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PHOTOS - Il expose, jusqu’au 10 mai, dans les locaux de l’immeuble Kettaneh (rue du Fleuve) Nadim Asfar et ses particules immatérielles

En plusieurs travaux, d’apparence différents, mais reliés par une même vision intérieure de l’art de la photographie, Nadim Asfar livre sa réflexion personnelle sur un univers à la fois concret et immatériel. Les images qui sont accrochées jusqu’au 10 mai dans les locaux de l’immeuble Kettaneh (rue du Fleuve) invitent le regard à aller au-delà du visuel. Puisées dans le réel, ces photos le subliment créant un univers fictif et intrigant. «Quand, allongé, on contemple les étoiles, on trace des constellations qui se font et se défont simultanément »… C’est ainsi que l’artiste définit ce travail photographique qui surgit, comme il le dit, de nulle part. « Peu importent le contexte ou le lieu dans lesquels les prises de vues ont été faites, affirme Nadim Asfar. Ce qui compte, c’est de pouvoir traduire dans ces créations mon rapport personnel à la photo. Une sorte de recherche de la lumière et du mouvement à l’état pur sans forcément m’intéresser à un sujet précis. La lumière devient ainsi le sujet. » Il soulignera même :« Plus j’apprends la photographie, plus ça reste pour moi un langage de la lumière, de la distance, du contact et du mouvement. » Diplômé d’études de cinéma et de réalisation audiovisuelle, Nadim Asfar surfe entre le monde des pellicules et des clichés. « Au-delà du simple acte de voir, c’est imaginer, déplacer, transporter, faire et défaire des images, indique-t-il. Jouer, comme dit Baudelaire, au langage des fleurs et des choses muettes. » Funambule du réel et de l’imaginaire, du dit et non-dit, du secret et du dévoilé, ainsi que du matériel et du fictif, l’artiste se prête à ce jeu en essayant d’abord de comprendre lui-même, puis de décrypter l’essence de cette expression artistique. Tirées en grand ou petit format, en couleurs ou noir et blanc, uniques ou en diptyques, encadrées ou sans cadre, mais sous une plaque de plexiglas, photographies et rayographies (sans prises de vues, explique l’artiste) appartiennent à un même langage. Intérieur et sensitif. Déclarations, secrets, fictions « Qu’est-ce que mon appareil m’offre comme possibilités ? Pourquoi ai-je utilisé les flous dans certaines photos et pourquoi ai-je obscurci ou éclairé d’autres ? » Les techniques employées, les angles, le choix des champs de vision ne sont pas le fruit du hasard pour Nadim Asfar même quand il opère des reconstitutions d’images à partir d’éclats de mémoire visualisés. Ils sont l’illustration d’états d’esprit confondus en un seul travail. Dans la série baptisée Constellations, des passants, des cyclistes ou des brouettes circulent sur un grand damier de bitume dense et fluide. Le photographe les a captés en « plongée », puis a juxtaposé d’une façon ludique toutes ces photos. « Quand on rêve en observant les étoiles, notre regard est fixé vers le haut, quant à moi, j’ai regardé vers le bas et je me suis mis à rêver en pensant ces personnes. » Comme des pions sur un échiquier, ces êtres ressemblent aussi à des étoiles filantes. En les prenant au vif dans leurs gestes quotidiens puis en les assemblant dans une sorte de montage, l’artiste crée une dynamique narrative. « Le dépoli magnétique de mon appareil magnifie, intrigue. Il est un ciel étoilé que je pourrais tenir dans la paume des mains », souligne-t-il. C’est ce même univers immatériel qui se diffuse et se répand sur l’espace du reste des images. En paysages, portraits, fleurs évanescentes, intérieurs ou extérieurs, ces milliers de grains de lumière, d’ombre et de couleurs, qui renvoient aux innombrables particules du monde sensoriel de Nadim Asfar, illustrent la rencontre entre un artiste, un appareil et une œuvre. Colette KHALAF
En plusieurs travaux, d’apparence différents, mais reliés par une même vision intérieure de l’art de la photographie, Nadim Asfar livre sa réflexion personnelle sur un univers à la fois concret et immatériel. Les images qui sont accrochées jusqu’au 10 mai dans les locaux de l’immeuble Kettaneh (rue du Fleuve) invitent le regard à aller au-delà du visuel. Puisées dans...