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Actualités - REPORTAGE

ÉCOTOURISME - Une traversée de plus de 400?km, passant par 75 villages «?Darb el-Jabal el-Loubnani?», un circuit de rêve pour amateurs de grandes randonnées

Les sentiers tortueux traversant champs et monts ont toujours eu cet effet enchanteur sur les randonneurs, qui ne se lassent pas de renouer avec la nature, allant à la découverte du patrimoine d’un pays. À ces amoureux du grand air, d’aventures et de circuits inédits, un itinéraire national, reliant le nord du Liban au sud, permet à travers vingt-six circuits de découvrir 75 villages situés à une altitude allant de 600 à 2?000?m, en plus d’un circuit littéraire dans la région de Baskinta. Baptisé «?Darb el-Jabal el-Loubnani?» (Lebanon Mountain Trail – LMT ou Sentier de la montagne libanaise), le circuit s’étale sur plus de 400 km, allant de Kobeyate au Liban-Nord, à Marjeyoun au Liban-Sud. Un véritable joyau pour les amateurs. À l’origine de ce projet, Joseph Karam, émigré libanais qui ne cesse de consolider ses liens avec la mère patrie. «?J’ai quitté le Liban il y a plus de 30 ans, mais depuis une quinzaine d’années, j’y effectue des visites régulières, en moyenne quatre à cinq par an?», confie-t-il. À la tête d’Ecodit, une société américaine de conseil et d’assistance technique dans le développement international, Joseph Karam et son équipe ont constaté un essor des activités de plein air, notamment après la fin de la guerre, en 1990. «?C’est un phénomène vieux au Liban, mais qui a repris de l’allure dans les années 90, explique-t-il. D’ailleurs, j’ai rencontré plusieurs personnes aux États-Unis qui se souviennent des randonnées qu’elles effectuaient au Liban.?» Au cours de cette même période, les sociétés spécialisées dans l’écotourisme et les activités de plein air florissaient. «?Le phénomène nous a intéressés de près à Ecodit-Liban et nous avons alors pensé aux moyens de développer et promouvoir le tourisme interne?», ajoute Joseph Karam. L’idée de départ consistait à mettre au point une stratégie pour développer le tourisme rural dans la région de Batroun. Inspirée par l’«?Apalachian Trail?» (le Sentier appalachien) aux États-Unis, qui relie Katahdin dans le Maine à la montagne Springer en Géorgie, Ecodit-Liban a eu ainsi l’idée de créer un circuit national de «?grande randonnée?». L’idée du Sentier de la montagne libanaise est ainsi née. «?Le Sentier appalachien me fascine depuis que je vis à Washington, note Joseph Karam. C’est un sentier de près de 4?000?km et vieux de plus de 80 ans. D’aucuns prennent une année sabbatique pour le parcourir en entier. Contrairement au Sentier appalachien, le LMT peut être parcouru en un mois. Ce qui correspond à la durée de vacances d’une grande majorité d’employés.?» Un projet étalé sur deux ans Le projet, d’une valeur totale de 3,3 millions dollars, a été exécuté en étroite collaboration avec les municipalités locales et financé par l’Agence américaine pour le développement international (USAid), dans le cadre des projets susceptibles de «?créer et de développer les opportunités économiques dans les villages libanais?», explique M. Ghassan Jamous, chargé de superviser l’exécution du projet au sein de l’USAid. Initiée en 2006, la réalisation du projet LMT a comporté trois étapes étalées sur deux années. Dans un premier temps, il fallait créer le sentier et le délimiter, réhabiliter des maisons d’accueil afin d’attirer les touristes, ce qui est susceptible d’améliorer la vie économique des villages par lesquels passe le circuit et former des guides locaux. Dans un deuxième temps, il fallait confier la gestion du projet à une ONG qui en assurerait également la continuité. Lebanon Mountain Trail Association a ainsi été fondée. Toute personne peut y adhérer. «?Les fonds collectés permettront de préserver le sentier et de le promouvoir?», comme le souligne Raghida Haddad, vice-présidente de l’ONG. Le troisième volet consistait à créer un site Web ainsi qu’un guide et des brochures des différentes sections. Rédigé en anglais dans sa première édition, le guide contient une rapide description de chaque circuit. Mais aussi des conseils aux randonneurs concernant le matériel à emporter avec soi, un inventaire des musées et des sites archéologiques et historiques qu’ils rencontreront, une description de la flore des villages. Une liste des maisons d’accueil, des municipalités, des tour-opérateurs et des magasins de sport y est également incluse. Les brochures, plus détaillées, contiennent un plan du circuit ainsi que toutes les informations que doit connaître le randonneur concernant la région qu’il visite et le logement. En ce qui concerne le site Web (www.lebanontrail.org), il donne des informations sur le projet, les guides locaux et les gîtes ruraux. Seuls ou en groupes Les villages par lesquels passe le sentier ont été choisis selon des critères bien précis, notamment l’altitude, le patrimoine culturel ou historique des villages… Les sentiers doivent de même être déjà existants et accessibles toute l’année. Ce que le circuit a surtout instauré demeure la coopération avec les communautés locales qui doivent assurer sa protection, d’autant plus qu’elles en sont les principales bénéficiaires. Le Sentier de la montagne libanaise peut être parcouru «?seul ou en groupe, encadrés par un guide local ou un tour-opérateur, souligne Gilbert Moukheiber, ingénieur culturel et touristique, coordinateur du secteur Mont-Liban nord du projet. Toutefois, nous conseillons aux randonneurs d’entrer en contact avec les guides locaux notamment pour encourager l’activité économique de ces villages?». Les circuits, dont la longueur varie entre 12 et 23?km, comprennent des sentiers piétons, des routes agricoles et une partie minime de rues asphaltées. «?Ils sont accessibles à tout le monde. Certaines parties peuvent être parcourues par des enfants?», insiste Gilbert Moukheiber, qui précise par ailleurs qu’à ce jour 100?km du circuit sont déjà balisés, notamment le circuit littéraire, qui comporte en plus des signaux appelant les visiteurs à respecter les habitudes des villages. Le sentier dont les niveaux de difficulté varient d’un circuit à un autre passe par quatre réserves naturelles?: Ehden, Tannourine, les cèdres du Chouf, Arz el-Rab à Bécharré. Les paysages sont variés. Il en est aussi de la nature du sol (jurd, forêts, réserves, vallées, etc.). «?L’importance de LMT, c’est qu’il permet en plus de préserver les anciens sentiers que suivaient nos ancêtres et de relier les villages entre eux sur un double plan humain et social, souligne Gilbert Moukheiber. Nous voulons encourager le tourisme responsable, dont le but ultime est de respecter les ressources des villages et de faire participer la communauté locale au projet. Il s’agit-là du vrai concept de l’écotourisme.?» Il reste que la hantise de toute l’équipe d’Ecodit est de voir un jour s’élever des constructions en béton à proximité du sentier. Ne possédant aucun pouvoir sur les communautés locales, ils multiplient les campagnes de sensibilisation pour les convaincre de la nécessité de garder le circuit intact et de le préserver. Dans une étape ultérieure, Ecodit prévoit de créer des circuits annexes qui seront reliés au sentier principal pour inclure le plus grand nombre de villages, notamment de la Békaa. L’ONG compte également créer d’autres sentiers à thèmes, à l’instar du sentier littéraire de Baskinta, qui met en exergue l’héritage littéraire de la région. Nada MERHI * * * Le Sentier littéraire de Baskinta Le Sentier littéraire de Baskinta est un hommage qu’a voulu rendre Ecodit et toutes les personnes qui ont participé à sa création aux hommes de lettres de Baskinta et des environs, notamment Mikhaël Neaïmé, Amin Maalouf, Rachid Ayoub, Sleimane Kettané, Georges Ghanem et Abdallah Ghanem. Le sentier, long de 24 km, allie ainsi la randonnée à la découverte du patrimoine culturel et littéraire de la région. Des panneaux informatifs permettent aux visiteurs de se familiariser avec les poètes et les écrivains locaux, et avec leurs œuvres. Le sentier mène aussi les visiteurs au Centre culturel Abdallah Ghanem, qui accueille les activités culturelles de la région. Le sentier passe par les villages de Bakaata, Bkaatouta, Bekaatet Kanaan, Wadi el-Karm, Kfertay, Zabbougha, Kfar Aqqab, Machraa, Aïn el-Qabou, Baskinta et Sannine.
Les sentiers tortueux traversant champs et monts ont toujours eu cet effet enchanteur sur les randonneurs, qui ne se lassent pas de renouer avec la nature, allant à la découverte du patrimoine d’un pays. À ces amoureux du grand air, d’aventures et de circuits inédits, un itinéraire national, reliant le nord du Liban au sud, permet à travers vingt-six circuits de découvrir 75...