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FESTIVAL BIPOD « Bach » de Maria Muñoz au Masrah al-Madina Terne solo de danse pour la musique du cantor…

Au Masrah al-Madina, espace blanc sur une scène vide avec, pour seule présence, la chorégraphe et danseuse Maria Muñoz, figure charismatique de la danse contemporaine espagnole. Vêtue de noir, les cheveux couleur d’ébène en queue-de-cheval au bas de la nuque, allure et silhouette masculines plus que rondeur et artifices féminins, voilà toute la mise en scène, dépouillée jusqu’au plus austère minimalisme (avec une variante d’incursion vidéo par la suite), pour entrer dans le monde du Clavier bien tempéré, interprété par Glenn Gould, de Bach. Bach, un spectacle pour un terne solo de danse mais où rayonne, en toutes majestueuses arches sonores, la lumineuse musique du cantor, d’une architecture finement dentelée… L’association de la musique du légendaire organiste de Weimar et de la danse n’est guère antithétique et encore moins une idée saugrenue, originale ou nouvelle. Depuis les rondes des sarabandes, bourrées, gigues et autres airs tirés de la vie paysanne allemande, la musique de Bach a, de toute évidence, de grandes affinités avec l’art de se mouvoir et l’expression corporelle. Avec Maria Muñoz, la performance illustrant la superbe narration du Clavier bien tempéré est peu convaincante à côté de la magnifique musique du Konzertmeister du duc de Saxe. Une performance d’une cinquantaine de minutes, entre silences et grandes phrases lâchées sous les feux de la rampe, qui prend difficilement corps dans le cadre du festival Bipod à travers petits pas, tapotements au sol, jeux de poing et autres petites expressions corporelles sans grand intérêt devant l’indicible beauté des pages de Bach. Une cinquantaine de minutes où la danseuse tente de donner vie et crédibilité à ses sautillements et gestes, certes précis et chronométrés, mais usant bien inutilement de la mime et de la pantomime pour accompagner de superbes phrases qui se passent de toute glose... Hymne au mouvement, aux contrepointes, à la vélocité et au rythme grâce à cette danse qui raconte, en gestes furtifs (de Pierrot Lunaire égaré), empressés ou faussement ludiques, la quête éperdue pour une inspiration musicale qui renforce toutes les convictions et les valeurs humanistes de la Renaissance. Mais un hymne froid dont la perception mécanique et l’absence de couleurs (notamment dans le visage délibérément à masque fermé de l’artiste) contrastent négativement avec le vibrant sens de l’élévation de Bach. Avec de déroutants moments de silence où Maria Muñoz continue ses pirouettes et flexions de genoux comme sur une partition imaginaire pour rentrer, adroitement et en toute ponctualité, dans la mesure d’une phrase habitant à nouveau l’aire scénique. Phrase qui entraîne irrépressiblement le spectateur, sans se soucier de ce qui se passe sur scène, dans l’étourdissant et riche tourbillon de l’univers de Bach. Pour tout dire, on oublie souvent les circonvolutions de l’artiste, pour mieux rejoindre l’unique et merveilleuse musique du cantor. Une musique qui prend, comme un grand arbre égoïste et ombrageux, toute la place… Edgar DAVIDIAN
Au Masrah al-Madina, espace blanc sur une scène vide avec, pour seule présence, la chorégraphe et danseuse Maria Muñoz, figure charismatique de la danse contemporaine espagnole. Vêtue de noir, les cheveux couleur d’ébène en queue-de-cheval au bas de la nuque, allure et silhouette masculines plus que rondeur et artifices féminins, voilà toute la mise en scène, dépouillée...