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Actualités - CHRONOLOGIE

Le président français est souvent contraint d’adapter ses ambitions aux réalités diplomatiques La diplomatie au pas de charge de Sarkozy à l’épreuve de la réalité

En un an, le président français Nicolas Sarkozy a bousculé la scène internationale par son style vibrionnant et réussi quelques coups d’éclat, mais l’homme de la « rupture » a souvent été contraint d’adapter ses ambitions aux réalités diplomatiques. Lorsque le nouveau président s’installe à l’Élysée le 16 mai, dix jours après sa victoire sur la socialiste Ségolène Royal, c’est avec une volonté affichée de « faire bouger les lignes » de la diplomatie française. Il veut remettre l’Europe en marche, renouer avec les États-Unis et rompre avec la politique étrangère de son prédécesseur Jacques Chirac, jugée insuffisamment ambitieuse sur les droits de l’homme. Illustration de son volontarisme, Nicolas Sarkozy ouvre son parcours sur la scène étrangère par une victoire éclatante, la libération des infirmières bulgares des geôles libyennes. Autre succès, l’adoption par les 27 pays de l’UE de son projet de traité « simplifié », qui relance la machine européenne grippée depuis le « Non » des Français à la Constitution en 2005. Mais la suite de l’apprentissage européen s’avère nettement moins aisée, marquée par d’incessantes chamailleries avec l’Allemagne, des critiques répétées contre la Banque centrale européenne (BCE) ou les réticences de ses partenaires face à son projet d’Union pour la Méditerranée. Pour le reste, la diplomatie sarkozyenne se définit d’abord par son rythme effréné. Le président enchaîne les visites aux quatre coins du globe, suscitant la curiosité souvent, l’agacement parfois. Il coiffe volontiers la casquette de chef des ventes des entreprises françaises. En Chine, il bat tous les records en décrochant plus de 20 milliards d’euros de contrats. Ce voyage, où il « oublie » d’emmener sa secrétaire d’État aux Droits de l’homme Rama Yade, est aussi l’heure des premières accusations de reniement. Qui enflent lorsqu’il félicite le Russe Vladimir Poutine pour la victoire électorale controversée de son parti et, plus encore, quand il reçoit en grande pompe à Paris le colonel libyen Mouammar Kadhafi. L’opposition de gauche reproche à M. Sarkozy d’avoir troqué sa « diplomatie des droits de l’homme » pour celle « du carnet de chèques ». Cette conversion à la « realpolitik » tarde toutefois à produire ses effets : la Russie répugne à sanctionner les ambitions nucléaires de l’Iran, la reprise des contacts avec la Syrie n’a pas donné les résultats espérés au Liban et la main tendue au Vénézuélien Hugo Chavez n’a pas permis la libération de l’otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. « Le président fait preuve de beaucoup d’amateurisme », juge l’expert de l’Institut français des relations internationales (IFRI) Philippe Moreau-Desfarges, selon lequel « l’énergie n’a jamais suffi à faire une politique ». Les « retrouvailles » avec « l’ami américain » et le rapprochement avec l’OTAN ne convainquent pas plus. Nicolas Sarkozy assure que la France y a gagné en influence. Beaucoup, y compris à droite, n’y voient qu’un alignement sur Washington. En Afrique, le président s’attire de sévères critiques en déclarant en juillet, de Dakar, que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». « En Afrique comme ailleurs, la politique de Nicolas Sarkozy oscille en permanence entre le discours et la réalité », résume Philippe Moreau-Desfarges. « Pour le moment, ces réalités résistent à sa volonté de rupture. Et au final, on ne sait pas très bien où il veut aller. »
En un an, le président français Nicolas Sarkozy a bousculé la scène internationale par son style vibrionnant et réussi quelques coups d’éclat, mais l’homme de la « rupture » a souvent été contraint d’adapter ses ambitions aux réalités diplomatiques.
Lorsque le nouveau président s’installe à l’Élysée le 16 mai, dix jours après sa victoire sur la socialiste...