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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL LIBAN WORLD Les pérégrinations pianistiques de Roberto Fonseca

Sous un spot de lumière ultraviolette, Roberto Fonseca joue de la musique qui rayonne à l’infrarouge. Une main qui survole un piano, des ondes (positives), du bruit (orchestré), des climats (entre fureur et plénitude). Voilà ce qui vous trotte dans la tête après une heure trente de «?music-hallogies?» avec le pianiste cubain et son groupe Zamazu qui ont inauguré en beauté le festival Liban World au Music Hall, une manifestation qui nous promet quatre concerts par an de musiques du monde, en visitant, à chaque fois, un continent. Un pied dans la roublardise et l’autre dans l’audace, voire l’insolence, Roberto Fonseca joue du piano, non pas debout, mais plutôt «?with an attitude?», comme diraient les Anglo-Saxons. Explications?: les virtuoses du clavier possèdent, en règle générale, une tenue assez verticale devant les touches. Dos droit comme un?« i?», jambes bien amarrées, bras perpendiculaires. Roberto, lui, se la joue cool à l’extrême. Des doigts qui narguent ou martèlent les touches, une tête qui se renverse en arrière, des bras qui volent derrière le dos, des genoux qui se plient et replient… Un chapeau cubain vissé sur le crâne, le musicien vit complètement sa musique. Une musique qui serait une fusion entre l’afro-cubain épicé de soul et de funk music, mâtiné de tango, de musique orientale ainsi que de musique traditionnelle cubaine. C’est donc bel et bien un étonnant voyage musical que Fonseca a fomenté ce soir-là. Le pianiste cubain possède déjà une carrière de rêve. Né à La Havane dans une famille de musiciens, il fait de la percussion et débute ses études de piano à l’âge de huit ans. Lors de ses premiers concerts, il joue à la batterie et l’on dit qu’il a gardé de cette expérience un touché de piano percussif et percutant. D’abord remarqué aux côtés du crooner Ibrahim Ferrer, ce trentenaire est devenu l’accompagnateur attitré de la chanteuse Omara Portuondo, une des dernières rescapées du Buena Vista Social Club. Lors du Festival jazz in Marciac, la critique repère ce pianiste cubain, aux doigts d’or et à l’approche musicale hors du commun. Peu de temps après, Roberto s’attelle à la production de son album dont il murissait les titres depuis plusieurs années. Ainsi naît Zamazu, un titre, dit-il, inspiré du langage qu’il utilise pour faire croire à l’une de ses nièces qu’il parle une langue étrangère. Entre musique populaire cubaine, latin jazz, flamenco, musique classique et musique de films, la musique de Roberto Fonseca emporte, émeut, subjugue par son ouverture. Une foisonnante inventivité qui explose dans les concerts. Les chœurs, la clarinette, l’accordéon, les bongos donnent des couleurs inédites à cet Afro-Cubain entraînant, à cette péninsule latin jazz déjantée, parfois orientalisante ou méditative. Le pianiste reste cependant plus convaincant lorsqu’il se livre à ses pérégrinations de haut vol en terrain créole avec parfois des clins d’œil au flamenco ou à l’orientalisme. En effet, il s’égare un peu en fusions conventionnelles lorsque sa voix double le souffle de son (excellent) clarinettiste. Maya GHANDOUR HERT
Sous un spot de lumière ultraviolette, Roberto Fonseca joue de la musique qui rayonne à l’infrarouge. Une main qui survole un piano, des ondes (positives), du bruit (orchestré), des climats (entre fureur et plénitude). Voilà ce qui vous trotte dans la tête après une heure trente de «?music-hallogies?» avec le pianiste cubain et son groupe Zamazu qui ont inauguré en beauté...