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Le Louvre décloisonné dans une exposition unique à Québec

Le Louvre s’est transporté à Québec pour une exposition unique où les œuvres du grand musée français sont décloisonnées pour apparaître sous un nouveau jour, les arts de l’islam côtoyant dans une même pièce les classiques européens. « L’émotion est réelle », lance John Porter, directeur du Musée des beaux-arts du Québec qui prépare depuis février 2003 cette collaboration avec le Louvre dans le cadre des fêtes du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec par l’explorateur français Samuel de Champlain. Le Louvre a prêté plus de 270 œuvres pour cette exposition qui s’ouvrait au public jeudi, date du 75e anniversaire du musée québécois. Les œuvres de différentes civilisations et périodes sont rassemblées dans de grandes thématiques : « Aimer et mourir », « Apprendre et œuvrer », « Habiter et embellir », « Célébrer et se divertir ». « Dans cette salle, on a par exemple une stèle grecque qui se trouve face à un sarcophage romain. Au Louvre, l’un est dans la section romaine et l’autre dans la section grecque. Ici, il y a un face-à-face », observe Geneviève Bresc, conservateur au musée français. Le musée québécois a « mis en scène, créé de nouveaux dialogues entre les œuvres qui n’existent pas au Louvre », se félicite son scénographe Denis Allison. Le Louvre a souvent prêté une partie de ses collections à différents musées à travers le monde, mais c’est la première fois que ses huit départements – des antiquités aux arts graphiques – renforcent à ce point leur collaboration dans les prêts, ce qui ouvre la voie à un nouveau regard pour l’esthète et à de futurs projets pour le musée. « Cette exposition est pour nous aussi un laboratoire sur la façon de travailler ensemble. C’est un peu une nouveauté parce que pendant longtemps, les départements du Louvre étaient cloisonnés, assez fermés sur eux-mêmes », explique Henri Loyrette, président-directeur du Louvre. « Nous avons eu un souci de transversalité, c’est-à-dire de mêler des choses qu’au Louvre vous voyez séparément et on s’aperçoit de l’extraordinaire potentiel » de cette approche, souligne-t-il, précisant que l’expérience de Québec allait servir au développement de l’antenne du Louvre à Lens (Pas-de-Calais), qui doit ouvrir fin 2010. Dans le Concert au bas-relief de Valentin de Boulogne, toile peinte vers 1622-25, un bloc de pierre orné de bas-reliefs sert de table pour des musiciens. Tout près de cette huile, le musée québécois a placé un relief de marbre dit des Danseuses de Borghèse datant de 130 après J-C de façon à favoriser les renvois entre les deux œuvres. La salle « Habiter et embellir » s’ouvre sur des appuis-tête de l’Ancienne Égypte, des vases de Suse en Iran datant de 3 300 ans avant J-C pour progressivement tendre vers des objets des périodes ayyoubide, mamelouke puis des céramiques de l’Empire ottoman et clore le tout sur une tapisserie française du Moyen Âge. « La fermeture (temporaire, NDLR) des salles des arts de l’islam au Louvre a permis d’envoyer ici des chefs-d’œuvre qui d’habitude ne voyagent pas », note M. Loyrette. L’une des pièces-phares est sans doute le Vase Barberini du nom d’un ancien pape, mais qui est en fait un objet massif de cuivre frappé du nom de Saladin. « On ne prêtera jamais autant d’éléments soit d’Istanbul, soit de Damas que ce qu’on a prêté ici (...) On ne prêtera jamais les dix pièces exposées (sur l’Iran), on en prêtera une, mais pas dix », assure Mme Bresc. L’exposition est présentée jusqu’au 26 octobre. En 1998, l’exposition sur le sculpteur Rodin avait attiré plus de 550 000 spectateurs en un peu plus de trois mois, forçant le Musée québécois des beaux-arts à ouvrir ses portes la nuit pour suffire à l’affluence. Guillaume LAVALLÉE (AFP)
Le Louvre s’est transporté à Québec pour une exposition unique où les œuvres du grand musée français sont décloisonnées pour apparaître sous un nouveau jour, les arts de l’islam côtoyant dans une même pièce les classiques européens.
« L’émotion est réelle », lance John Porter, directeur du Musée des beaux-arts du Québec qui prépare depuis février 2003...