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Merci ! Zella KADOUZIAN

Merci pour les beaux souvenirs que vous avez ancrés dans ma mémoire et qui me feront pleurer au lieu de sourire, à chaque fois que j’aimerai y revenir. Merci de me faire réfléchir : qu’est-ce que je pourrai répondre à mes enfants quand ils me poseront des questions à propos de l’histoire de leur pays ? Merci de faire de mon passé une occasion de ruiner mon avenir. Merci de m’obliger à préciser, en racontant des événements de ma vie, qu’ils sont advenus avant ou après telle ou telle guerre. Merci de ruiner ma vie et de m’empêcher de savoir si je vis mon âge ou si je suis déjà devenue trop vieille malgré mon jeune âge. Merci de me faire vivre différentes sortes de guerres et d’en faire l’expérience. Merci de me tuer avec chaque personne tuée dans mon pays. Merci de me faire oublier que je suis toujours fière de ma nationalité ou même de mon rite. Merci de m’empêcher de vivre les petites choses de tous les jours (positives ou négatives), bien souvent banales mais qui font partie de la vie, car je dois penser à la situation de mon pays chaque jour et à chaque instant. Merci d’avoir asséché les larmes dans mes yeux alors qu’elles pourraient m’être utiles encore de temps en temps. Merci de me faire sentir inutile dans mon pays, sans force et sans enthousiasme pour travailler et pour lui donner de mon temps et de moi-même. Merci de semer en moi la peur jusqu’au point où même le bruit du tonnerre, source de lumière, accompagné de la pluie, source de vie, me fait peur quand je dors, en croyant que c’est le canon, source de la mort. Mais malgré tout, je vis et je veux vivre et je ne vous laisserai pas me tuer vivante. Je sais que vous ne lirez pas tout ça, mais je dois extérioriser mes sentiments et mes pensées, car en les laissant en moi je pourrais exploser. Je n’éprouve pas de rancune envers vous, ni de la haine, mais de la pitié. Je prie pour vous et je ne cesserai de prier car vous ne savez vraiment pas ce que vous faites, ni ce que vous avez fait… Article paru le vendredi 30 mai 2008
Merci pour les beaux souvenirs que vous avez ancrés dans ma mémoire et qui me feront pleurer au lieu de sourire, à chaque fois que j’aimerai y revenir.
Merci de me faire réfléchir : qu’est-ce que je pourrai répondre à mes enfants quand ils me poseront des questions à propos de l’histoire de leur pays ?
Merci de faire de mon passé une occasion de ruiner mon...