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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Azza Fahmy raconte sa griffe et son parcours de Khan al-Khalili à la renommée internationale Des bijoux sophistiqués, taillés dans l’esthétique arabo-islamique

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Dans les années 70, une jeune Égyptienne fait ce qu’il n’était pas convenable de faire?: après avoir eu en main un livre allemand sur la joaillerie du Moyen Âge, elle délaisse son métier de graphiste et s’immerge dans les ateliers des artisans du quartier populaire à Khan al-Khalili pour s’initier au plus profond de l’art de la bijouterie. Durant deux ans, elle fait là son apprentissage auprès d’un maître orfèvre chevronné, Hag Sayed, puis poursuit des études académiques de bijouterie en Angleterre et revient au pays où elle cultive un style personnel. Aujourd’hui, ses créations font florès bien au-delà de son pays. Son nom?: Azza Fahmy. Récemment, lors d’une visite à Washington, elle a donné une conférence sur son art, illustrée par une exposition et organisée par la présidente de la fondation Mosaïque, Nermine Fahmy, épouse de l’ambassadeur d’Égypte dans la capitale fédérale. Ses bijoux, toujours inspirés de l’esthétique arabe et islamique, sont d’une grande sophistication. Mais elle est une femme toute simple, qui parle avec beaucoup de simplicité de son riche parcours. De sa formation première dans les ateliers de Khan al-Khalili, elle précise?: «?Je crois qu’une personne ne peut faire des bijoux sans avoir une profonde connaissance des diverses techniques artisanales du métier. Il y a donc plus de trente ans, je suis devenue apprentie-bijoutière, j’observais le maître orfèvre et les artisans travailler. Je prenais des notes et je m’essayais aussi à la tâche.?» Son talent a fait le reste. Puisant dans les cultures égyptiennes et arabo-islamiques, elle a développé un style personnel pour façonner des bijoux qui sont comme des sculptures. Son succès fut imminent. Et sa première enseigne au Caire est rapidement devenue un passage obligé aussi bien pour les Égyptiens que pour les visiteurs étrangers, tous admiratifs de ses bijoux en argent qui sont une interprétation, sur un mode contemporain, des formes, des accessoires et des motifs du passé. Le désert et sa morphologie ont donné naissance à une collection nommée «?Désert?». Les maisons nubiennes lui ont inspiré une autre. Et comme elle aime la poésie classique, elle a serti la calligraphie dans ses bijoux. Notamment des vers de poètes du XXe siècle, tels Nazek al-Malaëki, Fadwa Toukane, Badr Chaker al-Sayyab. Cela a donné une collection baptisée «?Poèmes? autour du cou?», titre proposé par la femme de théâtre libanaise Nidal Achkar. Puis ce fut un engouement tous azimuts pour sa griffe. Aujourd’hui, elle est à la tête de six boutiques en Égypte et quatre autres à Dubaï, Bahreïn, Jordanie et Londres. Son atelier au Caire, qu’elle avait fondé avec quatre collaborateurs, en compte à présent 200. Et pour cause, elle signe chaque année trois différentes collections?: l’une en argent, qui conserve un accent arabe traditionnel, l’autre, limitée, en or et pierres semi-précieuses, et la troisième pour les défilés de mode. Tout récemment, ses bijoux ont paré les mannequins présentant à Londres des modèles du designer Julien McDonalds. Très remarqué ce jour-là, un gigantesque bracelet arboré par Naomi Campbell, signé Azza Fahmy. Quant à l’actuelle ligne que la designer égyptienne élabore, elle l’a taillée selon les canons du raffinement ottoman.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Dans les années 70, une jeune Égyptienne fait ce qu’il n’était pas convenable de faire?: après avoir eu en main un livre allemand sur la joaillerie du Moyen Âge, elle délaisse son métier de graphiste et s’immerge dans les ateliers des artisans du quartier populaire à Khan al-Khalili pour s’initier au plus profond de l’art de la...