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Actualités - CHRONOLOGIE

Les critiques fusent après la 1re comparution des accusés du 11-Septembre

La première audience de cinq accusés du 11-Septembre devant un juge à Guantanamo n’a pas fait taire les critiques du système mis en place par l’administration Bush pour juger les criminels de la « guerre contre le terrorisme ». Il s’agissait du premier véritable test pour les tribunaux militaires d’exception créés quelques semaines après les attentats, invalidés en 2006 par la Cour suprême, mais rétablis peu après par le Congrès, et marqués depuis par une série de revers et de contretemps qui repoussent en permanence l’ouverture d’un premier réel procès. « C’était un cirque », « c’était ridicule », « cela ternit l’uniforme »... Les avocats de la défense, même les militaires d’ordinaire plutôt discrets, n’ont pas caché leur colère jeudi soir après l’audience dans la salle d’audience ultramoderne toute neuve de la base navale américaine à Cuba. Les apparences avaient pourtant été respectées. Les cinq hommes semblaient en forme, chacun accompagné d’une rangée d’avocats diligents, et même si leurs échanges avec le juge Ralph Kohlmann ont parfois semblé surréalistes, le ton est resté courtois. Mais un à un, les accusés ont refusé l’aide de leurs avocats et pour certains demandé la peine capitale pour mourir en martyrs. « Ce n’est vraiment pas une surprise qu’après avoir été emprisonnés à l’isolement pendant cinq ans et soumis à des tortures, ces détenus rejettent le système judiciaire et les propositions de leurs défenseurs », a commenté Anthony Romero, directeur de la puissante association de défense des libertés ACLU, venu en observateur. Le responsable des avocats militaires, le colonel Steven David, a dénoncé la précipitation du juge à tenir cette audience sans laisser aux avocats le temps de gagner la confiance de leurs clients, avec lesquels les plus chanceux ont pu passer au maximum une vingtaine d’heures, alors que l’accusation se prépare depuis des années. Même si la question n’a été soulevée qu’en toute fin d’audience, la défense a aussi vivement critiqué le choix du juge de laisser les accusés discuter entre eux avant et pendant les débats, en contradiction avec les efforts affichés pendant des années par le gouvernement pour empêcher ces hommes de communiquer. Si le ton semblait parfois badin, « il était clair que Khaled Cheikh Mohammad a cherché à intimider » certains de ses coaccusés pour les pousser à suivre son exemple, a déclaré le major Jon Jackson, avocat de Mustafa Ahmad al-Hawsawi. Visiblement très en colère, le commandant Suzanne Lachelier, avocate de Ramzi ben al-Shaiba, a déploré « l’absence de désir d’honorer les principes pour lesquels ces gamins sont en train de se battre là-bas en Afghanistan et en Irak », une mise en scène qui « ternit l’uniforme ». Ancien avocat du Français Zacarias Moussaoui, condamné par un tribunal fédéral à la perpétuité pour complicité avec les pirates de l’air du 11 septembre, Edward MacMahon était venu défendre Wallid ben Attash. Comme les cinq accusés jeudi, Zacarias Moussaoui avait lui aussi tenté de rejeter ses avocats et de manipuler la procédure, « mais tout le monde dans la salle d’audience ne pensait pas que c’était une bonne idée », a expliqué Edward MacMahon, déplorant que le juge Kohlmann ait laissé « les accusés faire le spectacle ». Le colonel Lawrence Morris, procureur général des tribunaux, n’était pas de cet avis : « Restez ici, observez chaque minute du procès (... et) vous serez impressionnés et stupéfaits de la robustesse du respect des droits des accusés », a-t-il assuré à la presse. Forte de cette conviction, l’accusation a demandé au juge de fixer l’ouverture du procès pour la mi-septembre, une date tellement en phase avec la campagne électorale que les avocats ont préféré en sourire.
La première audience de cinq accusés du 11-Septembre devant un juge à Guantanamo n’a pas fait taire les critiques du système mis en place par l’administration Bush pour juger les criminels de la « guerre contre le terrorisme ».

Il s’agissait du premier véritable test pour les tribunaux militaires d’exception créés quelques semaines après les attentats, invalidés...