THÉÂTRE - Ce soir et demain dimanche, à 20h30, au Monnot Une « Bonne année » arrosée de punch

C’est dans la bonne humeur que la compagnie?Merci Aurevoir a souhaité hier au public libanais une «?Bonne année?». Une pièce théâtrale fraîche et énergique, qui se produira encore ce soir et demain au théâtre Monnot. Des vœux anticipés diriez-vous, et pourquoi pas?? Alors que tout le monde festoie dans les rues de Beyrouth, la compagnie Merci Aurevoir s’est mise de la partie en présentant la pièce Bonne année. La musique de Jingle Bells, les cotillons et les ballons «?Smiley Face?» annoncent la couleur festive de ce vaudeville coécrit et réalisé par trois jeunes comédiens, Soufiane Adjadji, Raphaël Deletang et Clément Vieu. À l’image du «?schpeps», boisson que les trois comédiens ont concoctée sur scène, Bonne année est une comédie pétillante et élégante comme le champagne, mais également populaire (dans son sens le plus noble), comme une eau gazeuse. Au triple galop, les scènes s’enchaînent et se croisent dans un dialogue si décoiffant qu’on oublierait à certains instants qu’ils ne sont que trois à évoluer sur les planches. De l’esprit et toujours de l’esprit Oussama (Sofiane Adjadji) partage son appartement avec Éric (Raphaël Deletang), comédien dont la carrière n’arrive pas à décoller. Stewart reconverti depuis le 11-Septembre et pour cause, Oussama essaye d’organiser une soirée festive pour la Saint-Sylvestre. Alors qu’il se plaint de la paresse de son colocataire, une surprise les attend tous les deux. Le frère de ce dernier, Francis (Clément Vieu), débarque chez eux sans crier gare. Animateur de supermarché le jour et sosie d’Elvis la nuit, ce troisième personnage, haut en couleur, cache un mystère que les deux colocataires essaieront d’élucider. Friand de télé, de cinoche et de musique, le trio ne rate pas une occasion en cette soirée du Nouvel An, où les ratages et les dérapages ne manquent pas, d’épingler avec délices et toujours sans aigreur une société en prise à ses angoisses homophobes et «?arabophobes?». S’ensuit ainsi un cocktail de reparties sarcastiques, cocasses et salaces, sans mauvaise intention, mais dans le seul but de divertir. Dans la peau d’Elvis ou d’Alain Delon et sur fond de musique d’Indiana Jones ou de kung-fu, Clément Vieu revisite avec une gestuelle tonifiante les effigies adorées et adulées, et croque leurs portraits avec un humour caustique et décalé. L’écriture prend le pas sur une action qui s’efface, mettant en avant le jeu dynamique et dynamisant des trois comédiens et leurs délires confondus. Une Bonne année que la compagnie Merci Aurevoir tient encore à souhaiter ce soir et demain au théâtre Monnot. Colette KHALAF