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Religion Crises et luttes pour le pouvoir : la direction de l’islam de France paralysée

L’initiative du gouvernement de doter l’islam de France d’un organe officiel pour régler les pratiques de son culte semble avoir débouché sur une impasse : en cinq ans d’existence, l’institution n’a cessé d’être paralysée par des crises à répétition et des luttes de pouvoir. Créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, le Conseil français du culte musulman (CFCM) était destiné à organiser la deuxième religion du pays (4 à 5 millions de fidèles), pour la sortir « de la clandestinité » et la « couper de ses influences étrangères ». Parmi ses tâches, la construction de mosquées, la création de carrés musulmans dans les cimetières, la nomination d’aumôniers dans les prisons ou les hôpitaux, l’organisation de l’abattage rituel. Mais cinq ans après, le bilan semble bien maigre. « Ça ne fonctionne pas », constate le chercheur Olivier Roy, spécialiste de l’islam. « Par exemple, former des imams : zéro, nous avons failli à notre mission », reconnaît Chemseddine Hafiz, membre du bureau du CFCM. « L’activité a été plombée par les conflits, les antagonismes des uns et des autres ». Pour les experts, la principale cause de cet échec est le rôle joué par des pays tiers. « On est dans un conflit entre Maroc et Algérie pour le contrôle des musulmans français », juge Olivier Roy. Dernière crise en date : un conflit sur la présidence du CFCM. L’anthropologue Dounia Bouzar, ex-membre du CFCM, qui en avait démissionné en janvier 2005, critique l’ambiguïté de cette instance. « Le problème du CFCM, c’est que le gouvernement n’est pas clair sur sa fonction », juge-t-elle. « Un coup on y fait de la diplomatie de seconde zone, c’est-à-dire qu’on gère les relations avec l’Algérie et le Maroc, un coup on veut construire l’islam de France. » « On ne s’en sortira pas tant que les gens du CFCM ne seront pas des musulmans nés en France, qui n’ont pas d’autre type de relation qu’affective avec le pays de leurs parents », poursuit-elle. Même si elle regrette que le CFCM soit « un loupé », elle estime toutefois que sa création a permis « une prise de conscience que l’islam est une religion de France, et non plus la religion des étrangers ou des immigrés ». Pour un autre spécialiste, Ghaleb Bencheikh, la solution pour le CFCM passe par l’entrée dans cette institution de laïcs, qui représentent l’immense majorité des musulmans. Moins de 10 % des musulmans de France sont des pratiquants réguliers, qui se rendent au moins une fois par semaine à la mosquée.
L’initiative du gouvernement de doter l’islam de France d’un organe officiel pour régler les pratiques de son culte semble avoir débouché sur une impasse : en cinq ans d’existence, l’institution n’a cessé d’être paralysée par des crises à répétition et des luttes de pouvoir.
Créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, le Conseil...