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« Des fissures sur les murs ? Éloignez-vous… »

Que feriez-vous si un ingénieur, faisant partie d’un comité technique venu inspecter les dégâts dans l’immeuble où vous habitez, vous disait : « Quand vous verrez des fissures sur les murs, éloignez-vous de la maison » ? Or c’est effectivement ce qu’ont entendu les habitants de l’immeuble de Mansourieh, qui serait en danger d’effondrement si les roches qui le sous-tendent ne tiennent plus en place, sachant que des roches ont déjà roulé sur la route en contrebas de la pente (d’où sa fermeture depuis un mois et demi). Quelle sorte de quotidien vivent ces familles dans l’attente d’une telle perspective ? Celui de la peur et de l’angoisse, comme le confirme une habitante qui a requis l’anonymat. « Et s’il y a un nouveau tremblement de terre, devrons-nous le prier de patienter le temps qu’il faut pour sortir de la maison avec nos enfants ? » lance-t-elle, non sans amertume. Le problème de cet immeuble, c’est qu’il a été sujet à un glissement de terrain ayant causé le détachement d’un gros rocher qui sous-tend les fondations. Cela s’est passé au moment du tremblement de terre qui avait frappé Tyr, mais qui avait été ressenti dans tout le pays. Quoi qu’il en soit, si le séisme a fait éclater ce problème au grand jour, celui-ci était sous-jacent, probablement depuis la construction de la route qui passe en dessous. C’est en tout cas la raison qui est avancée par William Khoury, président du conseil municipal de Mansourieh, qui suit de près cette affaire, sachant que les routes principales comme celles-ci sont du ressort du ministère des Travaux et du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) pour l’exécution, non du ressort de la municipalité. « La construction de cette route n’a pas été bien étudiée, accuse-t-il. Même ses concepteurs ont dû renoncer à lui faire une largeur de 16 mètres, comme il se doit, et ont préféré la limiter à 12 mètres. Ils avaient déjà senti le danger des effondrements. D’ailleurs ce n’est pas le premier immeuble le long de cette route à être sujet à de tels affaissements, il y a eu d’autres cas, et les habitants ont préféré financer eux-mêmes un mur de soutènement. » Le mur de soutènement est la seule solution pour rendre les fondations de cet immeuble plus solides. Selon M. Khoury, celui-ci coûterait de 175 000 à 225 000 dollars. « Il y a seize familles qui vivent dans un danger permanent, dénonce-t-il. Pourquoi tarde-t-on tant à débloquer les fonds nécessaires ? » Il ajoute cependant : « Nous poursuivons les contacts avec le ministère et toutes les parties concernées. Ils nous ont promis que les travaux ne tarderaient pas. » Aux dernières nouvelles, les travaux pourraient commencer cette semaine, mais rien n’est encore sûr. Interrogé sur cette question, le directeur général du ministère des Travaux publics, Fadi Nammar, a indiqué à L’Orient-Le Jour que le problème est né du transfert du dossier du Haut Comité de secours (HCS) au ministère, par le Conseil des ministres. « Or pour ce qui est du ministère, la procédure est plus longue, explique-t-il. Nous voudrions accélérer les travaux le plus possible, mais il y a des procédures auxquelles nous ne pouvons échapper. Nous devons attendre que le ministère des Finances débloque le budget nécessaire, nous avons envoyé le décret et nous attendons. » M. Nammar n’a pu nous donner un délai pour le début des travaux. Il a précisé cependant que la route ne devrait pas être fermée tout au long de ses travaux, et qu’elle serait ouverte une fois le danger écarté. Il n’y a pas que les habitants de l’immeuble qui se trouvent dans le pétrin. Tout au long de la route fermée depuis plus d’un mois, suite à l’effondrement, les commerçants vivent des jours difficiles. Mohammad Jaber, directeur d’un grand magasin d’électroménager qui a ouvert ses portes il n’y a pas longtemps, estime que « la fermeture de la route a fait baisser notre chiffre d’affaires de 80 % ». Il dénonce le retard mis par les autorités à réagir. C’est le même son de cloche dans un autre commerce un peu plus loin, où Johnny el-Hajj, le gérant, estime que le chiffre d’affaires a baissé de 50 %. Le président de la municipalité affirme qu’il ne prend pas la responsabilité de rouvrir la route pour ne pas mettre les automobilistes en danger.
Que feriez-vous si un ingénieur, faisant partie d’un comité technique venu inspecter les dégâts dans l’immeuble où vous habitez, vous disait : « Quand vous verrez des fissures sur les murs, éloignez-vous de la maison » ? Or c’est effectivement ce qu’ont entendu les habitants de l’immeuble de Mansourieh, qui serait en danger d’effondrement si les roches qui le...