Quinze ans, cachés dans les WC, n’ont-ils pas suffi ?

Ceci n’est pas un siège de WC. Ni 600 cuvettes de toilettes alignées dans un terrain vague en face du centre Starco, au centre-ville. Ceux qui ont vécu les atroces bombardements aveugles ou les insupportables staccatos des mitraillettes, blottis entre les quatre murs des WC, savent de quoi Nada Sehnaoui parle dans son installation. L’artiste, qui travaille sur les concepts de la guerre, de la mémoire publique et de l’oubli collectif, ne pouvait laisser passer la date du 13 avril sans la marquer d’une pierre (cuvette ?) blanche. Pour elle, comme pour l’écrasante majorité des Libanais, guerre rime avec toilettes. Alors, en ces temps où les menaces de (petites ou grandes) guerres sont plus que jamais brandies, Sehnaoui ose poser une question cruciale : 15 années, cachés dans les toilettes, n’ont-elles pas suffi ? Vernissage, concert et réunion ouverte au public, pour partager ses souvenirs, dimanche 13 avril, à 19h 30. Affaire à suivre, donc. M.G.H.