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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Piano à quatre mains au Kulturzentrum (Jounieh)* Enivrantes fragrances romantiques…

Un concert rare dans le paysage libanais, où un récital de piano à quatre mains réunit deux artistes virtuoses allemandes à l’Aula du Kulturzentrum (Jounieh) : Irina Unger et Peggy Voigt. Monde sonore riche pour des partitions à prédominance romantique où les fragrances allemandes ont le vent en poupe. Ont résonné donc, entre brillants solos et performance à quatre mains, des pages de Brahms, Schumann, Chopin et Schubert. Robes longues et satin marron mordoré pour Peggy Voigt, cheveux dénoués et petits décolletés pour ces dames au clavier…Doigts de fées, agiles, lestes et légers, pour des opus requérant dextérité, bravoure, brio et une bonne maîtrise…Talent éblouissant de deux pianistes virtuoses pour traduire et dévoiler toute la féerie d’un monde oscillant entre élans passionnels et vision d’un univers touché par les tourmentes et la lumière du romantisme… Ouverture avec les Valses op 39 de Johannes Brahms pour clavier à quatre mains, du compositeur des sémillantes Danses hongroises, opus qu’on applaudira d’ailleurs, avec délectation, en début de la seconde partie du programme. L’inspiration ici est au tendre et au rose pour des mélodies fluides, soyeuses, presque salonnardes… Ondoyantes, tournoyantes, vertigineuses dans leurs cadences et rythmes à trois temps pour ces valses aériennes, aux arpèges doux comme le clapotis de l’eau ou l’ourlet d’une crinoline qui traîne pour un regard de velours… Heures bleues de Brahms à la voix entre poésie diaphane et éloquence en touches contrastées aux tons virant en toute discrétion au pastel et un sentimentalisme appuyé du siècle de Werther, de Brummel et de Paul et Virginie… Suivent ces Pièces nocturnes op 23 de Robert Schumann avec Irina Unger derrière les touches d’ivoire. Cortège de sonorités éminemment romantiques dans une forêt de notes touffues, sombres, mystérieuses et opalescentes, entre Marche funèbre et Ronde chantée, en passant par une « étrange compagnie » et un Banquet nocturne…Scènes graves et ludiques à la fois, hantées par les images de la mort, de l’errance, du noir de la nuit, mais aussi par un certain rayon de lune tranquillement radieuse et argentée… De Brahms à Schubert… Petit entracte et à nouveau le clavier à quatre mains avec un judicieux choix des « surjouées » Danses hongroises de Johannes Brahms. Étourdissantes mélodies soutenues par un esprit magyar vif, magique, incantatoire. Rythmes bondissant et accords riches entre glissando et caresses furtives des touches d’ivoire soulevées comme un vent tonique, impertinent, rafraîchissant, délicieusement ébouriffant… Pour prendre le relais, deux Ballades (en fa majeur op 38 et en sol mineur op 23) du prince du clavier, Frédéric Chopin. Impressions rêveuses, angoissées, enflammées du pèlerin polonais pour un lyrisme débridé au brio inégalé. Jamais le piano n’a autant dit, suggéré, véhiculé pour un vague (et bleu ) à l’âme… Deux opus intenses, vibrants, d’une grande puissance d’évocation. Toutes les nuances, toutes les finesses invisibles, tout l’aspect impalpable, incandescent et torrentiel de ces œuvres d’une suprême liberté sont restitués avec un talent certain et sûr par l’interprète Peggy Voigt. Une pianiste toute dévotion à la voix de Chopin aux inflexions et modulations toutes en teintes mélancoliques et enfiévrées… Pour conclure, à quatre mains, la longue et brillante narration de la Fantaisie en fa mineur op 103D de Franz Schubert, véritable joyau et morceau d’anthologie du répertoire pianistique. Motif insistant qui revient inlassablement comme une pensée amoureuse obsédante…Entre orage et tempête, entre aquilon et zéphyr, la musique a des emportements sourds de fleuve déchaîné et mugissant. Mais aussi des accalmies sereines et des apaisements insoupçonnés comme de merveilleux moments de rémission et de plénitude… Salve d’applaudissements d’un public plutôt restreint pour un si beau concert. Gerbes de fleurs et révérence des deux artistes qui offrent à l’auditoire un bis maintenant le même niveau de « vibrations », avec de nouvelles pages de Schubert... La magie du compositeur de Marguerite au rouet est toujours là et le bonheur de « voyager » avec cet infatigable chasseur d’harmonies inédites est intact… Edgar DAVIDIAN * Les pianistes donneront des concerts aujourd’hui vendredi, à 19h00, au Centre culturel Safadi, Tripoli, et demain samedi, à 19h00, à Beit el-Sakhra, Bickfaya.
Un concert rare dans le paysage libanais, où un récital de piano à quatre mains réunit deux artistes virtuoses allemandes à l’Aula du Kulturzentrum (Jounieh) : Irina Unger et Peggy Voigt. Monde sonore riche pour des partitions à prédominance romantique où les fragrances allemandes ont le vent en poupe. Ont résonné donc, entre brillants solos et performance à quatre...