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Actualités - CHRONOLOGIE

À l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Violon et clavier entre trémolos et cadences…

Douceur et violence du violon accompagné d’un clavier entre cadences et longues coulées d’arpèges perlés…Sous l’égide du Conservatoire national supérieur de musique et des Amis de Sourat, voilà la rencontre de deux bons et jeunes musiciens, familiers déjà par leurs prestations aux mélomanes libanais, sous les spots de la scène de l’amphithéâtre Aboukhater (USJ). Pour le violoniste Claude Chalhoub et le pianiste Armen Ketchek, la musique groupait, en un savant dosage et une culture musicale fouillée, le monde sonore de J.-S. Bach, Alfred Garrievitch Schnittke et Guiseppe Tartini. Contre toute attente et malgré la présence d’un compositeur moderne contemporain, la musique a gardé ici des accents éminemment baroques où l’humanisme de la Renaissance avait le vent en poupe… Ouverture avec la Sonate en mi majeur pour violon et piano bwv1016 du cantor. Narration empreinte d’une soyeuse douceur et d’une certaine ferveur surtout pour un archet aux plaintes retenues, tout en souplesse, tout en nuances contrastées. Superbe Adagio, ma non tanto chantant et mesuré à la fois, beaucoup plus proche d’une offrande, d’une prière, d’une supplique que d’une mélodie profane… Si le clavier a pris à son compte toute la partie d’un modeste accompagnement (hélas ici un peu fortissimo avec un couvercle de clavier tout grand ouvert), le violon a assumé, avec quelques réserves à cause de certaines notes peu nettes, la narration tout en pointes et contrepointes, fines et dentelées, du cantor. Découvrir Schnittke et les «?diableries?» de Tartini… Pour prendre le relais, dans cet univers feutré et au sens de l’élévation marqué, comme si on ne s’écartait guère du siècle de Bach, voilà la délicieuse Suite à l’ancienne du Russo-Allemand Alfred Schnittke. Schnittke dont l’œuvre, de plus en plus appréciée et objet d’audience de plus en plus étendue, est marquée par la double influence de Prokofiev et de la musique sérielle. Mais ici, dans cet opus original, riche et d’une déroutante coquetterie, imitant d’une manière ravissante et lumineuse les airs d’autrefois, Schnittke donne à entendre un pastiche d’une saisissante virtuosité de compositeur. Déjà les titres sont d’une transparente éloquence?: Pastorale, Ballet, Menuet, Fugue et Pantomime. Exquis et brillant patchwork pour faire voyager l’auditeur dans le temps et le faire revenir à des paysages visités par des esprits inspirés où l’hiver a des frissons que l’on n’oublie pas, où un pas de danse est toujours bondissant, où le menuet est comme une caresse furtive…Tout cela, le violon (plus à l’aise que dans Bach) le traduit avec verve, dextérité et élégance. Pour conclure, les démoniaques et périlleuses Trilles du diable de Guiseppe Tartini, dont la vie fut un véritable et incroyable roman d’amour et d’aventure. Passionné de violon, ce fougueux et nerveux personnage de Mantoue, presque échappé d’une nouvelle de Walter Scott, a littéralement plongé dans la boîte magique pour en améliorer les ressources et les possibilités…Ses Trilles du diable, une de ses plus célèbres compositions, est une attestation vivante de son goût marqué pour la virtuosité absolue sans pour autant sacrifier la beauté des mélodies fluides et chantantes… Belle prestation de Claude Chalhoub, habité par ce morceau alliant bravoure et technique maîtrisée. Un très beau moment où le violon est incantation, magie, vertige, étourdissement, plaisir d’un enivrant tourbillon sonore… Pour un petit public, grandes salves d’applaudissements. Un bis très vivaldien où le violon, ami de toutes les errances, de toutes les solitudes et de toutes les fêtes, a des vibrations et des frissons d’amour fou… Nouvelle salve d’applaudissements et les artistes saluent, avec un large sourire, un auditoire ravi, comblé et absolument rafraîchi, car il a oublié la première canicule qui sévit dans la rue, même à la tombée du soir… Edgar DAVIDIAN
Douceur et violence du violon accompagné d’un clavier entre cadences et longues coulées d’arpèges perlés…Sous l’égide du Conservatoire national supérieur de musique et des Amis de Sourat, voilà la rencontre de deux bons et jeunes musiciens, familiers déjà par leurs prestations aux mélomanes libanais, sous les spots de la scène de l’amphithéâtre Aboukhater (USJ)....