Un « camp du retour » en Cisjordanie, pique-niques dans les jardins à travers l’État hébreu Israël fête ses 60 ans, les Palestiniens commémorent la « catastrophe »

Israël fêtait hier le 60e anniversaire de sa tumultueuse existence alors que les Palestiniens commémoraient la « Naqba », la « catastrophe » que fut pour eux la création de l’État juif. Les Israéliens ont célébré hier la « fête de l’Indépendance » en organisant des pique-niques dans les parcs, sur les plages ou dans leurs jardins. L’armée a apporté sa contribution aux festivités : des appareils de l’armée ont survolé tout le pays. Des dizaines de parachutistes ont sauté au large d’une plage de Tel-Aviv pour être ensuite récupérés par des vedettes de la marine. L’un d’eux a accidentellement atterri dans la foule de spectateurs, faisant sept blessés selon les services d’urgence. Pour l’occasion, l’armée a aussi ouvert une dizaine de ses bases, dont une des renseignements militaires près de Tel-Aviv. À Haïfa (Nord), une dizaine d’orchestres militaires étrangers devaient participer à un défilé. Les festivités ont été placées sous haute surveillance de crainte d’attentats palestiniens, avec des milliers de policiers et soldats mobilisés. L’armée israélienne a imposé depuis lundi un bouclage de la Cisjordanie en invoquant des questions de sécurité. Des milliers de colons et militants de droite ont marqué l’anniversaire en organisant une marche vers la colonie sauvages de Migron et sur le site de l’implantation évacuée d’Homesh, en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens ont eux inauguré en Cisjordanie un « camp du retour » pour dire leur attachement aux terres dont leurs réfugiés ont été chassés par Israël lors de sa création, sur les trois quarts de la Palestine historique. Le « camp du retour » s’est ouvert en présence du Premier ministre palestinien Salam Fayyad dans des tentes érigées sur un terrain à Ramallah, près de la Mouqataa, le quartier général de l’Autorité palestinienne. Il abrite une exposition de photos et de documents retraçant la « Naqba » que fut pour les Palestiniens la création d’Israël en 1948. Elle doit accueillir des colloques sur le sujet. Quelque 760 000 Palestiniens ont été poussés à l’exode lors de la création de l’État d’Israël. Le sort de ces réfugiés et de leurs descendants, au total près de 4,5 millions de personnes, est la question la plus épineuse du conflit israélo-palestinien, Israël refusant d’entendre parler d’un retour sur son territoire. Dix-neuf ans après sa création, Israël a occupé, en juin 1967, la Cisjordanie et la bande de Gaza, des territoires où les Palestiniens se sont résignés à créer leur futur État, sans renoncer pour autant au droit au retour des réfugiés. À Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie, des centaines de Palestiniens ont marché depuis trois camps de réfugiés autour d’un camion transportant une énorme clé métallique de 10 tonnes et longue de 10 m, symbolisant l’attachement de chaque réfugié à la maison qu’il a été contraint de quitter en 1948. Dans l’après-midi, des milliers de personnes ont participé à Saffouriya, près de Nazareth, en Galilée, à la traditionnelle manifestation d’Arabes israéliens exigeant le droit au retour sur les terres dont ils ont été chassés. « Les croisés étaient ici il y a 150 ans et ils sont partis. La même chose arrivera avec Israël », a dit Souleiman Abdel-Majid, qui a fui Saffouriya l’âge de 14 ans. Raids à Gaza Dans la bande de Gaza, quatre activistes du Jihad islamique ont été blessés, dont deux grièvement, dans deux raids aériens israéliens dans le nord du territoire, ont indiqué les services d’urgence palestiniens et des témoins. Les festivités en Israël se sont tenues sur fond de mystère entourant une enquête menée à l’encontre du Premier ministre Ehud Olmert, interrogé vendredi par la police. Selon les médias, le black-out imposé par la justice pourrait être prochainement levée. Le quotidien Yediot Aharonot avait indiqué vendredi que M. Olmert était apparemment soupçonné d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent d’un homme d’affaires américain, semble-t-il pour financer des campagnes électorales.