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Actualités - CHRONOLOGIE

Le secteur a perdu 3,5 millions de dollars depuis la fermeture de la route de Masnaa Semaine noire pour les agriculteurs de la Békaa

Cageots de légumes pourrissant au soleil, fruits bradés au tiers de leur prix, des millions de dollars de pertes : la semaine a été catastrophique pour les fermiers de la vallée libanaise de la Békaa, avant la réouverture hier de la route vers la Syrie. Chapeau de paille vissé sur la tête par-dessus son voile, Zeinab Kharfouch est assise en tailleur en bordure de la route, près d’une fourgonnette remplie de laitues plantées par son mari, Hamed, dans leur petit lopin de terre. « La salade coûte aujourd’hui 500 livres libanaises contre 1 500 avant la fermeture de la route la semaine dernière », dit Hamed. Ahmad Bibo Hajou a dû brader sa récolte de laitues qu’il avait promise à un commerçant en Syrie pour 600 000 livres. « Les légumes pourrissaient et j’ai été obligé de les vendre 34 dollars à un berger pour qu’il en nourrisse ses brebis », raconte M. Hajou. Sur le mur où il est adossé, un graffiti proclame : « Allah est avec Siniora ». Mais le prix des légumes, bien plus que la politique, est le premier souci des agriculteurs de la Bekaa. « La Békaa a perdu environ 3,5 millions de dollars depuis la fermeture de la route menant au poste-frontière de Masnaa le 8 mai », explique le chef du syndicat des fermiers et agriculteurs de la région, Ibrahim Tarchichi. « Cette somme peut paraître minime pour un pays riche ou une multinationale, mais elle est énorme pour la Békaa, qui compte environ 500 000 habitants », souligne-t-il. Des monticules de pierres et de terre avaient été installés depuis une semaine par des militants de la majorité à proximité du poste-frontière de Masnaa, pour protester contre les barrages de l’opposition qui bloquent la route de l’aéroport de Beyrouth. « Trente camions partent d’ici chaque jour, transportant au total 850 tonnes de marchandises pour l’exportation, surtout des pommes de terre, de la laitue, des tomates, des cerises et des abricots », ajoute M. Tarchichi. « Ces produits vont vers la Syrie ou transitent par son territoire pour être déchargés en Jordanie, en Arabie saoudite, en Irak, au Koweït, aux Émirats arabes unis et en Égypte. La fermeture de la route signifie la perte de ces marchés et la perte de confiance dans l’exportateur libanais », affirme-t-il. La Syrie achète 26 % des produits de la Békaa, occupant ainsi la première place parmi les importateurs, suivie par l’Arabie saoudite, selon M. Tarchichi. Hier, des bulldozers ont déblayé les barrages et ouvert une des deux voies de la route, utilisée pour la circulation dans les deux sens. Mais la réouverture de la route vers la Syrie ne signifie pas une relance immédiate de l’économie. « Cinq jours seront nécessaires pour que les camions arrivent des pays où ils étaient bloqués et soient chargés à nouveau », affirme M. Tarchichi. « La route de Masnaa est l’artère vitale de la Békaa, sa fermeture signifie que les agriculteurs commencent à vivre des jours noirs », prévient-il.
Cageots de légumes pourrissant au soleil, fruits bradés au tiers de leur prix, des millions de dollars de pertes : la semaine a été catastrophique pour les fermiers de la vallée libanaise de la Békaa, avant la réouverture hier de la route vers la Syrie.
Chapeau de paille vissé sur la tête par-dessus son voile, Zeinab Kharfouch est assise en tailleur en bordure de la route,...