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Actualités - OPINION

LE POINT L’ingagnable guerre

À Washington, il n’y a plus que ce brave John McCain pour trouver que tout va pour le mieux dans le meilleur des Irak et même que cela devrait s’améliorer progressivement pour peu que se poursuive le « surge » des boutefeux de la Maison-Blanche et du Pentagone. Ah ! Il y a aussi, à Bagdad, cet incorrigible optimiste de Maliki qui tient pour acquise la pacification de Basra, trois semaines après les héroïques exploits de son armée. « La charge des chevaliers » – titre donné par le gouvernement à la saga militaire – aurait eu ainsi des résultats probants : les habitants s’aventurent hors de chez eux, l’armée et la police patrouillent dans les rues, les miliciens se tiennent cois et les étalages des épiceries croulent sous les produits de première nécessité. On aurait mauvaise grâce à déplorer cette normalisation s’il n’y avait la crainte, latente, d’une reprise de la guerre larvée que se livrent les deux grands courants chiites : l’Armée du mahdi, de Moqtada Sadr, et (indirectement) le Conseil suprême islamique de Abdel Aziz el-Hakim. Lors de ses multiples dépositions, la semaine dernière, devant les membres de la Chambre des représentants et du Sénat, le général David Petraeus s’était bien gardé d’afficher une excessive confiance, jugeant, au contraire, que la situation était fragile et susceptible de connaître à tout moment de profonds bouleversements. Ce haut gradé, qui jouit de la considération unanime de ses pairs, avait été plus loin encore, reconnaissant qu’il n’existait « aucune lueur au bout du tunnel ». En diplomate avisé, Ryan Crocker avait préféré, pour sa part, annoncer pour bientôt le transfert de l’ambassade dans un secteur hautement protégé de la zone verte – elle-même considérée hier encore comme un inexpugnable blockhaus, mais devenue la cible favorite des artilleurs. Aujourd’hui, il apparaît évident que dans sa hâte brouillonne à lancer l’assaut contre les milices, le chef du gouvernement n’avait pas mis de son côté toutes les chances de succès, ainsi que l’y engageait le Commandement central (Centcom). On vient de découvrir que 1 300 militaires et policiers ont été mis à pied pour refus de combattre, parmi lesquels non moins de 37 officiers supérieurs dont un général de brigade. Que près d’un millier de soldats ont déserté pour éviter de se retrouver en face de combattants, considérés comme « trop nombreux et courageux » ou encore parce qu’ils ne voulaient pas se trouver opposés à leurs coreligionnaires. De plus, Sadr a obstinément refusé de démanteler sa milice et de remettre ses armes, comme lui enjoignait de le faire les auteurs d’un martial ultimatum officiel qui en a fait sourire plus d’un. Dès la fin de l’opération, les rapports ont commencé à s’empiler sur les bureaux des responsables américains, formels sur deux points au moins : à Sadr City, des officiers imparfaitement préparés avaient pris la direction des opérations ; des quantités incroyables de munitions avaient été dépensées en pure perte, face à des combattants aguerris qui n’avaient pas leur pareil pour décrocher sitôt terminée la bataille. Mercredi, on apprenait que les généraux Mohan el-Fouraiji et Abdel Jalil Khalaf avaient été rappelés auprès du ministère de la Défense « après avoir accompli leur mission », une formule aussitôt interprétée par certains comme signifiant qu’ils avaient été sanctionnés. Ce que les comptes rendus n’évoquent pas cependant, c’est l’importance de l’apport US, à Bassora et dans la capitale, au niveau de l’artillerie et de l’aviation, alors même que l’impatience grandit dans la capitale fédérale devant le retard dans la prise en charge par les forces locales de la sécurité dans le pays. Cinq ans après le déclenchement de l’offensive « Shock and Awe », les progrès réalisés sont loin d’être tangibles, sur le terrain aussi bien que dans l’équipement des forces armées. Et le scandale du marché conclu avec la Serbie est venu rappeler, mal à propos, que les rapports irako-américains ne sont pas placés sous le signe de la confiance. Conclu en septembre dernier, l’accord porte à l’origine sur un montant de 833 millions de dollars, un chiffre ramené à des proportions plus modestes (236 millions) une fois ébruitée l’affaire. Il est apparu bien vite que les Américains n’en avaient pas été informés au préalable, que la négociation avait été menée à l’insu des autorités compétentes, par une commission de 22 membres, qu’aucun appel d’offres n’avait été organisé, qu’une partie des fonds prévus avait atterri dans les poches de certains, enfin – c’est là le plus grave – que le lot négocié est inadapté aux besoins de la troupe, en dépit des farouches justifications du ministre de la Défense, Abdel Kader el-Moufriji. Malgré tous ces couacs, l’Administration Bush est convaincue, à en croire Dana Perino, que sa « stratégie marche » et que « le plus important est de consolider la situation, de l’ancrer dans la liberté et la démocratie ». Le militaire, dites-vous ? Bah ! Son tour viendra bien un jour… Christian MERVILLE
À Washington, il n’y a plus que ce brave John McCain pour trouver que tout va pour le mieux dans le meilleur des Irak et même que cela devrait s’améliorer progressivement pour peu que se poursuive le « surge » des boutefeux de la Maison-Blanche et du Pentagone. Ah ! Il y a aussi, à Bagdad, cet incorrigible optimiste de Maliki qui tient pour acquise la pacification de Basra,...