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Actualités - ANALYSE

Éclairage Le nouveau pouvoir sera-t-il à la hauteur des attentes des milieux économiques ?

Les attentes des milieux économiques et syndicaux à l’égard du prochain gouvernement sont grandes, à la hauteur du chantier à mener. Après l’élection de Michel Sleimane à la tête du pays, ils espèrent désormais que la déclaration ministérielle reprendra les thèmes évoqués par le nouveau président dans son discours d’investiture, applaudi de toutes parts. Le président de l’Association des industriels, Fady Abboud, a ainsi salué hier la référence à « l’éradication de la corruption » et à la nécessité de doper « la productivité de l’économie nationale », tandis que l’Association des consommateurs notait les « nombreux sujets de réformes » évoqués. Quant à la CGTL, elle a souligné le volet relatif au « développement des régions » et à la dynamisation des secteurs productifs. D’autres aspects du discours d’investiture mériteraient également d’être relevés, comme l’accent mis sur l’éducation, sur la jeunesse, sur la nécessité d’attirer des personnes qualifiées au sein de l’administration, ou encore de recruter les fonctionnaires sur base des compétences. À l’heure des tractations pour la formation du prochain gouvernement, cette dernière recommandation est d’ailleurs appelée à être immédiatement mise en œuvre, l’Association des consommateurs ayant exhorté l’opposition et la majorité « à choisir leurs ministres sur la base des compétences et de la transparence ». Car même avec les meilleures intentions du monde, le nouveau président, seul, ne pourra pas entreprendre des réformes. Le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprises libanais (RDCL), Camille Menassa, s’est dit hier convaincu que Michel Sleimane tiendra ses promesses et qu’il « saura mobiliser les forces politiques locales, arabes et étrangères pour aider le Liban ». Mais rien n’est moins sûr. D’autant que les réformes économiques attendues sont nombreuses et loin d’être consensuelles. De la privatisation des télécoms à la réforme de l’EDL, en passant par la refonte de l’administration publique ou la politique agricole, les sujets « sensibles » seront incontournables. Des réformes, surtout structurelles, sont toujours douloureuses, du moins pour certains. Au nom de l’intérêt général, celui du plus grand nombre, les intérêts d’un plus petit nombre devront être sacrifiés. Des avantages accordés sous des couverts politiques ou confessionnels devront être abrogés. L’art de la concession, s’il n’a pas été épuisé à Doha, devra à nouveau être pratiqué au niveau du volet économique et social. Comment améliorer la concurrence, par exemple, sans toucher à certains oligopoles, parfois « hautement » soutenus ? Ou comment réformer les entités publiques sans limoger certaines personnes incompétentes « placées » par tel ou tel homme politique ? Pour ces deux exemples, parmi mille, des marchandages politiques auront sûrement lieu. L’essentiel est qu’ils ne se fassent pas au détriment de l’intérêt national. La première tâche des dirigeants sera donc de s’entendre sur une vision économique globale et de définir les priorités, appelées à figurer dans la déclaration ministérielle. Que le volet économique figure au centre des tractations gouvernementales serait déjà un accomplissement en soi. Le deuxième défi sera de l’appliquer, pour changer. Dans tous les pays démocratiques, les résistances aux réformes sont fortes. Mais en France, par exemple, le président Nicolas Sarkozy a pu compter sur sa majorité pour en faire passer une partie, malgré l’hostilité de la gauche et des syndicats. Au Liban, on sait désormais que la majorité ne suffit pas. Le consensus est la règle. D’où un gouvernement d’union nationale, qui pourrait être une chance formidable pour mobiliser la classe politique sur les réformes-clés. Sauf que lorsque l’on entend Michel Aoun dire qu’il fera de « l’opposition » au sein du prochain gouvernement, on ne peut que s’inquiéter. Sahar AL-ATTAR
Les attentes des milieux économiques et syndicaux à l’égard du prochain gouvernement sont grandes, à la hauteur du chantier à mener. Après l’élection de Michel Sleimane à la tête du pays, ils espèrent désormais que la déclaration ministérielle reprendra les thèmes évoqués par le nouveau président dans son discours d’investiture, applaudi de toutes parts. Le...