernière, il n’y a aucun conflit et le dialogue intensif entre ces différents pôles permet de régler toutes les divergences. Selon cette figure, la manœuvre ne réussira donc pas à diviser l’opposition et il va bien falloir trouver un accord et aboutir à la formation d’un gouvernement. La figure proche de l’opposition estime ainsi que la majorité a fait preuve d’une grande légèreté en cherchant à retarder la naissance du gouvernement pour améliorer sa position face à l’opposition, après la conclusion de l’accord de Doha et en faisant « des calculs d’épicier », alors que la situation sur le terrain ne cesse de se dégrader et que la crise économique est en train d’atteindre des sommets vertigineux. La même source confie que l’opposition a cru, à un certain moment, que la majorité ne voulait pas appliquer les points de l’accord de Doha, se contentant de l’élection du général Michel Sleiman à la présidence de la République. Toujours selon cette personnalité, l’opposition a même pris pour exemple les accords de La Mecque et du Yémen sur un rapprochement entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, qui n’ont jamais été appliqués et elle s’est demandé si l’accord de Doha n’était pas appelé à connaître le même sort. Cette crainte a d’ailleurs poussé le président de la Chambre à appeler l’émir du Qatar et son Premier ministre pour leur demander de venir au secours de l’accord. La figure proche de l’opposition révèle que l’émir a aussitôt effectué des contacts régionaux et internationaux en présentant l’équation suivante : la seule alternative à l’accord de Doha est la guerre au Liban et un affrontement entre sunnites et chiites qui risque de déborder hors des frontières libanaises. Le message a été visiblement reçu et il semble que la formation du gouvernement soit devenue imminente. Le premier à avoir senti le vent souffler, est comme d’habitude Walid Joumblatt qui s’est rendu chez Berry et chez Siniora et qui a affirmé que les divergences sont d’ordre technique. Comprendre : elles ne sont pas insurmontables. Joumblatt a en quelque sorte lancé une nouvelle dynamique dans les contacts, qui a eu un effet boule de neige, dans toutes les directions. Selon des sources de Aïn el-Tiné, cette nouvelle dynamique devrait aboutir à des résultats concrets d’ici à la fin de la semaine. Selon ces mêmes sources, l’opposition attend des propositions concrètes, mais sur le principe, les obstacles ont été aplanis notamment sur le plan des portefeuilles souverainistes : l’Intérieur et la Défense au chef de l’État, les Finances à l’opposition et les Affaires étrangères à la majorité. Il reste encore quelques arrangements sur la distribution des ministres d’État, qui, selon l’opposition, devraient être six et non huit, avec deux pour l’opposition, trois pour la majorité et un au chef de l’État ainsi que sur la distribution des portefeuilles de services. Mais les sources de Aïn el-Tiné répètent qu’aucune formule complète n’a été présentée pour l’instant, ajoutant que cela ne devrait plus tarder...
«Le problème, c’est que toutes les parties ne voient dans le prochain gouvernement que la préparation des élections législatives de 2009. » C’est par cette équation qu’une figure politique proche de l’opposition explique les blocages actuels, assurant que les divergences ne portent pas sur le fond, mais sur la façon d’exploiter au mieux le gouvernement à des fins...