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Histoire - La ferme servait de cachette à la résistance au régime raciste Liliesleaf Farm, haut-lieu de la lutte antiapartheid, ouvre ses portes au public

Un raid de la police d’apartheid sur la ferme de Liliesleaf, à Johannesburg, en 1963, a failli décapiter la résistance au régime raciste. Mais le procès qui a suivi la rafle a eu l’effet inverse, en fournissant une tribune internationale à Nelson Mandela. Achetée en 1961 par le Parti communiste sud-africain (SACP alors interdit), la ferme servait de cachette et de lieu de réunion aux militants de la lutte antiapartheid. Transformée en musée, elle ouvre lundi ses portes au public. Nelson Mandela y a vécu clandestinement d’octobre 1961 à janvier 1962. Déguisé en garçon de ferme, le futur Nobel de la paix y organise la branche armée du Congrès national africain (ANC), avant de partir lever des fonds à l’étranger. « C’est ici que Mandela et d’autres ont développé le concept de la lutte armée comme un des éléments de notre campagne pour la liberté », raconte à l’AFP Dennis Goldberg, arrêté le 11 juillet 1963 avec l’élite de la résistance au régime raciste. « Je n’ai jamais vécu de moments aussi excitants », se souvient-il. « Je n’arrêtais pas de courir pour planifier la fabrication d’explosifs, de grenades et de mines. Nous nous apprêtions à renverser le gouvernement et c’était très stimulant. » Face à la répression croissante du régime, les chefs de l’ANC s’étaient progressivement ralliés à l’usage de la violence. Les dernières réticences avaient été balayées en 1960, quand la police avait ouvert le feu sur une manifestation, faisant 70 tués. Mais « nous n’étions pas des révolutionnaires professionnels, nous avons fait des erreurs », reconnaît M. Goldberg, aujourd’hui âgé de 75 ans. « Govan Mbeki (le père de l’actuel chef de l’État Thabo Mbeki), Walter Sisulu et d’autres vivaient à Liliesleaf et des gens de l’extérieur, comme moi, venaient pour des réunions, et peut-être que la police a compris de cette manière où nous étions », dit-il. D’autres évoquent l’implication de la CIA américaine ou un tuyau donné aux forces de l’ordre par un agent double. Toujours est-il que, le 11 juillet 1963, des policiers, cachés dans une fourgonnette de blanchisserie, débarquent à la ferme. « Ils savaient exactement où se trouvaient les choses. Ils ont foncé dans la maison principale pour décrocher un tableau sous lequel se trouvait un coffre rempli de documents », raconte Jacqueline Otukile, guide dans le nouveau musée. La police embarque les comploteurs, réunis pour ce qui devait être la dernière fois à Liliesleaf. « Quand j’ai été emmené, j’ai bien regardé le ciel parce que je savais que je n’allais plus le voir pendant de très longues années », se souvient M. Goldberg. Les documents trouvés sur la ferme permettent en effet à l’État de monter un dossier en béton contre les leaders de la résistance et de les juger au cours du procès de Rivonia, du nom du quartier où est situé le bâtiment. Mandela, arrêté un an plus tôt et condamné à cinq ans de prison, avait demandé à ses camarades de détruire ses carnets de notes. Mais, convaincus de leur intérêt historique, Ruth First et Arthur Goldreich les avaient cachés dans la réserve à charbon de la ferme. Dans l’impossibilité de nier les projets de sabotage, Mandela choisit de se servir du procès comme d’une tribune pour dénoncer le régime d’apartheid et prononce son fameux discours sur la démocratie... « Un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. » Les médias du monde entier ayant suivi l’événement, les juges décident de ne pas le condamner à mort pour ne pas le transformer en martyr. Mandela est condamné à la prison à perpétuité, comme la plupart de ses co-accusés. Il ne sera libéré qu’en 1990. Quatre ans plus tard, l’Afrique du Sud organise ses premières élections multiraciales et élit Mandela à la présidence. « Notre liberté vient d’un combat, souligne M. Goldberg. C’est le message de Liliesleaf. »
Un raid de la police d’apartheid sur la ferme de Liliesleaf, à Johannesburg, en 1963, a failli décapiter la résistance au régime raciste. Mais le procès qui a suivi la rafle a eu l’effet inverse, en fournissant une tribune internationale à Nelson Mandela.
Achetée en 1961 par le Parti communiste sud-africain (SACP alors interdit), la ferme servait de cachette et de lieu de...