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Actualités - CHRONOLOGIE

La littérature arabe suscite la curiosité à la Foire du livre de Londres

La Foire du livre de Londres, événement annuel de l’édition qui se tenait jusqu’à hier, a mis à l’honneur cette année la littérature arabe : un pari audacieux alors que ces auteurs commencent tout juste à susciter la curiosité en Grande-Bretagne. Pour sa 37e édition, la London Book Fair, un Salon réservé aux professionnels et qui a attiré 23 500 visiteurs l’an dernier, a invité 22 pays et territoires d’expression arabe à présenter leur littérature. Les organisateurs précisent que si le Salon du livre de Paris était consacré cette année à Israël, il s’agit d’une pure coïncidence. «?Le vrai objectif est de vendre les droits pour les traductions des auteurs arabes en anglais et d’autres langues?», explique Emma House, responsable de l’organisation de la foire. Malgré quelques succès en anglais, comme L’immeuble Yacoubian de l’écrivain égyptien Alaa al-Aswani, traduit en 21 langues dont l’anglais, les auteurs arabes sont très peu à se frayer leur chemin chez les éditeurs britanniques. Penguin espère avec Les filles de Riyadh, de la jeune Saoudienne Rajaa Al-San’a, à paraître en juin, convaincre les lecteurs, grâce à ce roman qui lève le voile sur le quotidien des jeunes Saoudiennes et s’est révélé un vrai phénomène de société en Arabie saoudite. Mais la tâche reste rude alors que seulement 4 % des fictions publiées en Grande-Bretagne sont des traductions, toutes langues confondues. La London Book Fair a organisé 20 séminaires, invité des auteurs en vue et les principaux éditeurs du monde arabe pour faire connaître cette littérature aux professionnels occidentaux. «?Les éditeurs britanniques nous disent que la littérature arabe reste un défi pour eux, qu’ils ont des difficultés à identifier les œuvres intéressantes, les réseaux de distribution, et ils manquent de personnel pour lire les œuvres en arabe?», explique Sarah Ewans, directrice régionale du British Council pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Pourtant, la responsable de l’organisation culturelle britannique, qui œuvre au rapprochement avec le monde arabe, a observé «?depuis deux ou trois ans une vraie hausse de l’intérêt?» pour cette littérature. Plusieurs pays, comme le Liban, Oman ou l’Arabie saoudite, ont installé un stand à la foire pour faire connaître leurs auteurs. «?Le marché est potentiellement très grand?» pour les auteurs arabes, veut croire Margaret Obank, directrice de la maison d’édition Banipal qui édite des auteurs arabes contemporains traduits en anglais. «?Après le 11 septembre 2001, les gens se sont réveillés, se sont dits : “Mon dieu, on a ignoré cette partie du monde”?», explique-t-elle. «?Cela a pris quelques années, mais maintenant les gens réalisent qu’il y a une littérature là-bas.?» Pourtant, la traduction reste une barrière énorme pour la communication entre les cultures occidentales et arabes. Un rapport du programme de développement des Nations unies (PNUD) de 2003 soulignait qu’environ 50 livres en arabe par an seulement étaient traduits chaque année dans une autre langue. Et le monde arabe souffre également d’un énorme déficit de traduction des ouvrages occidentaux. Selon ce même rapport, en un an, on traduit plus d’ouvrages en espagnol (environ 10?000) que d’ouvrages occidentaux en arabe sur l’ensemble du dernier millénaire. Samuel Shimon, l’auteur d’Un Irakien à Paris, qui vient de paraître en français chez Actes Sud, espère que le succès de son roman en France l’aidera à se faire connaître en Grande-Bretagne. «?Tout le monde me demande qui a les droits de mon livre, il y a un vrai intérêt?», observe l’auteur irakien. Lucie GODEAU (AFP)
La Foire du livre de Londres, événement annuel de l’édition qui se tenait jusqu’à hier, a mis à l’honneur cette année la littérature arabe : un pari audacieux alors que ces auteurs commencent tout juste à susciter la curiosité en Grande-Bretagne. Pour sa 37e édition, la London Book Fair, un Salon réservé aux professionnels et qui a attiré 23 500 visiteurs l’an...