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Actualités - OPINION

Pour le 14 Mars, le Hezbollah sortira perdant sur le long terme

C’est à Meerab, résidence du président du conseil exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, que les personnalités du 14 Mars, notamment chrétiennes, se sont réunies, hier, quelques heures après l’offensive du Hezbollah contre Beyrouth. Elles sont venues pour condamner ce qu’elles ont qualifié de « coup d’État », manifester leur soutien au gouvernement de Fouad Siniora, appeler la communauté internationale et les pays arabes à soutenir la démocratie au Liban et inviter l’armée à assumer ses responsabilités et à instaurer l’État d’urgence. La réunion présidée par M. Geagea a notamment rassemblé Joe Sarkis, Nayla Moawad, Sethrida Geagea, Solange Gemayel, Fouad el-Saad, Élie Keyrouz, Antoine Zahra, Georges Adwan, Misbah Ahdab, Hadi Hobeiche, Boutros Harb, Atef Majdalani, Nassib Lahoud, Farès Souhaid, Camille Ziadé, Sélim Sayegh et Sami Nader. Hier, les personnalités présentes à Meerab avaient l’air de se sortir d’un mauvais rêve. Mais il semble, selon elles, que le cauchemar se poursuivra encore pour les Beyrouthins et les Libanais. Certains parlaient de longs mois. D’une occupation qui pourrait s’étendre à d’autres zones que Beyrouth. Mais malgré le dur revers assené à la majorité, beaucoup restaient optimistes et pensaient que sur le long terme « le Hezbollah sortira perdant de cette affaire, qu’il a fait une erreur stratégique en occupant la capitale ». Pour ces personnalités, le Hezbollah a gagné du terrain bien sûr, mais « sur le plan politique le gouvernement est toujours en place et tôt ou tard, le parti de Dieu devra négocier ». L’armée était parallèlement au centre des critiques de nombre de responsables politiques à Meerab. L’un d’eux s’est même rappelé de la position prise par le général Fouad Chéhab en 1958, qui avait refusé l’interposition de la troupe lors des événements prétextant sa division, alors qu’il convoitait le poste de président de la République. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, l’ancien député Farès Souhaid a appelé « l’armée à assumer ses responsabilités concernant la défense de toutes les positions légales du pays et de toutes les personnalités politiques encerclées chez elles ». La ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad, a de son côté rendu hommage aux personnalités et aux civils libres encerclés à Beyrouth-Ouest. « Que l’on ne croie, à aucun moment, que le Liban changera avec cette invasion ; il restera un pays pluraliste et démocratique. Les masques sont tombés et le Hezbollah a montré sa véritable image, il a tourné ses armes vers l’intérieur », a-t-elle martelé. La députée de Beyrouth, Solange Gemayel, constate que le Hezbollah a utilisé ses armes qu’il destinait contre Israël vers l’intérieur pour occuper des régions libanaises et c’est inadmissible. Même si Beyrouth est tombée trop vite entre les mains du Hezbollah, certains responsables du 14 Mars estiment que les Beyrouthins ne se tairont pas. Que la résistance se préparera très vite. « Les miliciens du mouvement Amal et du Hezbollah sont en terrain hostile », indique-t-on. Hier à Meerab, beaucoup tenaient à expliquer que si le Hezbollah s’est emparé en quelques heures de la capitale c’est parce qu’il n’y avait pas de milices. Les Beyrouthins ne sont pas équipés pour se battre comme une milice. À Beyrouth, c’est au jour le jour qu’il faut penser. Pour certains qui veulent être optimistes au sein du 14 mars, c’est le début de la fin pour le Hezbollah. Concernant encore la position prise par l’armée, le député de Batroun Antoine Zahra a indiqué à L’Orient-Le Jour que l’unité de la troupe n’est pas une bonne cause pour justifier la position adoptée par le commandement. Dans ce cadre, le sentiment des soldats sunnites n’a pas été pris en compte et malgré tout ce qui s’est passé ces soldats n’ont pas réagi en voyant l’invasion de Beyrouth et l’armée n’a donc pas été divisée. « Le Hezbollah s’est suicidé, il sera traité comme un occupant étranger », a souligné encore M. Zahra. Quant au président du Parti de la paix, Roger Eddé, il s’est dit optimiste et évoque même un changement de la mission de la Finul et le déploiement des Casques bleus à Beyrouth. « Le Hezbollah occupe l’aéroport de Beyrouth, mentionné dans la 1701 comme une frontière. La communauté internationale ne le permettra pas. Le Hezbollah est tombé dans le piège » , dit-il. Sélim Sayegh, vice-président du parti Kataëb, indique pour sa part que si l’on « avait des craintes quant à l’usage de ce rapport de force (entre le Hezbollah et la majorité), aujourd’hui on constate qu’il y a une application de ce rapport de force dans l’équation interne libanaise. Le Hezbollah n’a pas compris que ce n’est pas une bataille territoriale, mais une bataille essentiellement politique. Plus des territoires seront conquis, plus le Hezbollah sera affaibli », dit-il. Parlant des six mois à venir, il souligne que « le rapport sera inversement proportionnel entre l’occupation de l’espace et la puissance politique ». Hier à Meerab, beaucoup de personnalités s’attendaient à ce que l’invasion de Beyrouth dure plusieurs jours, voire des semaines. Selon certains responsables, cette situation pourrait s’étendre à d’autres régions du pays. Une personnalité rappelle l’histoire : toutes les occupations se terminent, les Palestiniens, les Israéliens et les Syriens ont tous occupé Beyrouth et ils ont fini par partir. Même si les miliciens du Hezbollah occupent tout le Liban des années durant, estime-t-elle, ils finiront par s’en aller. Patricia KHODER
C’est à Meerab, résidence du président du conseil exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, que les personnalités du 14 Mars, notamment chrétiennes, se sont réunies, hier, quelques heures après l’offensive du Hezbollah contre Beyrouth. Elles sont venues pour condamner ce qu’elles ont qualifié de « coup d’État », manifester leur soutien au gouvernement de Fouad...