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Actualités - CHRONOLOGIE

Les créateurs des « Misérables » revisitent « La Dame aux camélias »

Avec Marguerite, les créateurs français des Misérables, comédie musicale au record mondial de longévité, ont transposé La Dame aux camélias dans la France collaboratrice, sur une musique de Michel Legrand : un pari osé qui n’a guère convaincu la critique londonienne. Cheveux noirs jais caressant des épaules dénudées, robe de velours carmin laissant deviner des courbes séduisantes : Marguerite est faite pour l’amour. Mais l’ancienne chanteuse à succès n’est plus aujourd’hui qu’une « putain », comme l’appelle celui qui l’entretient : le général Otto, caricature de nazi barbare et sanguinaire. Dans la France occupée, elle fête ses 40 ans avec ses « amis » : des collabos profiteurs qui ne voient en elle qu’un moyen de se procurer des coupons d’essence. La chanson compare Marguerite à un Paris qui a pactisé avec l’ennemi : « une putain au grand cœur, une fille qui se vend au plus offrant ». Mais un soir de bombardement anglais, la peur pousse la courtisane dans les bras du jeune Armand, pianiste proche de la résistance, aussi beau que fauché. Comme dans La Dame aux camélias, publié en 1848 par Alexandre Dumas fils, la courtisane est tiraillée entre la passion, qui lui commande d’écouter son cœur, et la raison, qui lui dit d’être fidèle à la main qui la nourrit. Mais là s’arrête la comparaison. La Dame de Dumas rompait avec son bel amant dans un sacrifice sublime, pour sauver la réputation d’Armand. La Marguerite présentée au théâtre Royal Haymarket de Londres met fin à son idylle en cédant à un ignoble chantage du général Otto. « Quelquefois, on fait des choses car on est faible... Mais il faut en payer les conséquences », admet-elle. Quand la foule chantera Paris libéré, Marguerite est désignée à la vindicte publique comme celles qui avaient couché avec l’ennemi. En choisissant de créer une énième transposition de La Dame aux camélias, les Français Alain Boublil et Claude-Michel Schonberg (traduits par Herbert Kretzmer) ont risqué le pari de ne pas pouvoir faire aussi bien que les Misérables, la comédie musicale qui remplit les salles depuis près d’un quart de siècle. Si l’on en croit la critique du West End, le Broadway londonien, la barre était trop haute. « Nous avions été émus par la Marguerite de Dumas qui fait un sacrifice héroïque... mais pourquoi devrions-nous aimer une collabo opportuniste ? » se demande le quotidien The Guardian. « Devenue la poule d’un nazi, la Dame... n’attire plus la sympathie », croit également l’Evening Standard. Le Times dit être resté « insensible » face à un spectacle « décent, agréable, mais pas réellement exaltant ». Le Daily Telegraph évoque sa « profonde déception » pour une comédie écrite par les auteurs des Misérables et mise en musique par l’oscarisé Michel Legrand (sur une réalisation de Jonathan Kent). Le journal dénonce l’absence de « véritable tension dans l’écriture », des personnages « flasques à l’extrême », des « rimes prévisibles » et des « chansons d’amour à l’eau de rose ». « Ne gâchez pas votre argent », conclut le critique. La presse s’accorde cependant sur le fait que la comédie est sauvée par le décor très convaincant du Paris occupé mais toujours romantique de Paul Brown et la performance des acteurs, en particulier Ruthie Henshall (Marguerite) et Julian Ovenden (Armand). « Une nouvelle œuvre imparfaite mais convaincante », en conclut l’Independent. Loïc VENNIN
Avec Marguerite, les créateurs français des Misérables, comédie musicale au record mondial de longévité, ont transposé La Dame aux camélias dans la France collaboratrice, sur une musique de Michel Legrand : un pari osé qui n’a guère convaincu la critique londonienne.
Cheveux noirs jais caressant des épaules dénudées, robe de velours carmin laissant deviner des courbes...