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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Quand le basson se lie d’amitié avec le piano…

Il est vrai qu’il y a des instruments de musique qui se piquent, bien injustement, de beaucoup de modestie… Par exemple le basson, cet instrument à vent, à anche double et perce conique formé de quatre éléments en bois (petite branche, culasse, grande branche, pavillon) et d’un bocal en métal, instrument bien difficile à maîtriser, surtout le temps d’un concert entier et qu’on entend, de toute façon, bien peu, à part dans ses relativement timides expressions orchestrales…On l’entend au détour d’une phrase symphonique dominée par les accents rauques des cuivres ou la houle des archets fendant sur des cordes aux plaintes mugissantes en chœur. Et voilà brusquement qu’un concert, en compagnie du piano, est dédié au basson, ami indéfectible du vent. Des éructations colériques aux émotions enrobées d’une douceur bienveillante, en passant par des chromatismes entre plaintes du vent et caresse de zéphyr, le basson offre à l’auditoire une gamme étendue de notes déclinant émotion, surprise et fraîcheur. Cet instrument aux tonalités graves et chaleureuses a, dans ce concert de musique de chambre organisé dans le cadre des manifestations musicales régulières du Conservatoire national supérieur de musique à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ), un charme et une intensité insoupçonnables… Sur la scène, au piano Olga Bolun, interprète bien familière aux mélomanes libanais pour avoir donné déjà plus d’une prestation sous les feux des rampes beyrouthines, et au basson Viacheslav Piakovskyi. Compagnonnage plein de complicité, mais parfois sans harmonie heureuse car le basson, pris de fatigue, empruntait, sans crier gare, un petit chemin de traverse… Au menu, varié et empruntant à plus d’un siècle et d’une frontière, des pages de Dutilleux, Weber, Saint-Saëns, Bitsch, Tansman et Bozza. Ouverture avec Une Sarabande et cortège d’Henri Dutilleux. Chapelet de notes à l’esprit bien français pour cet opus oscillant entre modernité et un certain héritage impressionniste. Lyrisme dense pour cette subtile farandole toute en nuances où le basson avait parfois peine à suivre les méandres sinueux de la mélodie… Plus romantique et vif est cet Andante et rondo ungarese?de Carl Maria von Weber réunissant tous les brillants atouts romantiques pour des effets d’une exquise beauté sonore. Toujours dans le sillage d’une musique aux contours charmants et raffinés, une longue Sonate op 168 de Camille Saint-Saëns avec variations de timbres et de rythmes pour une narration qui ne manque ni de vivacité ni d’un certain esprit empreint parfois d’une certaine douce mélancolie… Pour reprendre la ronde des partitions, après un petit entracte, voilà un méditatif Concertino de Marcel Bitsch, Grand Prix de Rome en 1945 et professeur d’harmonie. Une œuvre subtile et transparente, entre gravité et brio, dans la grande tradition française. Avec la Sonatine d’Alexandre Tansman, ami de Stravinski, on aborde les rives d’une musique aux structures solides, avec un sens prononcé pour la mélodie et une vivacité rythmique remarquable. Liberté d’expression où impressionnisme, bitonalité et autres nouveautés contemporaines ont le vent en poupe… Pour conclure, une Fantaisie d’Eugène Bozza où le basson joue en solo, à découvert, quelques instants au début, pour être rapidement rejoint par un clavier volubile aux accords suaves, mais nettement marqués. De sa province du Sud de la France, Bozza emprunte la chaleur du soleil, le bleu de la Méditerranée et un certain sens de la dolce vita pour une narration divertissante et en tonalités feutrées et charmantes. Longue ovation d’un public bien peu nombreux et révérence des deux artistes serrant chacun une gerbe de fleurs déjà déposées depuis le début du concert sur le couvercle du clavier. Edgar DAVIDIAN
Il est vrai qu’il y a des instruments de musique qui se piquent, bien injustement, de beaucoup de modestie… Par exemple le basson, cet instrument à vent, à anche double et perce conique formé de quatre éléments en bois (petite branche, culasse, grande branche, pavillon) et d’un bocal en métal, instrument bien difficile à maîtriser, surtout le temps d’un concert entier...