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Actualités - CHRONOLOGIE

Du pays natal à l’arrière-pays québécois Canada : la terre aux 300 000 émigrés libanais Roberto KHATLAB

Dès la seconde moitié du XIXe siècle, on identifie la première grande phase de l’émigration libanaise dans le monde, principalement vers les Amériques. C’est alors que les premiers Libanais débarquent au Canada où arrivent des émigrés de tous les coins de la planète. Ce pays est le deuxième plus grand pays du monde par sa superficie (9 984 670 kilomètres carrés). Il a pour capitale Ottawa et une population de 33 091 228 habitants. C’est aussi aujourd’hui un des pays les plus avancés sur le plan technologique. Fuyant les massacres de chrétiens en 1860 au Liban et en Syrie, puis l’oppression ottomane et les graves problèmes économiques, comme la famine survenue lors de la Première Guerre mondiale, les Libanais commencent à émigrer massivement au Canada en 1882. Un grand nombre d’entre eux provient de la région de Rachaya, dans la Békaa. Ils s’installent à Montréal et travaillent dur dans le commerce ambulant, aussi bien dans cette ville que dans les régions rurales de l’Ontario et de Stratford. Puis ces pionniers passent au commerce en gros et ensuite à l’industrie et aux professions libérales. Durant cette période arrive, en 1895 à Ottawa, Annie Midlige, née Tabcharani, originaire de Dhour Choueir, dans le Mont-Liban. Elle se fait rapidement connaître parmi les premiers immigrants. Veuve à l’âge de 40 ans, elle décide de partir avec un guide indien vers la rivière Gatineau, dans l’arrière-pays québécois, où elle rencontre les Inuits (esquimaux) habitant sur le littoral de l’océan Glacial de la Baie d’Hudson. Elle initie un travail de commerce de fourrure et fonde des comptoirs pour ce commerce, puis le développe de telle façon qu’elle fait la concurrence à la Compagnie de la Baie d’Hudson, la plus ancienne du pays dans ce secteur, fondée en 1670. Une arrivée facilitée par les proches La seconde phase de l’émigration libanaise au Canada s’étend de 1930 à 1960, époque où les nouveaux émigrés sont accueillis dans ce pays par des parents qui facilitent leur adaptation et leur fournissent du travail. Au début de cette période, Atallah Joseph el-Ghoz, originaire de Kfeir, au Liban-Sud, débarque à Saint-Christophe ou Saint-Kitts, une île des Antilles de 261 kilomètres carrés, située dans la mer des Caraïbes. Il s’installe à Basseterre, la capitale, où se trouvent déjà des émigrés libanais depuis la fin du XIXe siècle. Atallah commence ainsi une nouvelle vie en travaillant dans le commerce et change son nom de famille en Ghiz. En 1943, il visite l’île du Prince-Édouard, la plus petite des dix provinces du Canada (5 660 kilomètres carrés), une île verte aux couleurs vives avec de belles plages. La constitution canadienne a donné à cet État des pouvoirs souverains et indépendants du gouvernement fédéral, d’où le fait qu’il possède son propre Parlement. Atallah trouve l’île intéressante et s’installe dans la capitale, Charlottetown, où il travaille et fonde une famille en se mariant avec Marguerite McKarris. Son fils, Joe Ghiz, né en 1945, suit des études en droit et obtient un diplôme de l’Université de Harvard aux États-Unis. Talentueux, il devient procureur de la Couronne (1970 à 1972), entre dans la politique puis est élu en 1977 président du Parti libéral de l’île du Prince-Édouard. Il devient en 1981 chef du Parti libéral provincial et accède au poste de Premier ministre de l’île de 1986 à 1993, où il devint ainsi le premier chef de gouvernement d’origine non européenne. Culturellement, c’est la province la plus homogène, sa population étant en majorité d’origine britannique, avec des descendants d’Acadiens, de Français, de Hollandais, d’Allemands, d’autochtones et de Libanais. Durant le mandat de Joe Ghiz, un député le traite de « black boy » (garçon noir) au cours d’un incident, en allusion au fait qu’il n’est pas blond à l’instar les Anglais. Après avoir exigé et reçu des excuses, Ghiz proclame alors à haute voix être « canadien, insulaire, d’origine libanaise et fier de l’être ». À la fin de son mandat de Premier ministre en 1994, il est nommé doyen de la faculté de droit de l’Université de Dalhouse, puis juge à la Cour suprême de l’île du Prince-Édouard en 1995. En 1996, il meurt prématurément d’un cancer à l’âge de 51 ans. Le fils de Joe Ghiz, Robert, né à Charlottetown en 1974, obtient un diplôme en sciences politiques de l’Université Bishop de Lennoxville au Québec. Il travaille alors comme assistant politique au vice-Premier ministre Sheila Copps, puis devient lobbyiste pour la Banque de la Nouvelle-Écosse, en 1988. Il est ensuite nommé conseiller pour le Canada atlantique dans le cabinet du Premier ministre, Jean Chrétien. En 2003, il est nommé chef intérimaire du Parti libéral et, en 2007, occupe comme son père avant lui le poste de Premier ministre de l’île du Prince-Édouard. Il devient, à 33 ans, le plus jeune chef de gouvernement au Canada. C’est la deuxième fois dans l’histoire de l’île qu’un père puis son fils accèdent à ce poste. L’émigration récente La troisième phase de l’émigration libanaise au Canada date du début des années 1970, et se poursuit jusqu’à 1990. Durant cette période, le Canada encourage les étudiants, particulièrement en médecine, à venir poursuivre leurs études dans le pays, et c’est une élite qui quitte le Liban, obtenant facilement des visas d’émigration de Beyrouth, Damas ou Nicosie. À la fin de la guerre des 15 ans, on comptait ainsi plus de 12 000 nouveaux émigrants libanais installés au Canada, mais plusieurs familles retournent au Liban avec la double nationalité libano-canadienne. Ce retour à contre-courant ne durera pas longtemps, et nous pouvons observer aujourd’hui le début d’une quatrième phase d’émigration en raison de la crise économique, du climat d’insécurité et du manque de vision d’avenir pour les jeunes dans le pays. Les Libanais au Canada sont en général concentrés dans plusieurs villes et régions, notamment Québec, Montréal, Ontario, Toronto, Ottawa, Hamilton, Alberta, Nouvelle-Écosse… Ils ont aujourd’hui des diplômes universitaires et exercent des professions libérales dans les domaines de la médecine, du droit, du génie… Parmi les personnalités politiques d’origine libanaise, citons le sénateur du Québec, Pierre Debbané (Parti libéral), de parents libanais originaires de Saïda. Né à Haïfa, en Palestine, il émigra au Canada après la guerre de 1947, étudia le droit à Québec et en 1968 devint le premier Canadien d’origine arabe élu député au Parlement. Pierre Debbané a occupé aussi plusieurs fois le poste de ministre (Développement économique, Relations extérieures…). Les grandes figures Les Libano-Canadiens sont également très présents dans le domaine des arts et de la culture, en tant qu’écrivains, peintres et musiciens. Plusieurs clubs et journaux libanais ont été fondés dans le pays, qui compte aussi des églises et des mosquées fréquentées par la communauté libanaise. Parmi les grandes figures, signalons : Wajdi Mouawad, acteur, metteur en scène, traducteur et dramaturge, né à Deir el-Qamar (Chouf) en 1968 ; il y a aussi Jamelie Hassan, artiste-peintre née à London, province de l’Ontario, en 1948, qui est rentrée au Liban effectuer ses études à l’Académie des beaux-arts (ALBA) où elle a obtenu son diplôme en 1968. Montréal compte le plus grand nombre de Libano-Canadiens qui, fiers de leur origine, contribuent fortement au dynamisme de la culture francophone. Aujourd’hui, le nombre de Canadiens d’origine libanaise dépasse 300 000 alors qu’au Liban, se trouvent environ 40 000 Libano-Canadiens. Quant aux relations diplomatiques entre les deux pays, elles ont été établies en 1954.
Dès la seconde moitié du XIXe siècle, on identifie la première grande phase de l’émigration libanaise dans le monde, principalement vers les Amériques. C’est alors que les premiers Libanais débarquent au Canada où arrivent des émigrés de tous les coins de la planète. Ce pays est le deuxième plus grand pays du monde par sa superficie (9 984 670 kilomètres carrés). Il...