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SOCIÉTÉ - Au printemps et à l’été, pas un anniversaire ne se fête sans une « Grillparty » Le barbecue, une passion allemande

Les premiers rayons de soleil qui percent à travers l’épaisse couche de grisaille et c’est l’Allemagne en short qui accourt dans tout ce qu’elle compte de parcs pour s’adonner à son activité favorite : le barbecue. Récit d’une passion allemande. «Les Allemands aiment de plus en plus le barbecue », diagnostique sérieusement Nina Degele, professeur de sociologie à l’Université de Freibourg (sud-ouest). « C’est un phénomène “mode de vie” qui se situe à mi-chemin entre tradition et modernité », ajoute cette chercheuse qui a dirigé une équipe de recherche sur le thème « Barbecue et mode de vie ». L’Allemagne a en effet ses rituels annuels : la Bundesliga le samedi après-midi, le vin chaud sur les marchés de Noël en décembre, les asperges au printemps, et le barbecue l’été venu. Trois millions de barbecues se vendent chaque année dans le pays, de la simple grille qui sera posée sur des braises incandescentes, aux appareils les plus sophistiqués dits barbecues américains, en passant par les appareils électriques – honnis des puristes – ou les barbecues en briques construits dans le jardin. Au printemps et à l’été, pas un anniversaire ne se fête sans une « Grillparty » sur le balcon, dans un parc ou au bord d’un lac. Durant cette période, les retrouvailles entre amis se déplacent des cafés enfumés aux parcs ou au bord de rivières. « Pour mon mariage, j’ai renoncé à prendre un traiteur et c’est un chef spécialiste du barbecue qui va préparer des grillades pour cette occasion », explique Simone Pfeiffer, 34 ans. Sur une large banderole déployée dans un parc d’un quartier bohème de Berlin, une association altermondialiste propose même de faire un insolite « barbecue contre le capitalisme ». Cette passion du grill atteint tous les niveaux de la société. Après une période de froid germano-américaine, la chancelière Angela Merkel et le président américain George W. Bush ont, en juillet 2006, célébré leurs retrouvailles devant des dizaines de caméras et... un sanglier de 30 kg à la broche ! Chaque printemps, la presse multiplie les cahiers spéciaux livrant les secrets de tel ou tel spécialiste pour allumer un feu ou préparer les meilleures saucisses grillées. Le quotidien populaire Bild, le plus lu du pays, a récemment consacré une page aux « meilleurs conseils du champion allemand » du barbecue. À Berlin, la ville autorise ses habitants à faire des barbecues dans le grand parc de Tiergarten, poumon vert en plein centre de la capitale. La forte communauté turque implantée à Berlin aime d’ailleurs y pique-niquer sous les fenêtres du président fédéral, Horst Köhler, qui réside au château de Bellevue. Que le thermomètre dépasse les 25° et ce sont jusqu’à 50 000 personnes qui viennent faire bombance autour des grills et quelque 100 m3 d’ordures et de déchets que les services de voirie doivent ramasser. C’est d’ailleurs parce que les autorités laissent tant d’espace aux adeptes que le barbecue est aussi populaire. Mais attention : quand « homo barbecue » met un steak à griller, il met en scène les penchants archaïques de la société, souligne Mme Degele. « Celui qui allume le feu se positionne très haut dans la hiérarchie sociale », explique la chercheuse. En outre, « le travail de la viande crue est nettement ressenti comme une affaire d’homme ». « Devant un barbecue, c’est l’homme qui est le chef. Il est au centre de ce qui se passe », ajoute-t-elle. Bref : à l’homme la préparation des grillades et à la femme celle des salades et accompagnements. Cette activité de plein air est devenue si populaire que l’Association allemande du barbecue (GBA) organise tous les ans les Championnats d’Allemagne du barbecue. Entre 60 000 et 70 000 spectateurs ont assisté cette année à Monheim, près de Düsseldorf, au sacre des rois du grill dans les catégories saucisse grillée, entrecôte, côtelette de porc, poisson et dessert.
Les premiers rayons de soleil qui percent à travers l’épaisse couche de grisaille et c’est l’Allemagne en short qui accourt dans tout ce qu’elle compte de parcs pour s’adonner à son activité favorite : le barbecue. Récit d’une passion allemande.
«Les Allemands aiment de plus en plus le barbecue », diagnostique sérieusement Nina Degele, professeur de sociologie à...