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REPORTAGE « J’ai voté “oui” comme tous les autres »

Une jeune Birmane avait les larmes aux yeux en quittant un bureau de vote au nord de Rangoun. C’est la première fois de sa vie qu’elle votait, mais le référendum constitutionnel lui importe peu. « La moitié de notre village a été détruit, mais il faut aller voter. J’ai voté “oui” comme tous les autres, mais je ne sais rien de la Constitution », confie-t-elle à l’AFP. Sa maison dans un village proche a été détruite lorsque le cyclone Nargis s’est abattu le 3 mai sur le sud de la Birmanie, et pour elle et sa famille, la priorité est aujourd’hui de trouver un toit. Malgré de nombreux appels à reporter le scrutin alors que le cyclone a fait au moins 2 millions de sinistrés, le régime militaire birman a organisé un référendum pour faire approuver une nouvelle Loi fondamentale. La presse gouvernementale a largement relayé les appels de la junte à voter « oui ». Le scrutin – le premier en Birmanie depuis 18 ans – a été reporté au 24 mai seulement dans les zones les plus affectées de la région de l’Irrawaddy ainsi qu’à Rangoun, la plus grande ville du pays. Dans certaines régions où le vote avait lieu, des communautés sont confrontées à l’arrivée soudaine de centaines de personnes évacuées de la zone du sinistre et qui ont tout perdu : famille, maison, moyens de subsistance. Dans la localité commerçante de Pathein, aux abords du delta de l’Irrawaddy (Sud-Ouest), une douzaine d’électeurs se sont présentés juste après l’ouverture des bureaux de vote, alors que, non loin de là, des centaines de survivants désespérés fabriquaient un abri de fortune sur un terrain de football. « Ici, de nombreux habitants sont très en colère contre le gouvernement lorsqu’ils voient des victimes arriver. De nombreux (rescapés) n’ont reçu aucune aide dans leurs villages après le passage de la tempête », explique un cafetier de 40 ans en faisant la queue devant un bureau de vote. « Les gens ne sont pas tellement intéressés par le scrutin. Ce qui compte pour nous, ce sont les victimes. Les gens sont écœurés. Le gouvernement a été lent » face à l’ampleur de la catastrophe, accuse-t-il. Un homme annonce son intention de voter « non » à la Constitution pour exprimer sa colère devant la répression brutale du mouvement de protestation populaire contre la vie chère qu’avaient conduit en septembre dernier des moines bouddhistes (au moins 31 morts, selon l’ONU). « Je pense aux bonzes quand je vote parce que je suis bouddhiste. Je ne vais pas soutenir le gouvernement qui a tué les moines », ajoute ce commerçant de 48 ans. « J’irai voter » plus tard, renchérit un marchand ambulant. « Je dois d’abord vendre ces fruits et gagner de l’argent pour que ma famille survive ». Hla Hla HTAY (AFP)
Une jeune Birmane avait les larmes aux yeux en quittant un bureau de vote au nord de Rangoun. C’est la première fois de sa vie qu’elle votait, mais le référendum constitutionnel lui importe peu.
« La moitié de notre village a été détruit, mais il faut aller voter. J’ai voté “oui” comme tous les autres, mais je ne sais rien de la Constitution », confie-t-elle à...