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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Les chrétiens évangélistes font la cour aux colons

Dans le gymnase d’Ariel, une colonie de Cisjordanie, l’ambiance est surchauffée. Côte à côte, chrétiens évangélistes et colons juifs trépignent : « Croyez-moi mes amis, il est incroyable », lance le maire, Ron Nachman, en appelant son invité, John Hagee. Le pasteur évangéliste américain monte sur scène sous les cris et les applaudissements de plusieurs centaines de personnes venues écouter ce défenseur inconditionnel du « Grand Israël ». « Ils croient aux paroles de Dieu dans la Bible, et dans la promesse de Dieu faite au peuple juif selon laquelle la terre d’Israël appartient au peuple d’Israël », lance la maîtresse de cérémonie, Dina Shalit, la responsable de l’agence de développement d’Ariel. « Et seulement au peuple d’Israël ! » insiste Ron Nachman. Dans le gymnase, paré de drapeaux israéliens et américains, la sono se met à cracher un rock hébreu endiablé. L’assistance se déchaîne, tapant frénétiquement des mains et des pieds. Près de 400 chrétiens évangélistes de l’organisation Christians United for Israël (CUFI, chrétiens unis pour Israël) ont fait le voyage depuis le Texas avec le pasteur multimillionnaire Hagee qui prêche dans une église de San Antonio rassemblant 19 000 fidèles. Depuis la création de CUFI en février 2006, Hagee est un soutien inconditionnel d’Israël et un donateur plus que généreux. À Ariel, il a financé la construction du centre sportif, au cœur de la colonie, où son nom a été gravé. Depuis plusieurs années, il s’oppose à toute concession aux Palestiniens et surtout à un retrait des territoires occupés par l’État hébreu, arguant d’un commandement divin qui interdit toute « division » de la « Terre d’Israël ». « Je suis ravi d’être à Ariel ce soir en Judée-Samarie », s’époumone le pasteur, utilisant le nom biblique de la Cisjordanie occupée par Israël. Face aux colons, le prédicateur, vedette du petit écran américain, sait prononcer les mots qu’ils aiment entendre. « Puisse Jérusalem ne jamais être divisée, puisse-t-elle rester à jamais sous contrôle juif. Puisse-t-elle ne jamais être échangée pour quelconque raison, à personne, jamais », crie-t-il, enchantant les centaines de personnes qui boivent ses paroles comme du petit lait. Et de critiquer le retrait israélien de Gaza à l’été 2005 : « La seule chose que ce retrait a apporté à Israël est une pluie de roquettes » palestiniennes. Dans le passé, le pasteur s’est attiré les foudres de responsables américains pour avoir accusé l’Église catholique d’avoir une part de responsabilité dans la Shoah et pour avoir affirmé que le Coran donnait aux musulmans un « mandat écrit » pour tuer les juifs et les chrétiens. Certains au sein de la communauté juive américaine rejette l’alliance prônée par Hagee entre les évangélistes et Israël. « En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, John Hagee et le CFUI sont des extrémistes », a critiqué le rabbin Eric Yoffie, le président de l’Union pour un judaïsme réformé, la plus grande organisation juive des États-Unis. Il n’empêche que le pasteur a été reçu lors de sa visite en Israël par le Premier ministre Ehud Olmert et la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. Et un jour après sa visite à Ariel, il a annoncé un don de 6 millions de dollars à des organisations israéliennes lors d’un rassemblement à Jérusalem, en présence du chef de l’opposition Benyamin Netanyahu. Les évangélistes tels que Hagee justifient leur soutien au « Grand Israël » en invoquant la Bible : selon eux, la rédemption des chrétiens ne peut passer que par celle du peuple juif, ce qui les incite à soutenir l’établissement d’Israël dans ses frontières bibliques pour s’assurer les portes du paradis. Le soutien à Israël, « c’est de là que vient la bénédiction de la nation américaine. C’est biblique », indique Kelly Stewart, directrice des ressources humaines dans une société d’Atlanta, venue à Ariel. Joseph KRAUSS (AFP)
Dans le gymnase d’Ariel, une colonie de Cisjordanie, l’ambiance est surchauffée. Côte à côte, chrétiens évangélistes et colons juifs trépignent : « Croyez-moi mes amis, il est incroyable », lance le maire, Ron Nachman, en appelant son invité, John Hagee. Le pasteur évangéliste américain monte sur scène sous les cris et les applaudissements de plusieurs centaines de...