Le ministre français des AE appelle Israël à alléger les restrictions en Cisjordanie Le « chemin de la paix » n’est pas « bloqué », affirme Kouchner

Au terme d’une visite en Israël et en Cisjordanie, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a estimé hier que « le chemin de la paix » n’était « pas bloqué ». « Il y a un changement (...) je ne crois pas que le chemin de la paix soit bloqué », a déclaré M. Kouchner lors d’une conférence de presse à Jérusalem. « Je n’ai plus l’impression que j’avais eue il y a deux mois qu’il n’y avait plus de processus de paix », a-t-il ajouté au terme d’une visite de trois jours. « Il y a des progrès mesurés, mais ils existent », a encore dit M. Kouchner, soulignant à nouveau que « le problème central, c’est l’immense problème de la colonisation ». Évoquant des éléments « qui font espérer un peu plus », M. Kouchner a cité notamment les actuelles négociations entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, par l’intermédiaire de l’Égypte, pour parvenir à une trêve dans la bande de Gaza, et l’annonce de la reprise de pourparlers de paix indirects entre l’État hébreu et la Syrie. Dans une interview au quotidien al-Ayyam de Ramallah (Cisjordanie) paru jeudi, M. Kouchner s’était déclaré « sceptique » sur les chances de conclusion d’un accord entre Israéliens et Palestiniens en 2008, voyant la colonisation comme « un des principaux obstacles à la paix ». Vendredi, M. Kouchner s’est rendu à Hébron, en Cisjordanie, où vivent quelque 600 colons juifs au milieu de 120 000 Palestiniens sous la protection de l’armée israélienne. Il a visité le marché dans la vieille ville et rencontré le maire de Hébron, Khaled Eisseleh, ainsi que des hommes d’affaires. Plus tôt vendredi, lors d’une conférence sur les investissements à Bethléem, le ministre français a exhorté Israël à faire « beaucoup plus » pour améliorer la circulation en Cisjordanie. « Ne nous voilons pas la face : des obstacles existent. Les restrictions en matière d’accès et de mouvements demeurent importantes. Elles n’ont pas été réduites comme elles auraient dû l’être », a déclaré M. Kouchner, qui achève une visite de trois jours en Israël et en Cisjordanie occupée. Pour lui, « une économie moderne ne peut fonctionner sans liberté de mouvement des hommes, des marchandises, des services et des capitaux ». Dans le même contexte, Israël maintient en Cisjordanie occupée plus de 600 barrages et obstacles entravant la circulation des Palestiniens, a indiqué hier l’ONU. Entre le 4 septembre 2007 et le 29 avril 2008, le nombre de ces obstacles a augmenté de 41 unités pour atteindre 607 contre 566 auparavant, a affirmé dans un rapport l’Office de coordination des affaires humanitaires des Nations unies dans les territoires palestiniens (OCHA). L’augmentation s’explique par la construction de 144 nouveaux obstacles et la levée de 103 autres, selon OCHA. Sur un autre plan, la France n’entretient aucun contact, ni « officiel ni officieux », avec le mouvement radical palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a réaffirmé hier à Luanda un haut responsable français. « Il n’y a pas de dialogue politique entre la France et le Hamas, que les choses soient très claires », a déclaré ce responsable à la presse en marge de la visite du président français Nicolas Sarkozy en Angola. « Il n’y a pas d’émissaires, c’est clair (...) un fonctionnaire à la retraite a pris des contacts avec le Hamas, il n’était mandaté par aucun représentant » officiel français, a-t-il insisté. S’exprimant sur la radio Europe 1, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait évoqué lundi des « contacts » entre la France et le Hamas. « Ce ne sont pas des relations, ce sont des contacts (...) nous ne sommes chargés d’aucune négociation », avait-il toutefois minimisé. Cinq activistes tués Sur le terrain, cinq combattants palestiniens ont été tués hier par l’armée israélienne dans une nouvelle flambée de violence dans la bande de Gaza. Deux membres des Brigades d’al-Qods, le bras armé du mouvement radical Jihad islamique, ont été tués à l’est de la localité d’el-Boureij, dans le secteur central de la bande de Gaza. Selon ce mouvement, ils ont été victimes d’un raid aérien israélien. Trois autres combattants palestiniens ont été mortellement atteints par des missiles tirés par des appareils israéliens, intervenus en appui à une incursion près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Ces violences surviennent au moment où des efforts intensifs sont menés par l’Égypte pour aboutir à une trêve entre Israël et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, sans avoir donné jusqu’à présent les résultats escomptés.