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Actualités - OPINION

Acceptable aujourd’hui, inacceptable il y a un an et demi Roger BEJJANI

L’encre du document d’entente de Doha (en voila un nouveau !) n’a pas encore séché que certaines voix commencent à polluer le climat de détente en posant la question tordue par excellence : « Pourquoi la majorité n’avait-elle pas accepté un cabinet d’entente nationale octroyant à l’opposition le tiers de blocage il y a un an et demi ? » Cela, selon certains, aurait épargné au pays le sit-in du centre-ville et tous les événements malheureux du 23 janvier 2007 et du 7 mai 2008. À titre de rappel, les organisateurs du sit-in réclamaient clairement la démission du cabinet Siniora. Certains avaient même prédit que le Premier ministre n’aurait pas le temps de rassembler ses dossiers. Et bien non, le cabinet Siniora, le premier aussi indépendantiste de l’histoire du Liban, a résisté et offert à la révolution du Cèdre le martyre du jeune et vaillant Pierre Gemayel. Le cabinet a résisté non pas vainement mais parce qu’il se devait de le faire. D’une part, la mise en marche irréversible du tribunal international, une des pièces maîtresses de la révolution du Cèdre, devait être garantie à tout prix, et, d’autre part, une démission du gouvernement à l’ombre du mandat Lahoud aurait été suicidaire. Autant remettre son tablier à Bachar el-Assad lui-même. Aujourd’hui et après presque deux ans de résistance et plus de cinq nouveaux grands martyrs – sans oublier les innocentes victimes – , la révolution du Cèdre peut se permettre d’activer la transition, même dans les conditions imposées par une minorité qui essaye de dompter le pays et le peuple. À se demander : « Que feraient-ils s’ils avaient la majorité ? » La donne a changé et les cartes ont été redistribuées. La dynamique du tribunal international est devenu irréversible, Émile Lahoud n’occupe plus le palais Baabda et ne peut donc plus bloquer la formation d’un éventuel gouvernement, un nouveau président a été élu, un nouveau cabinet va être formé et il ne reste plus que douze mois pour de nouvelles élections législatives. La majorité préservera une majorité simple dans le nouveau gouvernement. Eh bien oui, aujourd’hui est différent d’hier et ce qui fut acceptable à Doha en mai 2008 était inacceptable à la place Riad el-Solh en 2006 ou encore à travers la fumée noire des pneus de janvier 2007. Tant de sacrifices ! Rafic, Bassel, Samir, Georges, Gebrane, Pierre, Walid, les officiers de l’armée et de la police... Sans compter les autres Libanais et étrangers qui ont partagé le martyre malgré eux, les soldats tombés à Nahr el-Bared, les entrepreneurs libanais saignés à blanc, May et Élias encore là, mais marqués à vie... En leur nom, je demande à chacun des vrais révolutionnaires du Cèdre à entamer dès aujourd’hui la préparation de la bataille électorale de 2009. Chacun d’entre nous doit ramener au bercail au moins une âme perdue et déçue. Une voix, chaque voix comptera en 2009. C’est le choix d’un peuple qui se cristallisera dans douze mois. Gardez en vue l’avenir de vos enfants et regardez un peu les exemples de la République islamique iranienne et celui de l’Europe ou des États-Unis. Choisissez et rendez compte à vos enfants plus tard. Article paru le vendredi 30 mai 2008
L’encre du document d’entente de Doha (en voila un nouveau !) n’a pas encore séché que certaines voix commencent à polluer le climat de détente en posant la question tordue par excellence : « Pourquoi la majorité n’avait-elle pas accepté un cabinet d’entente nationale octroyant à l’opposition le tiers de blocage il y a un an et demi ? » Cela, selon certains,...