Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE À Rangoun, les moines sont l’ultime recours des rescapés

Quand le cyclone Nargis a dévasté leurs vies, les rescapés se sont tournés vers les moines plutôt que vers l’armée. Entassés dans un petit monastère de la banlieue de Rangoun, ils sont quelques centaines à survivre grâce à leur hospitalité immémoriale. Alitée sur une bâche de plastique, la petite Thazin Win n’a pratiquement rien mangé depuis plusieurs jours. Et comme des milliers d’autres survivants, elle n’a reçu aucune assistance extérieure six jours après le passage du cyclone. Cette fillette de 7 ans, son frère de 3 ans et leur père ont été blessés par la chute d’un arbre sur leur maison à Rangoun, ancienne capitale et principale ville de Birmanie. « Elle ne mange plus rien. Elle ne demande que de l’eau. Je ne sais pas ce qu’elle a. Elle dort, mais elle ne parle pas beaucoup depuis qu’elle a été blessée dans l’effondrement de la maison », raconte sa mère de 28 ans, Khin San Oo. « Je veux qu’elle voie un médecin. Mais nous n’avons pas d’argent. Nous avons déjà assez de mal à trouver de la nourriture pour la famille. Nous n’avons nulle part où aller (...) Je dois aussi m’occuper de mes autres enfants », dit-elle en préparant une soupe de nouilles. Des centaines d’autres victimes ont trouvé refuge dans ce petit monastère de Hlaing Thayar, un quartier très pauvre dans la banlieue ouest de Rangoun. « Des centaines de personnes sont venues chercher refuge dans mon monastère samedi matin. Il n’y a pas assez de place ici pour qu’elles puissent toutes s’allonger mais, au moins, elles ont quelque part où s’asseoir », explique le supérieur du monastère, Aung Theindi. « J’ai distribué à tout le monde des vivres que nous avions stockés. J’ai informé les autorités, mais, jusqu’à présent, personne n’a fait de dons. Et je ne pourrai plus leur venir en aide quand nous serons à court de réserves », craint-il. Les moines sont immensément révérés en Birmanie où chaque famille compte au moins un membre qui a été initié dans sa vie aux enseignements bouddhistes. Certains rescapés cherchent une source de revenus en aidant au déblaiement des décombres dans le centre-ville, mais ils doivent s’y rendre à pied à cause de la flambée du prix des transports. Ils ne rentrent que tard le soir avec de l’argent ou de la nourriture. « Certains hommes marchent jusqu’à la ville tôt le matin car nous ne pouvons pas payer le bus. Leurs familles ne mangent que lorsqu’ils reviennent avec l’argent », témoigne une femme. Le prix de certains aliments de base a été multiplié par deux ou trois. Un sac de riz coûte 40 000 kyats (35 dollars) contre 25 000 avant le passage de Nargis. « Je ne fais qu’un seul repas, le dîner, lorsque mon père rentre du travail. Hier soir, j’ai mangé du riz, de la pâte de poisson et des légumes », raconte une fillette de 12 ans en jouant avec des camarades. Maung Maung, lui, vient de Bogalay, une ville du Sud-Ouest ravagée par le cyclone : « J’ai entendu dire que les miens étaient portés disparus, mais je ne sais pas quoi faire (...) Les autorités doivent nous aider. Ils doivent faire plus en faveur de la population. » Hla Hlay HATAY (AFP)
Quand le cyclone Nargis a dévasté leurs vies, les rescapés se sont tournés vers les moines plutôt que vers l’armée. Entassés dans un petit monastère de la banlieue de Rangoun, ils sont quelques centaines à survivre grâce à leur hospitalité immémoriale.
Alitée sur une bâche de plastique, la petite Thazin Win n’a pratiquement rien mangé depuis plusieurs jours. Et...