Paul Auster, Margaret Atwood, Ivan Klima évoquent «?leur?» 1968 à Prague

De l’Américain Paul Auster au Pakistanais Tariq Ali, en passant par la Canadienne Margaret Atwood ou le Tchèque Ivan Klima, une quinzaine d’écrivains vont évoquer «?leur?» 1968, à l’occasion du 18e Festival des écrivains qui s’ouvre à Prague. «?Il y a tant de parallèles entre ce qui se passait alors et ce qui se passe aujourd’hui?», a souligné Paul Auster, dans un entretien avec l’AFP, à son arrivée à Prague. «?Je suis resté le même, je pense de la même façon?» et pour l’Irak, «?je ressens aujourd’hui ce que je ressentais autrefois en 1968 pour le Vietnam, je me sens fou, dans le sens de fou de rage, plein de fureur et frustration contre la stupidité de la politique de notre gouvernement?», assure celui qui se prépare à publier un nouveau roman,?Man in the Dark. En 1968, Paul Auster se trouvait à l’Université de Columbia, au cœur d’une grande manifestation étudiante, Ivan Klima était à la tête d’une grande revue littéraire pendant la brève épiphanie du printemps de Prague, Natalia Gorbanevskaia, elle, manifestait à midi place Rouge, à Moscou, le 25 août, contre l’intervention soviétique à Prague, mouvement de révolte qui lui valut d’être internée en asile psychiatrique. Conférences, lectures, débats permettront aux écrivains de partager pendant cinq jours leur expérience passée. «?Au cœur de 1968, il y a les idées, la liberté d’expression, la révolte contre la bureaucratie... ceux qui disent aujourd’hui que ce fut une défaite sont totalement incultes, parce que nul ne peut vaincre les idées, on peut seulement les remplacer?», souligne Michael Marsh, le directeur du festival. Chaque année, le Prague Writers Festival, qui a été créé à Londres avant d’émigrer à Prague en 1991, réunit des écrivains de différents pays, peu connus ou très célèbres, comme Salman Rushdie en 2001, Nadine Gordimer en 2004 ou Michel Houllebecq en 2005. Sa 18e édition est consacrée au thème du «?Rire et de l’oubli?», clin d’œil au grand roman du tchèque Milan Kundera, pour qui 1968 marqua aussi une grande rupture, mais qui se refuse à toute apparition publique depuis des années.