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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Il présente ce soir «L’Orient et l’Occident de l’amour» au CCF Marcel Bozonnet : «Assurer la circulation des émotions et des idées»…

Comédien, metteur en scène, ancien administrateur général de la Comédie-Française, Marcel Bozonnet est également un grand voyageur. Un promeneur plutôt dans l’univers des mots, des langues et des cultures et qui, d’œuvres en œuvres, va à la rencontre de l’autre, aussi bien en France qu’à l’étranger. Au Liban, où il vient pour la première fois, c’est à un dialogue poétique bilingue qu’il convie le public, à travers L’Orient et l’Occident de l’amour, une lecture-spectacle de poèmes de grands auteurs arabes et français qu’il donnera ce soir, en duo avec la jeune comédienne libanaise Yasmina Toubia, au théâtre Montaigne du CCF, à 20h30 (entrée libre). Créé il y a deux ans, à Agadir, «?à l’invitation de la directrice du Centre culturel français qui avait organisé à l’université de cette ville un colloque sur le thème de l’Orient et l’Occident de l’amour, ce spectacle visait, au départ, à faire découvrir au public français des poètes arabo-musulmans (à travers des textes traduits) des premiers siècles à nos jours. Certains sont connus, d’autres pas. Il y a aussi une grande poésie mystique comme celle d’Ibn el-Roumi?». Depuis, ce spectacle a été également présenté en français en Algérie, à Dubaï, à Abou Dhabi, à Riyad et, tout récemment, en Syrie, mais cette fois en version bilingue avec Hala Omran, une comédienne syrienne. Bozonnet s’intéresse à la Syrie, parce qu’il a découvert, il y a peu, «?une grande œuvre de la littérature arabe, le Roman de Baïbar (personnage historique, mamelouk devenu sultan qui a bouté au XIIIe siècle les Francs hors des terres d’Orient et a arrêté l’invasion mongole, dont le mausolée se trouve à Damas)?». Des contes à la fois épiques et humoristiques, à l’adaptation desquels il travaille avec un groupe de comédiens syriens et français. L’affaire Handke En 2006, alors qu’il était à la tête de la Comédie-Française, Marcel Bozonnet avait renoncé à y programmer une pièce de l’auteur autrichien Peter Handke, parce que ce dernier avait assisté aux obsèques de l’ancien dictateur yougoslave Slobodan Milosevic. Cette prise de position intransigeante avait alors provoqué une polémique en France. Ne trouve-t-il pas que sa collaboration aujourd’hui avec des artistes syriens s’oppose quelque part avec ses convictions d’alors ? «?Non, dit-il, après un moment de réflexion,?parce que, contrairement à l’affaire Handke, j’estime que le peuple ne donne pas son adhésion à ce que fait le régime. Et en travaillant avec des artistes, des étudiants et le public, je n’ai pas le sentiment de servir le régime syrien.?» Durant son quinquennat aux commandes de la Maison de Molière, il n’y eut pas que «?l’affaire Handke?». Marcel Bozonnet a également mené un important travail de renouveau artistique. En introduisant, notamment, une nouvelle génération de comédiens dont il avait décelé le talent lorsqu’il dirigeait, dans les années quatre-vingt-dix, le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, «?comme Marina Hans par exemple, ou Bakary Sagaré, qui est le premier pensionnaire noir à être engagé au théâtre français?». Il a également ouvert la grande salle Richelieu à des auteurs contemporains et a fait entrer Marie Ndiaye et Valère Novarina au répertoire. Il a aussi intensifié les collaborations avec des metteurs en scène internationaux, comme Bob Wilson, Piotr Fomenko ou Anatoli Vassiliev… À l’expiration de son mandat en 2006, Marcel Bozonnet est tout simplement revenu à son travail de recherche de «?nouvelles formes de travail sur le corps, la danse, l’écriture par le corps?» et à son métier de comédien. Il a ainsi créé sa compagnie des Comédiens-Voyageurs et parcourt les petites villes et les villages de France, pour s’adresser, à travers ses spectacles, à un public qui a très peu l’occasion de se rendre au théâtre. Un public de collégiens à qui il présente, en ce moment, un spectacle (soutenu par des écrans et une musique électronique) qu’il a développé à partir d’une histoire de Victor Hugo, celle de l’enfant Gavroche durant les émeutes de 1837. Et, en parallèle, il sillonne les capitales d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient avec L’Orient et l’Occident de l’amour. Par ces voyages en France et à l’étranger, Marcel Bozonnet assume ce qu’il estime être sa mission d’artiste. «?Car, affirme-t-il, une partie du rôle de l’art est d’assurer la circulation des émotions et des idées entre les personnes et les cultures.?» Même en terrain miné… Carte de visite Comédien et metteur en scène, professeur de théâtre, Marcel Bozonnet intègre la Comédie-Française en 1982. Il en devient le 476e sociétaire en 1986. De 1993 à 2001, il dirige le Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Nommé administrateur général de la Comédie-Française en 2001, il a achevé son mandat en 2006. Zéna ZALZAL
Comédien, metteur en scène, ancien administrateur général de la Comédie-Française, Marcel Bozonnet est également un grand voyageur. Un promeneur plutôt dans l’univers des mots, des langues et des cultures et qui, d’œuvres en œuvres, va à la rencontre de l’autre, aussi bien en France qu’à l’étranger.
Au Liban, où il vient pour la première fois, c’est à un...