Une héritière de Picasso conteste un livre sur sa dernière femme, Jacqueline

Une héritière de Picasso a contesté devant le tribunal correctionnel de Paris les allégations de Pepita Dupont, journaliste, qui dans un livre sur la dernière épouse du peintre affirme notamment que celle-ci aurait fait don de 61 œuvres de Picasso à l’Espagne. Dans La vérité sur Jacqueline Picasso, paru en octobre 2007 au Cherche-Midi, Pepita Dupont tente de réhabiliter la dernière femme de Picasso, qui s’est suicidée le 15 octobre 1986 d’une balle dans la tête. Au passage, la journaliste de Paris-Match, amie intime de Jacqueline durant les quatre dernières années de sa vie, égratigne sa fille, Catherine Hutin-Blay, décrite comme cupide et insensible. Mme Hutin-Blay a contesté une vingtaine de passages, ainsi qu’une interview à l’hebdomadaire Point de Vue. Pour l’héritière de Picasso, qui réclame près de 200 000 euros de dommages et intérêts, ces propos sont diffamatoires. Au cœur du procès : des affirmations selon lesquelles, quelques jours avant sa mort, Jacqueline Picasso aurait fait don à l’Espagne de 61 œuvres de Picasso. L’affaire avait fait grand bruit à l’époque, quand Catherine Hutin-Blay en avait exigé la restitution. «?Je ne comprenais pas pourquoi les tableaux ne restaient pas en Espagne?», où ils étaient partis pour une exposition, et «?pourquoi Catherine ne respectait pas le vœu verbal de sa mère?», a témoigné Pepita Dupont, affirmant que Jacqueline Picasso avait également laissé un testament qui aurait disparu. Comment affirmer qu’il existe un testament alors que le notaire de Jacqueline Picasso, son exécuteur testamentaire et le responsable des inventaires ont toujours nié l’existence d’un tel document, lui a rétorqué l’avocate de Mme Hutin-Blay, Me Florence Bourg, qualifiant ses propos d’«?un peu légers?». Selon Mme Dupont, «?c’était la manière de fonctionner de Pablo?», puis celle de Jacqueline, de donner des œuvres aussi spontanément. En outre, Jacqueline aurait confié sa volonté de léguer ces 61 œuvres à d’autres, dont le directeur du Musée d’art contemporain de Madrid et l’ancien ministre Roland Dumas, qui tous deux ont confirmé ces dires. «?C’est inacceptable que l’on m’attaque comme ça. Je trouve très curieux que 20 ans après on soit toujours à la recherche d’un testament inexistant et qu’on fasse de moi une personne cupide et vénale?», a réagi Mme Hutin-Blay, regrettant que la journaliste ne l’ait jamais contactée. Le défenseur de Mme Dupont, Me Richard Malka, a regretté que Mme Hutin-Blay «?tente de présenter sa cliente comme une illuminée croyant entendre des voix?». Pointant le caractère «?biographique?» de l’ouvrage, il a demandé au tribunal «?une tolérance toute particulière, conformément à une jurisprudence constante depuis plus d’un siècle?». Le tribunal devait mettre sa décision en délibéré. Dorothée MOISAN (AFP)