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Actualités - CHRONOLOGIE

CINÉMA - « La frontière de l’aube » et « Adoration » accueillis de façon mitigée entre applaudissements et sifflets Journée difficile pour les films en compétition à Cannes

« La frontière de l’aube », le long-métrage de Philippe Garrel montré hier à Cannes, est une histoire d’amour faussement simple, tout comme l’était « Two Lovers », de l’Américain James Gray, deux jours auparavant. Ce deuxième des trois films français en lice pour la palme d’or atteste, s’il était besoin, qu’il n’y a pas d’amour heureux, selon les mots de Louis Aragon. Les Garrel sont une des grandes familles du cinéma français. Maurice Garrel est acteur et père du réalisateur Philippe Garrel qui a employé dans son film son propre fils Louis Garrel. Le père et le fils s’étaient retrouvés une première fois en 2005 pour Les amants réguliers. Louis Garrel était en compétition l’an passé avec Les chansons d’amour, de Christophe Honoré. La frontière de l’aube, qui s’est intitulé un moment « Le ciel des anges », une expression que l’on retrouve là encore dans une œuvre d’Aragon, fait se rencontrer un jeune photographe (Louis Garrel) et une actrice de cinéma (Laura Smet) pour une séance photo. Elle sera le démarrage de leur brève liaison. L’actrice, plutôt du genre torturé, passe par la phase de l’internement avant celle du suicide. Le photographe se met en ménage avec une autre jeune fille (Clémentine Poidatz) avec laquelle il doit se marier. Cette histoire qui devrait s’écouler apparemment de façon linéaire, en dépit des propos d’ordre politique saupoudrés ici et là au détour de dialogues banals, prend à un moment donné un aspect surnaturel, rappelant l’Orphée de Jean Cocteau et servi par une magnifique photographie en noir et blanc. Comme le précise le cinéaste dans les notes de production, c’est précisément cette apparition du surnaturel qui a motivé l’usage du noir et blanc. « Bien que rationaliste, je trouve qu’au cinéma le surnaturel est un filon, si on l’utilise comme l’ont utilisé les surréalistes », explique Philippe Garrel, ajoutant : « Je n’ai pas voulu faire de trucage numérique, d’images de synthèse, plutôt faire du bricolage à la manière de Jean Cocteau. » Cette irruption du fantastique semble avoir désarçonné une partie de la presse, au vu des rires involontaires qu’elle a déclenchés. Le film a été accueilli de façon mitigée : applaudissements d’un côté, sifflets de l’autre. Passage à l’âge adulte Ce même sort a été réservé au deuxième film en compétition projeté hier matin au Palais des festivals, Adoration, douzième long-métrage du Canadien Atom Egoyan. M. Egoyan est ce qu’on appelle un « habitué » du festival qui a accueilli bon nombre de ses films. Exotica était en compétition en 1994, De beaux lendemains trois ans plus tard, idem pour Le voyage de Felicia en 1999. Ararat est montré à Cannes trois ans plus tard, mais hors compétition. Atom Egoyan aime les histoires de famille, surtout lorsqu’elles sont tordues. Simon (Devon Bostick) a perdu ses parents dans un accident de voiture. Sur son lit d’hôpital, le grand-père de Simon lui dit pis que pendre de son père, le traitant même d’assassin. Dans le même temps, poussé par son professeur (Arsinée Khanjian, habituée des films d’Egoyan) qui a elle-même un lourd secret, Simon, pour les besoins d’une pièce de théâtre, adapte le récit d’un devoir de classe ayant trait au terrorisme pour l’appliquer à sa propre destinée. Son père devient alors un terroriste qui a tenté de perpétrer un attentat en plein vol en faisant transporter la bombe par son épouse totalement en dehors du coup. Simon s’imprègne tellement de cette réalité fabriquée de toutes pièces qu’il la diffuse sur Internet, provoquant de bouillants débats sur les forums de discussion et autres blogs. « Adoration traite de la façon dont les nouvelles technologies nous poussent à transformer nos identités. Le film est aussi l’histoire d’un passage à l’âge adulte », explique Atom Egoyan, dans les notes de production. « Dans un monde où chacun a une opinion qui peut instantanément être diffusée, il est facile de comprendre l’envie d’embellissement et de fantaisie », ajoute-t-il. La démonstration, lourde et bavarde, n’a pas convaincu une bonne partie des festivaliers.
« La frontière de l’aube », le long-métrage de Philippe Garrel montré hier à Cannes, est une histoire d’amour faussement simple, tout comme l’était « Two Lovers », de l’Américain James Gray, deux jours auparavant. Ce deuxième des trois films français en lice pour la palme d’or atteste, s’il était besoin, qu’il n’y a pas d’amour heureux, selon les mots...