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Actualités - REPORTAGE

Constructions Qui contrôle la sécurité des bâtiments au Liban ? Suzanne BAAKLINI

À Mansourieh, il y a approximativement deux mois, un éboulement sous un immeuble a provoqué une panique générale. Il a été causé par un séisme de cinq degrés qui avait frappé la région de Tyr, à des centaines de kilomètres plus loin (où nombre de vieux bâtiments ont par ailleurs été endommagés), et a mis au jour une lacune non seulement au niveau de l’étude du sol sur lequel avait été érigé l’immeuble, mais dans la conception de la route en dessous, construite en même temps (ce qui implique donc plusieurs acteurs). La peur des habitants et la fermeture forcée de la route ont fait ressurgir une vieille interrogation qui taraude les Libanais depuis longtemps : qui contrôle effectivement la sécurité des bâtiments au Liban ? Une enquête menée auprès des principaux responsables a montré une image on ne peut plus floue, malgré l’adoption d’une nouvelle loi et de ses décrets d’application en 2004-2005, que toutes les personnes interrogées sans exception jugent très satisfaisants. Cette loi est-elle cependant appliquée à la lettre ? Rien n’est moins sûr, même si cela ne signifie pas que les constructions actuelles soient nécessairement mauvaises, puisqu’il reste une procédure à suivre pour obtenir le permis et un garde-fou, celui du souci de la majorité des promoteurs et des ingénieurs de préserver leur réputation. Toutefois, si le contrôle n’est pas total (c’est-à-dire sur l’exécution autant que sur les plans), les interrogations subsistent, sachant surtout que quelque 10 % des constructions, selon les estimations du président de l’ordre des ingénieurs Samir Doumit se font sans aucun permis, et dans l’impunité la plus totale. Toutefois, une mesure positive est venue bousculer le monde de la construction : celle de la décision de créer les bureaux indépendants de contrôle, jugés par tous comme étant la pierre angulaire d’un système de surveillance efficace. La décision a été annoncée la semaine dernière au Grand Sérail, en présence, notamment, du ministre des Travaux publics, Mohammad Safadi, et du directeur général du ministère, Fadi Nammar. Il faut cependant attendre que ces bureaux soient désignés et opérationnels, sachant qu’ils n’interviendront, dans un premier temps, que sur les édifices de plus de 28 mètres de hauteur. Et le client, lui, n’a souvent d’autre choix que de se fier à la réputation des architectes et ingénieurs pour choisir sa future habitation. Il devrait surtout, dorénavant, devenir plus exigeant (autant que faire se peut) au niveau de la solidité du bâtiment (et de sa conformité au code parasismique), plutôt que de favoriser une conception superficielle du « luxe ». Ce qui ne décharge en rien l’État de cette lourde responsabilité.
À Mansourieh, il y a approximativement deux mois, un éboulement sous un immeuble a provoqué une panique générale. Il a été causé par un séisme de cinq degrés qui avait frappé la région de Tyr, à des centaines de kilomètres plus loin (où nombre de vieux bâtiments ont par ailleurs été endommagés), et a mis au jour une lacune non seulement au niveau de l’étude du sol...