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Alain Dieckhoff, directeur de recherche au CERI, analyse l’évolution de la situation politique au Proche-Orient « Il n’y aura pas de paix tant que l’essence du conflit israélo-arabe ne sera pas réglée » Propos recueillis par Rania MASSOUD

Entre 1948 et 2008, Israël s’est engagé dans plus de sept guerres et a signé non moins de huit accords et traités avec les Palestiniens et ses voisins arabes. Soixante ans après la création de l’État hébreu, quelques avancées ont été enregistrées vers la paix, mais plusieurs obstacles demeurent ou ont récemment émergé. Dans une entrevue accordée à L’Orient-Le Jour, Alain Dieckhoff, directeur de recherche au centre d’études et de recherches internationales (CERI), analyse l’évolution de la situation politique au Proche-Orient.   Question –   En 60 ans de conflit israélo-arabe, quels sont les principaux obstacles qui ont été levés sur la route vers une paix durable et quels nouveaux défis ont émergé ?   Réponse – « Le conflit israélo-arabe a, jusque-là, traversé deux grandes étapes distinctes. La première, qui s’étend de 1947-1948 à 1978-1979, est une période de confrontation totale entre Israël et ses voisins arabes. Après la signature de l’accord de paix entre l’État hébreu et l’Égypte en 1979, puis avec la Jordanie en 1994, la crise israélo-arabe est entrée dans une période de paix partielle rythmée par des conflits militaires. La paix avec l’Égypte, État pivot dans la région, a permis à Israël d’en finir avec les guerres interétatiques et de recentrer le débat autour de la question palestinienne et des territoires occupés. Après le déclenchement de la première intifada en 1987, les Israéliens ont pris conscience qu’il fallait amorcer le dialogue avec les Palestiniens, ce qui s’est traduit par l’ouverture de la conférence de Madrid en 1991 et surtout, par la suite, par les accords d’Oslo avec l’OLP. La paix reste toutefois inachevée entre Israéliens et Palestiniens, malgré la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP. La victoire du Hamas lors des législatives en janvier 2006 et la prise de contrôle de la bande de Gaza par le mouvement islamiste a donné au conflit une nouvelle dimension. Non seulement le Hamas ne reconnaît pas l’État hébreu, mais il refuse de reconnaître également les accords passés entre Israël et l’OLP. À cela s’ajoute l’émergence d’un nouvel acteur dans le conflit israélo-arabe, qui est l’Iran. » Question – Après la conférence d’Annapolis, le président américain George W. Bush a dit espérer qu’un accord-cadre entre Israéliens et Palestiniens soit possible avant la fin 2008. À votre avis, cette déclaration n’est-elle qu’une tentative du président américain de redorer son image avant la fin de son mandat ou bien s’agit-il là d’une réelle opportunité à saisir pour les parties en conflit ?   Réponse - « Les contours d’une paix entre Israéliens et Palestiniens sont connus, mais croire qu’un accord de paix puisse être conclu d’ici la fin 2008 est incroyablement optimiste. Les dossiers épineux, comme celui du statut de Jérusalem et celui des réfugiés palestiniens, sont encore loin d’être résolus. Par ailleurs, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, affaibli politiquement, semble résolu à choisir l’immobilisme. Et Mahmoud Abbas, le président palestinien, est diminué depuis la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza, alors que les dividendes des négociations avec Israël tardent à venir. »   Question – L’ouverture d’un dialogue entre les dirigeants israéliens et le Hamas est-elle possible à ce stade ?   Réponse – « Il est totalement exclu qu’Israël dialogue avec le Hamas tant que ce dernier reste sur ses positions radicales. On peut espérer au mieux qu’une sorte d’accalmie ou une trêve soit conclue entre les deux parties, mais imaginer des négociations à ce stade n’est pas du tout réaliste. »   Question – Comment voyez-vous l’avenir d’Israël dans la région ?   Réponse – « Il est évident que l’un des grands défis d’Israël reste de trouver un compromis juste et négocié avec les Palestiniens. D’un point de vue moins optimiste, il faut admettre qu’il existe des conflits qui durent malheureusement très longtemps et ce sera le cas tant que l’essence du conflit israélo-arabe ne sera pas réglé. C’est tout le drame de la région. »
Entre 1948 et 2008, Israël s’est engagé dans plus de sept guerres et a signé non moins de huit accords et traités avec les Palestiniens et ses voisins arabes. Soixante ans après la création de l’État hébreu, quelques avancées ont été enregistrées vers la paix, mais plusieurs obstacles demeurent ou ont récemment émergé. Dans une entrevue accordée à L’Orient-Le...